...souple dans l'application ?

Afin de résoudre l'équation entre idéalisme et pragmatisme l'homme ou la femme qui veut être acteur et non spectateur de sa vie et de la marche du monde a besoin de trouver un compromis entre le rêve et la réalité.

Le pragmatisme caricaturé conduirait l'acteur à l'agitation dénuée de sens, l'idéalisme caricaturé conduirait le rêveur à refuser le passage à l'acte pour ne pas dénaturer son idéal.

En politique, plusieurs formulations de cette question ont était faites dont le fameux volontarisme de Jean Jaurès et sa formule "comprendre le réel pour aller à l'idéal". Mais avant d'être une question politique je penses que cette question est de nature philosophique et qu'elle se traduit ensuite dans toutes les actions humaines de l'éducation à la cuisine, de la recherche scientifique au sport, de la morale à l'art. Toutes nos tentatives d'agir se traduisent par la perception de cet indépassable décalage entre le rêve et la réalité ou autrement formulé, entre la théorie et la pratique.

L'une des réponse formulée dans le langage populaire est donc de se déclarer "ferme sur les principes et souple dans l'application". Cela traduit la volonté de tracer une direction, un cap, et de le confronter à la réalité quitte à tirer quelques bords pour avancer "contre vents et marées".

De ma faible connaissance historique je fais remonter ce principe d'action en France à la IIIème République. Quelle conséquence a pu avoir près d'un siècle d'un tel compromis plus ou moins conscient dans l'esprit de nos dirigeants (politique, chef d'entreprise, haut fonctionnaires, magistrats, éducateurs, formateurs...) sur notre société ?

Le décalage entre les slogans de la République et la réalité de nos vie ne tient-il pas en partie de cette question tabou ? D'autres nations ont-elles mieux répondu au problème ? Mon intuition m'amène à penser que ce que nous appelons le "French flair" et "rigueur Allemande" sont en réalité la conséquence de deux façons différente de résoudre l'équation. Poser la question en termes philosophiques et donc universels serait en ce cas probablement salutaire.