+ Répondre à la discussion
Page 4 sur 4
PremièrePremière 1 2 3 4
Affichage des résultats 31 à 37 sur 37

Discussion: Projet KO

  1. #31
    Date d'inscription
    April 2006
    Localisation
    Dans ton fondement (je parle bien entendu du cogito)
    Messages
    196

    Par défaut

    La décadence de notre société n'est plus à prouver. Comme l'ont dit Garrisondicks, Nielsen et d'autres, il y a effectivement de quoi s'arracher les cheveux quand on se rend compte de la désinculture dont font preuve les masses. Cruelle ironie du sort : nous sommes dans une société de surinformation, et pourtant... plus on nous submerge d'informations, moins nous sommes informés ou cultivés !
    Histoire de ne pas répéter ce qui a déjà été dit, je serais synthétique sur ce point.
    La décadence de la société occidentale se fait sur un plan culturel. C'est la désinculturation totale, la dissolution de la culture dans la consommation, la fameuse défaite de la pensée dont parlait Finkielkraut. Cette dissolution est lourde de conséquences :
    - Les egos démesurés. Chaque jour, la publicité et les programmes télés viennent nous dire combien nous sommes beaux, intelligents, et combien nous méritons d'avoir une vie gentiment réglée comme celle des héros de sitcoms. L'individualisme est devenu un égoïsme sans fin, où chacun "court après mille choses superficielles" comme disait Tocqueville (je cite de mémoire).
    - Pour se donner bonne conscience, les gens n'hésitent pas à adhérer à telles ou telles valeurs morales (ou du moins ce qu'ils considèrent comme telles). Comme ça, ils pourront se congratuler de leur défense du beau et du bien, et s'en retourneront regarder Star Academy. Ce n'est pas pour rien que la diabolisation ou les jugements à l'emporte-pièce marchent si bien ! La consommation a tout pourri, y compris les valeurs, qu'elles soient morales ou d'honneur. Aujourd'hui, les valeurs sont des consommables, comme le concentré de tomate. Et les consciences se soulagent comme des ventres.
    - L'instantanéisme. De nos jours, tout le monde doit avoir accès à tout, tout de suite, et sait tout de suite ce qu'il veut. Si les désirs (superficiels et inutiles, évidemment) ne peuvent pas être satisfaits dans la seconde, gare aux crises de nerfs ! La multiplication des micro-trottoirs, des réactions en live et des commentaires-webcam en atteste. Ce genre de choses pousse les gens à tout décider à l'instant, y compris pour trancher sur des sujets importants comme la politique ou les valeurs. Du coup, on ne sait plus être patient, ni être suffisamment rigoureux pour passer un temps fou à construire quelque chose pour soi (et non par obligation). Les efforts librement consentis, marque des âmes fortes, disparaissent. Sauf quand il s'agit de gagner du pognon pour s'acheter un écran plasma. Travailler plus pour gagner plus, c'est cool. Ou alors, travailler plus pour gagner moins, c'est encore mieux, on a plus de temps pour consommer.

    Il est intéressant de comparer la situation de la Rome antique, juste avant son écroulement, à l'Occident d'aujourd'hui. Les deux ont beaucoup d'éléments en commun. L'individualisme démesuré, l'économie qui contrôle le politique, l'absence de valeurs (à part la morale à deux sous qui donne des prétextes pour se plaindre), la submersion démographique, tout y est !

    2500 ans d'Histoire pour en arriver là, ça donne un peu les boules, surtout quand on est en bout de chaîne et qu'on grandit dans une société en plein déclin.
    Mais quand ça pètera, on n'est pas sûr que l'Europe s'en sorte. L'avenir nous le dira.

  2. #32
    Date d'inscription
    April 2006
    Messages
    209

    Par défaut

    sauf votre respect :- ) , et sans retirer rien du tout à toutes les critiques que l’on peut infliger à sa propre époque (mais un monde , c’est très compliqué et ça peut bien supporter plusieurs points de vue , même plus ou moins contradictoires ; la réalité est riche)

    Je trouve que l'absence de "morale" est seulement un jugement du retour du retour de la morale ; que ça vienne de Finkel ou de Heidegger (et de son insondable désir d'authenticité ; je ne sais pas même ce que ça signifie Authenticité, une sorte de repère mythique ou mystique. De même l’Autorité et le Respect en soi, je ne comprends pas vraiment … comment voulez vous respecter un président qui … euh … bon … passons.. passons sur les contradictions désordonnées d’une pensée pour le coup caricaturale et rigoureusement morte à elle-même : -)

    La morale c’est très bien, l’éthique c’est encore mieux (lorsque s’ajoute une cohérence individuelle exprimée et assumée ; rien à redire.
    Sauf que des comportements moraux … ça fonctionne quand tout va à peu près bien, dans la vie.Le reste du temps, les êtres humains existent égoïstement, et même dans ce que l’on appelle morale et valeurs etc , il est surtout question de bon fonctionnement entre les gens ; c’est pour cette raison que dès que les conditions se modifient , c’est très souplement que l’on passe d’un égoïsme moral à un égoïsme pas moral ; parce que c’est la même chose.
    Ce qu’il faut donc viser , c’est le bon fonctionnement ; faire en sorte que les gens ne soient pas méchants, ni indifférents ; ce qui revient à modifier les conditions d’existence et non pas à les juger d’un point de vue qui est nécessairement extérieur et qui voudrait dénoncer comme un manque, dans les gens eux-mêmes, alors que ce sont les conditions de leur existence que l’on ferait beaucoup mieux , plus efficacement de réformer.
    Que l’on veuille imposer, on ne sait de où, une Autorité à des gens pas convaincus du tout, et qui veulent bien tout ce que l’on veut pourvu que l’on s’occupe de leur intérêt, c’est très précisément nier l’intérêt (réel et vivant) de ces gens au profit d’une absence d’interrogation sur les conditions d’existence ; cad aux profits des pouvoirs bien en place.
    Comprenons donc que la morale ou les valeurs, ça ne vaut que si c’est partagé ; cad que si chacun y voit son intérêt (pas uniquement économique, mais humain en ce que humain est effectivement quelque chose de réel et de non idéologique). Si l’on est moral pour juste être moral, cela équivaut à se sacrifier , et on comprend bien que la plupart des gens n’ont pas très raisonnablement , envie de se sacrifier.

  3. #33
    Date d'inscription
    April 2006
    Localisation
    Dans ton fondement (je parle bien entendu du cogito)
    Messages
    196

    Par défaut

    Je me suis peut-être mal exprimé.

    Ce que je critique, ce n'est pas vraiment l'absence de morale, mais l'absence de valeurs. Je m'explique : on peut être consciencieux, laborieux, créatif, empathique... par fierté (donc par honneur) ou par empathie naturelle pour son prochain (donc par nature). Sans oublier la croyance en un (ou plusieurs) dieu(x), ce qui est une valeur spirituelle. Il n'y a pas de morale là-dedans. La valeur n'est pas que d'un seul type... et heureusement, parce que si toute valeur était morale, le monde deviendrait très austère !
    Par contre, il est possible de ne pas avoir de valeurs et de camoufler cette absence par un discours moral intransigeant, derrière lequel on se réfugiera pour ne pas avoir à réfléchir. Faire preuve de "bonne morale" n'est pas faire preuve de valeur. Bien souvent, ceux qui n'ont que de la bonne morale à la bouche sont les plus malhonnêtes. Un exemple parmi tant d'autres : il y a quelques mois, une dame célébrissime qui a parlé de justice et de morale pendant un débat... sachant que, tout en ayant ces mots à la bouche, elle mentait sur ses résultats dans une certaine politique. Je ne mentionne pas son nom, vous l'aurez probablement reconnue et ce n'est pas le sujet du débat.

    Ce que je reproche à nombre de gens, c'est justement cette absence de valeurs, ce vide existentiel qu'on va combler par la consommation. Et le problème de la consommation, c'est qu'on finit par "consommer" des choses qui ne devraient pas l'être (par exemple l'intimité des gens à la télévision).

  4. #34
    Date d'inscription
    July 2006
    Messages
    121

    Par défaut les livres de la 8

    je n'ai pas tout lu, mais au sujet des émissions littéraires, pour ceux qui ne la regarde pas ou ne connaisse pas son existence, en guise de consolation, je vous recommande: LES LIVRES DE LA 8 sur direct 8, c'est sûr que le titre de l'émission n'est pas présomptueux, n'empêche que c'est de loin la meilleure émission littéraire à mon avis, pas de titres guindés et menteurs comme "Esprits libres", "le bateau livre", pas de présentateur soporifique comme dans "les mots de minuits" et pas de présentateur du journal tv pour "le vol de minuit"...dernièrement j'ai essayé de regardé les mots de minuit et j'ai eu l'impression de regarder un sketche des inconnus, tellement le présentateur, avec ses lunettes ovales, posait les questions lentement et présentait son émission comme un office religieux,culture sacré!!!...culte de la culture et finalement posture!
    dans "les livres de la 8" le présentateur souligne les passerelles qu'il y a entre les livres de ses différents invités, et posent des questions supers, beaucoup de partage et jubilation littéraire dans cette émission...c le mercredi soir à 22H10, ça dure une heure, et ça fait du bien.si ça peut vous redonner un peu d'espoir en l'avenir culturel de notre société française...
    et en ce qui concerne, la littérature et la philosophie, ces deux ne s'opposent pas il me semble, en effet, vous avez cité des romans philosophiques de sartre et kundera, la nausée et la plaisanterie, la littérature peut être envisagé aussi comme un avatar de la philosophie, un enfant à qui on lit une histoire, développe son imagination mais aussi cela peut amener de la réflexion également, il en est de même pour l'adulte (si tant est que l'adulte existe réellement et n'est pas plus un rôle qu'une réalité), et je dirais même qu'un roman philosophique est plurisdisciplinaire: littérature, philosophie, psychologie, rythme, et musicalité.

  5. #35
    Date d'inscription
    January 2008
    Localisation
    France/centre
    Messages
    1 460

    Lightbulb Projet KO

    J'adhère totalement à votre analyse "Memo/mes mots"... je n'ai malheureusement pas la 8. Trop petit trou où je demeure, même pas la TNT....votre intervention est un constat, de choix potentiels du vivant en chacun de nous....

    Nos portes sont intérieures et ne demandent qu'à être entrouvertes dans un premier temps, si tant est que l'on en ressente un besoin, une vitalité.

    Je suis d'accord, l'inventaire des auteurs n'est qu'une liste intime, souvent nulle et non avenue pour autrui.

    Alors cheminons, simplement, sans inféodation volontairiste.

    Excellente journée à Vous. Il fait froid, très froid, mais le soleil brille !

  6. #36
    Januscream est déconnecté Renégat extatique de l'Acédie Januscream a un avenir glorieux
    Date d'inscription
    July 2004
    Localisation
    O? tu veux quand tu veux
    Messages
    365

    Par défaut Etre à ne pas être: là est l'assomption

    Citation Posté par ZWARDOZ
    le Moi qui est une effectivité réelle de chacun , est historiquement le premier Moi reconnu de et pour et par chacun ; jamais ça ne fût réalisé historiquement.
    Et cela de revenir à ma question initiale: qu'est ce qu'il va marner le Moi maintenant?
    Pas sûr qu'il tienne le coup à barboter dans son ipséité historiquement authentique...

    Pour prolonger ton rapprochement avec nos amis les Kaskapointe du XIXe, si je prends ce cher Fichte par exemple, si le Moi se rend maître de lui-même en réalisant sa virtualité - annulant ainsi sa dynamique - l'Être ne mourra-t-il pas dans son actualisation?

    La vie de l'Ego, de l'Être, du Dasein, du Gemuth transversal (appelons ça comme on veut finalement) ne résiderait-elle pas uniquement dans son refus de son Destin?

    Etre à ne pas être ou mourrir d'avoir été?

  7. #37
    Date d'inscription
    April 2006
    Messages
    209

    Par défaut

    Il me semble extrêmement difficile de préciser tout cela en quelques mots ...
    ce qu'il me parait, en fait ça m'aveugle, c'est d'abord que le moi dont il est question, à savoir celui de tout un chacun, (cad de ce phénomène démocratique là , qui est très récent , très très récent même en comparaison de son aliénation millénaires , avec un S)
    N’est pas le moi philosophique (de Fichte ou ni le sujet de Descartes ou la structure transcendantale de Kant),
    mais le moi vécu , cad celui que l'on caricature à l'envie selon tel ou tel sociologisme (qui est absolument valide, en ce sens qu'il est critique et que c'est toujours bon à prendre, la critique, marxiste ou freudienne ou lacanienne, ou structuraliste ou sémiologique etc )
    Le moi vécu, cad ce qui apprend à être depuis un siècle (……….je vous laisse imaginer le manque),
    C’est inventé … cad puisque vous demandez ce qu’il fait de soi même, ben voilà, depuis un siècle il a inventé le dit siècle …
    De quoi croyez-vous que le 20 ème tient sa substance ? Son essence ? Sa réalité ?
    Le siècle entier est dévoué aux mois. Et je n’y place pas d’abord une critique mais une affirmation ; chacun a raison de vouloir consentir à son Moi comme base minimum de toute humanité …
    Les siècles précédents l’ignorait, et la totalité des peuples y aspire.

+ Répondre à la discussion

Règles de messages

  • You may not post new threads
  • You may not post replies
  • You may not post attachments
  • You may not edit your posts