Qu'entends-tu par "morale sociale" ?
Pour la morale chrétienne, je suis à moitié d'accord avec lui.
D'accord parce que le christianisme a tué la volonté de puissance qui existait avant lui. Il a supplanté la volonté de se développer (dont on voit la présence dans l'Empire romain), pour la remplacer par la peur de Dieu. Le culte du Seigneur permet d'assurer son salut, mais il est mêlé de la crainte permanente de mal agir et d'aller en enfer. Le christianisme pousse donc l'homme à se placer lui-même en tant qu'esclave par rapport à Dieu et à un certain nombre de dogmes, qu'il ne peut pas remettre en cause sous peine d'aller en enfer. Le châtiment craint est plus vicieux que la peine de mort, puisque l'homme peut passer l'éternité à être torturé.
Un exemple : les Romains avaient développé de grands systèmes d'égout, qui permettaient l'évacuation des eaux usées et des ordures, dans plusieurs grandes villes de l'Empire. Au Moyen-Âge, ces systèmes furent laissés à l'abandon, et les gens jetaient leurs ordures par les fenêtres, car ils considéraient que le monde immanent n'avait guère d'importance et qu'il valait mieux s'assurer du salut de son âme que de la propreté de sa maison !
Le christianisme enlève son importance au monde immanent. Celui-ci n'est qu'un passage vers l'Eternité. Par conséquent, nos agissements n'y ont aucune importance, à condition qu'ils nous garantissent le salut.
Autre critique possible : la réduction de la pensée. Etant donné que l'individu éduqué à la chrétienne a intériorisé un ensemble de dogmes (et pas de thèses qu'il pourra remettre en question plus tard), il ne peut en sortir. Toute la pensée philosophique devient conditionnée par des idées ne reposant sur aucune preuve tangible. On en a vu les conséquences avec le néo-platonisme, qui n'a pas été très novateur (si on le compare avec des philosophies antiques ou modernes), et même avec Descartes. Fin logicien, Descartes a pris soin de ne commettre aucune faute logique dans ses Méditations métaphysiques, et a même demandé à d'autres personnes doctes de lui faire des objections. Il a réussi à établir un système très cohérent. Malheureusement, tout cela s'écroule à partir de la deuxième méditation, lorsqu'il appuie tout sur l'existence de Dieu... qu'il démontre par la preuve ontologique de Saint Anselme (Dieu a toutes les qualités ; l'existence est une qualité ; donc Dieu existe), qui n'a rien de logique et qui n'est qu'un syllogisme sans valeur, comme Kant le démontrera plus tard.
Si Descartes n'avait pas été chrétien, peut-être n'aurait-il pas appuyé son système si cohérent sur quelque chose d'aussi illogique. Le christianisme a-t-il poussé la philosophie moderne a se tirer une balle dans le pied ?
On peut ajouter que le christianisme pousse les individus à devenir non-violents, mais que cela n'est qu'une facade. Tertullien, un des grands apôtres de l'Eglise naissante, a écrit un texte en latin dans lequel il décrit l'immense plaisir qu'il aurait à voir les "infidèles" brûler en enfer...
Sans oublier la "vallée de larmes" ; l'homme devient un pécheur, sans cesse culpabilisé, endoctriné par un système qui ne laisse pas de place aux autres religions (le christianisme a été une des premières religions à affirmer qu'elle était la seule vraie, et que toutes les autres étaient fausses).
Et il y a encore de nombreuses critiques à faire contre la doctrine chrétienne. Donc, oui, je suis d'avis que cette morale n'a eu d'intérêt qu'à la destruction des capacités des hommes, réduits à être des dévots ou des pécheurs face à un dieu jaloux.