amateur de "versification", de chansons et de poésie, je vois que vous taquinez vous aussi la muse...

voici 1 de mes "textes"...

bonne inspiration à vous tous.

Auto-dérision (…)

Je rêvais d’ordre et de lumière
Pour y planter ma liberté.
Une maison blanche aux volets verts,
Andalouse au cœur d’oranger.

Je rêvais d’esprit cultivé
Pour en être mieux situé :
De ce port d’attache lâché,
« Tout comprendre pour tout aimer ».

Je rêvais de noblesse pauvre,
D’un Athos ou d’un Sigognac,
D’un Cyrano qui serait vôtre,
Offrant un verre d’Armagnac.

Je rêvais de mots allongés,
Caressés, couchés par ma voix ;
Mots s’envolant de nos étés
Vers nos hivers, et au-delà…

Bref, en Brélien, en insensé,
Je rêvais d’un écueil de pause
De droiture et de dignité,
Et d’élégance en toute chose…

C’eût été tendre démesure,
Comme un volcan canalisé,
Un cri se posant en murmure,
Une pudeur d’intensité.

C’eût été une nuit de miel,
Drapée d’acier, chaude de cuir ;
Platine dont les décibels
Viendraient d’un feutre de saphir.

Cœur amoureux -Cœur à l’envers !
J’étais si loin de me douter…
Je rêvais d’ordre et de lumière
Pour y planter ma liberté.

*
**

Mais ma main est passée sans que poing ne se ferme…
J’ai une ride à l’âme, la creusant peu à peu,
Dessinant goutte à goutte, et de fiel et de sperme
Une infécondité au parfum tendancieux.

La lumière est ailleurs, en dehors du désordre
Où ma liberté meurt sans être encore semée.
Jamais jamais jamais je ne serai la horde
A moi tout seul du loup solitaire et racé !

*
**

Alors j’ai entendu une voix sirupeuse
Me glisser dans le cœur une errance terrible ;
Une voix démoniaque à l’haleine douteuse,
Et dont les échos morts me sont encore horribles :

« Tu ne peux être droit, et fier et chaleureux ?
Albatros et gerfaut, guépard à l’œil lucide ?
- Sois donc Humain, faux frère, Humain à l’œil vitreux !
Plonge sans désespoir dans le cynisme acide !

Hante ! Insulte ! Blasphème ! Pourris-toi jusqu’au bout,
Etre de demi-être, condamné à n’avoir !
Si déjà l’amertume te fait plier le cou,
A tout le moins, conscient, hume son encensoir !

Pétris-toi de brouillon : que la médiocrité
Te soit verte et voulue, dominée par ton antre :
Façonné patiemment jusqu’à perversité,
Ejacule sciemment dedans son hideux ventre…

Que tes sourcils se touchent, que ton regard s’aiguise !
Que ta bouche vomisse jusqu’à devenir gueule !
Tes penchants névrosés, fais-en ta tour de Pise !
Sois haineux sang pour sang, comme un diable qui feule !

- Si tu n’en es capable, sois maudit à demi :
Un cœur bête et prudent n’a pas d’effervescence !
Car il ne suffit pas d’être vil et moisi :
Essaye d’être méchant, il y a là réjouissance !

Lors tu mourras enfin, en auto-pédéraste,
Vers un ciel qui d’ailleurs n’a jamais existé,
Pour retomber en cendres en crachat et en fastes
Au pied de la sadique et âpre Eternité !
»

*
**

« Folie que tout cela, me disent certains hommes
(Ceux qui ont bien su vivre, ceux qui ont apprécié),
Ta vie n’est pas foutue : tu oublies dans la somme
Ceux qui, bon an mal an, malgré toi t’ont aimé !

Mon ami, je soupçonne que déjà tu le sais :
Essaye de t’oublier, ça nous f’ra des vacances !
Ne nous assène pas ta comptabilité !
Remets-toi donc debout au cœur de l’espérance !

Car enfin, camarade, faut pas nous la jouer :
Tes malheurs d’intello, c’est pipi de crécelle !
Ton ennui d’amadou, ne l’as-tu point créé ?
- N’est pire ensorcelé qui s’auto-ensorcelle…

Lors, ouvre les yeux et regarde en arrière :
Des enfants, de l’amour, l’amitié - un empire !
Cesse de te morfondre sur ta pseudo misère !
Si tu veux un passé, n’oublie pas l’avenir…
»