... ET TOUT CONTINUE
A Cécile VERHAEVER

Tu sais, j'ai une myriade de muses
Elles sont présentes dans mon esprit
Lorsqu'une d'elle s'égare de ma nuit
Une autre est en état de veille
Et de l'ensemencement des années
Je ne cueille que quelques fleurs sauvages
Le reste vit encore dans des vases fermés
Que j'irrigue de mes larmes salées
En attendant des fois qu'elles soient libérées
Je suis et reste dans l'état de liberté provisoire
Et mes aveux ne font qu'accentuer mon isolement
Mon amitié est un arbre multiforme ignoré
Qui existe au carrefour des allées et venues
Sur un axe limité des horizons sciés
Des montagnes qui surplombent un cratère
Où végètent les habitants de ma sombre cité
De l'indifférence de tous les murs variolés
Je rejoins le plus souvent un essaim d'hirondelles
Qui s'en vont à la conquête d'un autre soleil
Et nous nous envolons tous dans les cieux
Et sans regret je bas de mes ailes renouvelées
Pour m'éloigner de ces profondeurs à tout jamais...
Je hisse souvent le voile de ma barque solitaire
Et je m'engage dans de nouvelles aventures
Dresse pour le lointain séjour d'autres repères
Je prends le large pour une longue croisière
Dans l'espoir de tout oublier...
Dame nature, amie inséparable de mes changements
M'ouvre les bras, se confesse, et j'écris
Mon souffle perturbé ne fait que délirer
Et de la page où ma plume se déchaîne
L'encre noire du tumulte jonche les lignes
Tatouent à vif mes différentes pulsions
J'oublie et je m'oublie dans mes profonds cris
Un fois mon océan houleux retrouve son calme
Je m'allonge les yeux ouverts, l'âme est ailleurs
Quelque part sur l'autre rive ensoleillée
D'autres muses continuent mon éternelle complainte
Deux rives séparées pourtant très rapprochées
Il suffit de lancer nos rimes pour faire... une passerelle

© kacem loubay
Dimanche 5 Mai 2002
Khénifra / Maroc
loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l’autre rive