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Discussion: 3) Mallarmé: Brise marine,(1865) explication

  1. #11
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    Par défaut

    Votre attention!
    L'erreur serait de faire de ce poème la conséquence ou le développement de Brise marine.
    Au moment où il écrit ce poème Mallarmé est loin d'être un poète perdu et rigidifié par la vieillesse.
    Dans son adorable maison de Valvins , avec un jardin magnifique,il coule des jours heureux avec sa femme et sa fille, travaillant le matin, canotant sur sur la Seine proche,l'après midi et partageant avec de prestigieux voisins de belles réceptions. (avec de belles femmes,s'entend).

    Quittons le cliché du poète assiégé de contraintes, exilé loin de sa native illumination et badadi et badada, puni de ne pas être parti vers d'hypothétiques îlots lointain.
    Oublions les interprétations qui ont accablé ce poème de contresens dans leur volonté d'en faire un développement de Brise marine.et ouvrons-nous à ce que nous croyions impossible: faire signe,et plus,vers l’indicible.
    Marcel Proust pensait que ce poème méritait d'être gravé sur un bateau (la deuxième strophe).
    Joseph Llapasset
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #12
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    Par défaut Mallarmé et Platon: Art poétique

    L'objet de l'art: Mallarmé disciple de Platon, à la suite de Poe, Hoffmann, de Maistre, Fourrier, Swedenborg.

    Le Traité du Verbe de René Ghil paraît en 1886 avec pour préface une page de Mallarmé qui considéra cet "AVANT - DIRE" comme exprimant à la perfection son art poétique puisqu'il le reprend successivement en 1891, 1893, 1896, en l'insérant dans ses propres œuvres. On considèrera ici cette expression réitérée comme le texte de référence, signalé par l'auteur lui-même.

    "A quoi bon la merveille de transposer un fait de nature
    en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole,
    cependant, si ce n'est pour qu'en émane, sans la gêne d'un proche
    ou concret rappel, la notion pure?" ...

    Le sensible -la fleur au calice "sus" (= bien connus), parce que vue et revue, reflète son modèle antérieur parce que éternel dans son impuissance même à réaliser l'Idée, son archétype.

    C'est donc ce rapport que la parole (le Dire) doit mettre en lumière.

    Le sensible par sa pauvreté, et sa proximité qui offusque l'esprit ne mérite, aux yeux de la foule, que le concept qui prend ensemble le sensible par le même mot, le même sens source d'un universel reportage. Aux yeux du poète, c'est un tremplin, une occasion de se souvenir, un "faire signe" vers la plénitude de l'idée à laquelle, par sa pauvreté même, il renvoie comme ce à quoi il aspire: ainsi la terre craquelée fait rêver à l'eau vive qui l'a jadis fécondée et dont elle témoigne.

    "Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calice sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets."

    Si le sensible n'est que le reflet, la copie, mieux vaut le modèle que la copie, l'Idée, absente de tous bouquets visibles en ce monde, parce que située dans un ciel antérieur.

    La poésie sera donc divine: l'effort pour s'élever vers le modèle, l'acte de réminiscence qui témoigne d'une vie antérieure et d'une native illumination: elle se détourne du simplement utile pour s'élever au vraiment utile, à l'essentiel. (voir la caverne de PLaton: lien en bas de la page). Il s'agit de séparer "le baiser de feu" de la "cendre" du quotidien; L'usage essentiel de la parole (le Dire qui suggère) de la vulgarité (vulgus = foule) qui exile le charme ou pour mieux dire le chant.

    "Au contraire d'une fonction de numéraire facile et représentatif, comme le traite d'abord la foule, le Dire, avant tout rêve et chant, retrouve chez le poète, par nécessité constitutive d'un art consacré aux fictions, sa virtualité". (Extraits de l'AVANT-DIRE, Pléiade pages 857 et 858)

    La poésie sera l'art de suggérer la notion pure, l'Idée de la chose, sa forme intellectuelle: l'objet de l'art c'est donc les fictions, ici l'ensemble des Idées.

    L'obscurité de Mallarmé devient alors une nécessité, un élément constituant de sa démarche: dans la mesure où il se détourne de l'immédiat le Dire exige, pour être saisi dans ses possibilités évocatrices, que l'amateur suive le même mouvement.

    Loin d'être le résultat d'un parti pris méprisant du poète, l'obscurité naît de la condition humaine, de l'impossibilité de contempler directement les Formes. Cette impuissance est aussi la justification de l'art qui seul peut évoquer musicalement par des symboles, des allusions, des silences, l'essentiel -la beauté antérieure- vers quoi l'objet sensible nous tourne sans jamais pouvoir nous le donner parce qu'il ne la réalise jamais.

    Participation, conversion, réminiscence, maïeutique, autant de piliers platoniciens sur lesquels Mallarmé ancre son esthétique.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #13
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    Par défaut 1) Joachim Du BELLAY, Heureux qui comme Ulysse....Les Regrets,1558

    Heureux qui,comme Ulysse a fait un beau voyage,
    Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
    Et puis est retourné ,plein d'usage et raison,
    Vivre entre ses parents le reste de son âge!

    Quand reverrai-je ,hélas, de mon petit village
    Fumer la cheminée,et en quelle saison,
    Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
    Qui m'est une province ,et beaucoup davantage?

    Plus me plaît le séjour qu'on bâti mes aïeux,
    Que de palais Romains le front audacieux,
    Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine:

    Plus mon Loire Gaulois que le Tibre latin,
    Plus mon petit Liré que le mont Palatin
    Et plus que l'air marin la douceur Angevine.


    Du BELLAY, Les Regrets,Sonnet, 1558.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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