[…] tu me fais dos. Les quelques étoiles que tes yeux dessinent, à peine esquissées, se perdent dans tes cheveux. Quelques reflets ci et là, de quoi parsemer d'ardeur, dans le plus grand silence, les quelques centimètres qui nous séparent. Du coup, mes yeux, même bandés de ton silence, peuvent se jeter allègrement sur ton dos, tes hanches, tes fesses, t'habiller d'un regard, te couvrir d'étincelles. Ils s'ébattent avec ton corps, tantôt le caressent, le frôlent, pour ne pas déranger le souffle mélodieux que tu laisses échapper, tantôt s'y attardent, s'affolent, à la manière que mes pieds ont quand ils rencontrent du sable chaud.

Guide-moi, en cette nébuleuse déroutante, guide-moi, ô voluptueuse amante. Je la vois, la sens, te touche. Les premiers pas sont hésitants, les paysages, envoutants. Je m'attarde sur tes cheveux, sur cet Eden ondulé, noir, un Eden sans horizon, un Eden qui se tortille au bout de mes doigts, et qui, au fond des mes yeux, scintille. Je plonge de nouveau, cette fois ce sont mes mains, explorant chaque méandre de cet univers que tu m'offres. Tes épaules, tes seins, peu de voyages encore m'avaient fait chavirer de la sorte. Laisse-moi naviguer, dégager ta nuque, y épingler une caresse, laisse-moi divaguer, me glisser dans ton rêve, y déposer un baiser.