Ils sont nombreux les philosophes qui ont cherché à découvrir les sources du vrai bonheur. Cependant, ils ne se sont pas entendus sur la nature du bonheur authentique. Certains croient que le bonheur provient des plaisirs corporels, d’autres pensent que seuls les plaisirs de l’âme peuvent nous le procurer, parmi ceux-ci, certains considèrent le bonheur comme une aspiration morale. Kant, par exemple, pense que le bonheur est un devoir qui assure une base au comportement moral. Par conte, Freud, plus réaliste, soutient que le bonheur provient de la recherche d’un plaisir intense, qui est nécessairement éphémère.
le problème:
Le bonheur est-il une obligation, un devoir ou la satisfaction d’un désir?
quelques idées:
Selon Kant, le bonheur est d’abord une inclinaison naturelle. Chacun cherche le bonheur qui représente en quelque sorte la synthèse de toutes ses inclinaisons, c’est-à-dire de la satisfaction de tous ses besoins. Mais le bonheur possède aussi un caractère moral: c’est une loi morale universelle que d’essayer d’ôte heureux. Car l’être humain est à la fois un être de sensibilité et un ôte de raison. De plus, celui qui irait à l’encontre de cette loi serait continuellement contrarié et par conséquent il serait incapable d’accomplir ses autres devoirs. La recherche du bonheur n’est donc pas une simple tendance, c’est aussi un devoir rationnel où s’exprime l’humanité de l’humain. Pour partager le point de vue de Kant, il faut avoir une conception bien rigoriste de l’ôte humain. La recherche du plaisir elle-même devient un devoir. Pour lui, l’accomplissement de ses devoirs est la marque de l’homme” de bonne volonté “. Inversement, il pense que c’est moins le résultat extérieur qui compte, que l’état de la volonté. Il ne faut pas chercher le bonheur par calcul, mais comme l’expression d’une bonne volonté. On peut dire que Kant part d’un point de vue idéal, comme si tous les êtres humains avaient une conscience morale très élevée.
Freud est plus réaliste: il voit que le principe de plaisir est à la base de la plupart des attitudes humaines. Ce principe suppose que chacun veuille éviter la douleur et recherche “de fortes jouissances”. C’est là le but de la vie. Mais la réalité s’oppose à cette recherche avec toutes ses contraintes, ses obligations et ses frustrations. De plus, Freud pense que le bonheur ne saurait se satisfaire de petits plaisirs, mais est issu exclusivement de la jouissance intense qui suit une forte tension de désir. Il est donc épisodique. Il ne saurait donc provenir de l’accomplissement d’un devoir, puisque ce dernier s’inspire du principe contraire: le principe de réalité. C’est une idée maintenant très acceptée que tous les êtes vivants recherchent le plaisir et veulent éviter la souffrance. Freud semble prendre le plaisir sexuel pour modèle du plaisir suprême. Une forte tension de désir est exacerbée par la relation sexuelle et aboutit à l’orgasme, lequel est suivi d’une chute de tension. Plus l’excitation est intense, plus le plaisir est puissant. Mais il réduit alors le plaisir suprême à sa forme la plus animale.
Les points de vue de Kant et de Freud sont opposés: l’un identifie le bonheur à une inclinaison et à un devoir, l’autre y voit surtout une inclinaison vécue dans la contrariété. On peut trouver que la conception de Freud est exagérément pessimiste, mais elle est moins idéaliste que celle de Kant. Par contre, la conception de Kant semble réservée aux gens qui agissent d’abord par devoir plutôt que par caprice, ainsi elle ne peut guère servir d’exemple au commun des mortels. Les deux ont cependant en commun d’identifier le bonheur â la satisfaction de nos besoins.
Dans les deux cas, le bonheur est un état instable relié â la satisfaction des besoins. Pour ma part, j'avancerai l’idée que le bonheur est un état de bien-être et de joie intérieure qu’il ne faut pas confondre avec la satisfaction ou le devoir. Certes, chacun recherche les plaisirs, aussi bien ceux du corps — dans la bonne nourriture, les arts, les sports, les rapports sexuels — que ceux de l’âme — dans l’amour, la connaissance, la fidélité à soi-même, le sens du devoir accompli. Mais la satisfaction est-elle le bonheur?
De nos jours, trop de gens cherchent le bonheur dans les plaisirs matériels ou en suivant des règles de vie très rigides, mais restent en fin de compte insatisfaits et malheureux. Ils croient être heureux en possédant telle voiture, en faisant l’amour avec telle jolie personne ou en faisant face à leurs responsabilités. Ils cherchent là où le bonheur ne saurait se trouver: dans la satisfaction des besoins. Selon moi, le bonheur est d’abord une disposition intérieure, un état d’âme. Il se manifeste par une grande joie intérieure qui ne dépend pas de la satisfaction des besoins. Le bonheur est différent de la satisfaction.
L’indépendance du devoir et du bonheur
Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que la loi universelle de la raison, exprimée sous la forme du devoir, constitue l’unique principe déterminant (mobile) de la volonté, qui la pousse à choisir le bien. Toutefois, la perspective du bonheur peut constituer une aide psychologique à la mise en œuvre du devoir.