Philosopher
C'est un acte que l'on accomplit: acte de penser par soi-même avec les autres, avec tous ceux qui veulent penser. Une personne cherche la raison profonde des choses au sens large et, pour ce faire, recherche la vérité et le sens: devant le moi, de monde, autrui, l'idée de Dieu, c'est se comporter comme si rien n'allait de soi: pourquoi y a-t-il quelque plutôt que rien, par exemple. Cet acte est l'effectuation d'une expérience spirituelle que le discours s'efforce d'universaliser, de faire partager par tous.
Philosopher c'est donc rechercher, tracer son propre cheminement en lisant ceux qui ont tracé leur propre cheminement, les grands maîtres de sagesse, comme dit Sénèque.
Acte normal?
Ne pourrait-on pas dire que l'acte de philosopher est normal ( ce qu'on peut attendre de...) chez un être raisonnable sensiblement affecté qui peut toujours exercer sa liberté de penser: c'est normal, bien ajusté au type idéal: un être raisonnable sensiblement affecté. un tel être appartient en effet à deux mondes et il peut donc choisir de faire prédominer l'un de ces deux mondes.
Suivre l'opinion correspond à l'attitude d'un mouton, qui ne s'intéresse qu'au simplement utile et qui laisse prédominer en lui la générosité restreinte; pour les siens,pour soi...
Penser par soi même avec les autres correspond à l'attitude d'un être libre soucieux de vérité et de justice, qui s'interroge sur ce qui est vraiment utile, sur ce qui importe à sa béatitude et à sa liberté et qui répond en fonction d'une expérience spirituelle: comprendre et connaître donne des joies qui valent bien plus que des plaisirs. La joie est le signe que la vie a réussi, une vie pleinement humaine d'un être raisonnable sensiblement affecté, qui a suivi le meilleur de lui-même.
C'est ce que je vous souhaite
Joseph
Ps:
Le comportement dans La caverne de Platon est d'une certaine manière normal pour ceux qui ne pensent pas et l'acte de philosopher leur semble anormal: en fait, par le regard ils suivent les ombres projetées et les confondent avec la réalité. Évidemment celui qui voit la réalité n'a pas besoin de chercher. Le prisonnier ignore son ignorance et la propédeutique à l'acte de philosopher, serait de leur faire découvrir leur manque: de cette découvert jaillirait un désir, un manque éprouvé, de vérité et de justice.
En attendant, celui qui dans la caverne retourne et philosophe risque bien d'être pris pour un fou, pour un anormal, pour quelqu'un qui ne correspond pas au type commun de ceux qui suivent l'opinion.
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir