+ Répondre à la discussion
Affichage des résultats 1 à 5 sur 5

Discussion: 1) Joachim Du BELLAY, Heureux qui, comme Ulysse....Les Regrets,1558

  1. #1
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut 1) Joachim Du BELLAY, Heureux qui, comme Ulysse....Les Regrets,1558

    Heureux qui,comme Ulysse a fait un beau voyage,
    Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
    Et puis est retourné ,plein d'usage et raison,
    Vivre entre ses parents le reste de son âge!

    Quand reverrai-je ,hélas, de mon petit village
    Fumer la cheminée,et en quelle saison,
    Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
    Qui m'est une province ,et beaucoup davantage?

    Plus me plaît le séjour qu'on bâti mes aïeux,
    Que de palais Romains le front audacieux,
    Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine:

    Plus mon Loire Gaulois que le Tibre latin,
    Plus mon petit Liré que le mont Palatin
    Et plus que l'air marin la douceur Angevine.

    Du BELLAY, Les Regrets,Sonnet, 1558.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #2
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut

    N'oublions pas la problématique: quelle conception du voyage nous livre ce sonnet?
    La première strophe n'est qu'une exclamation, Il est heureux celui qui a fait un beau voyage; pour après revenir enrichi et instruit,dans son pays natal selon la conception de l’époque où vit Du Bellay.(cf La Pleiade =XVI ème
    La Pleiade: nom donné à un groupe de 7 poètes .animés par Ronsard et Du Bellay.=> ils prennent pour modèle le lyrisme des anciens, mais restent ouverts aux recherches des contemporains. )

    Comprendre que ce n'est pas le cas pour Du Bellay. Il se sent malheureux et exilé à Rome=> titre du recueil: Les Regrets



    Heureux qui,comme Ulysse a fait un beau voyage,
    Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
    Et puis est retourné ,plein d'usage et raison,
    Vivre entre ses parents le reste de son âge!

    Mais la suite du sonnet est bien différente: on passe de l'universel au particulier:
    C'est un cri de regret: Ah! il a rêvé, pendant ses études des anciens,de cet ailleurs peint par les anciens, par ses lectures, il y est enfin dans cet ailleurs , ce là-bas. Le voilà à Rome, le voilà déçu,que dis-je exilé , dans une Rome qui n'a plus que le nom de glorieux, où croupit la misère, où la décrépitude des monuments et des palais s'expose à tous les yeux.(Le trait est forcé: il s'agit de mettre en évidence la France de François premier). Il s'agit bien de dire peu pour signifier beaucoup (litote filée)

    Deux Paradoxes: (ce qui surprend l'opinion qui ne réfléchit pas)

    1) Le but de son voyage atteint le renvoie à son point de départ, comme à ce qu'il a de plus précieux!
    2) Un petit village préféré à Rome.!....symbolise pour l'auteur la France de François premier....

    Lisons ce sonnet, donnons lui la vie (le sens) que seul le ton de la voix peut donner, apprécions le lyrisme ( expression des sentiments) et l'élégie , l'éloge qu'il dégage.

    Ton
    1) Exclamatif, faites sonner: affirmez, ,
    laudatif pour "comme Ulysse" et "cestuy-là";
    Faites ressortir le[B] "i" (aigu) /B] de conquit, "beau" de voyage, "plein" et la voyelle éclatante, a, de "usage" et âge" .
    Tout se joue, le jour de l'oral dans la lecture.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #3
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut

    Maintenant je vous propose une brève explication:

    Rimes embrassées: a b b a


    Heureux qui,comme Ulysse a fait un beau voyage,

    :Heureux,l’essentiel est en tête d'une longue phrase exclamative; le terme est solennel, comme le "Bienheureux" des béatitudes (nouveau testament), a une connotation religieuse et universelle, pour tous les temps. "beau", suggère la perfection, la réussite, incontestable;
    Ulysse: souvenir des études de l'auteur,L'Odyssée qui conte le retour d'Ulysse, héros grec, roi d' hitaque, qui retrouve sa femme... Pénélope.

    Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
    Périphrase pour "Jason"
    cestuy-là: Allusion évidente au XVI ème siècle.il s'agit de Jason,autre héros de Thessalie qui conduisit les argonautes pour conquérir la toison d'or. ( notez les : "i" (y) et "i" qui suggèrent les cris aigus des conquérants. l’allitération: t-t , les sonorités étouffées, on on qui ont pour effet qui on pour effet de suggérer le mystère et une intervention d’un sortilège)

    Et puis est retourné ,plein d'usage et raison,
    conception classique du voyage, à l'époque,qui est l'occasion d'un enrichissement des mœurs ("usage" ) et de l'esprit au sens de réflexion et raisonnement ( raison).Plein signifie que c'est un homme accompli qui revient.


    Vivre entre ses parents le reste de son âge!
    Vivre, en tête du vers, vivre pleinement
    ses parents :il s'agit peut-être de sa famille au sens large.Remarquez la rime féminine (âge) qui prolonge le vers, et suggère la douceur d'une vieillesse entourée de l'affection des siens.

    A bientôt
    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  4. #4
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut

    Dans la deuxième strophe du sonnet une seule phrase interrogative se déroule, exprimant un regret et une impatience.
    Les questions marquent l'angoisse: quand? En quelle saison? Seule la vue le rassurera.

    Quand reverrai-je ,hélas, de mon petit village

    On retrouve le procédé qui consiste à mettre la plainte au milieu d'un vers. Le terme contient deux voyelles éclatantes , "é" "a" qui expriment l'intensité de la souffrance morale , d'autant plus que le "s" se prolonge ce qui marque que cette souffrance est lancinante,dure.
    Bien entendu revoir implique que l'auteur sera en présence,revenu.Apaisé, en présence de, par la vue.
    "petit village" s'oppose à la grande Rome.Le village n'est qu'un groupement d'habitations à la campagne. Sa supériorité tient à ce qu'il est peuplé par la famille et les relations du poète et parce qu'il appartient à la France de François premier.=> Racines du poète.

    Fumer la cheminée ,et en quelle saison,
    On admirera les assonances:""er" "et" "ée" donnant une régularité, comme si le temps s'était arrêté depuis son départ selon le rythme immuable: le retour du même. Au contraire à Rome , pour l'exilé , tout se dégradait et menaçait de tomber en ruine.
    L'inversion du sujet permet de mettre en évidence la fumée et tout ce qu'elle symbolise, les flammes du foyer,au sens propre comme au sens figuré, ce lieu de rencontres, de veillées, de partage. La fumée . symbolise aussi la vie du village , comme chaque fumée symbolise la vie d'une maison.
    "en quelle saison", parce que, le village étant dans une sorte d'écrin naturel,chaque saison a un aspect particulier, et le rythme des saisons étant rassurant, puisqu'il scande le retour du même, ou plus simplement pour être rassuré en précisant le cadre de son retour..

    Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
    Notez les procédés grâce auxquels Du Bellay enrichit l'image de la pauvre maison : au point d'offusquer la grandeur de Rome.
    1) les métonymies :"Mon petit village/ fumer la cheminée, le clos de ma pauvre maison,,
    Qui m'est une province : le procédé enrichit l'image (maison)
    2)Hyperbole: " et beaucoup d'avantage"' comme si l'essentiel était invisible.....
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  5. #5
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut

    Ne vous laissez pas impressionner par le nom anaphore*! Le terme vient du grec anaphora qui signifie: reprise, tout simplement.

    Comprendre que l'anaphore consiste en la reprise d'un terme, sa répétition , si vous préférez, en début de phrase ou de vers.
    . Règle d'or: rien ne sert de signaler une figure si vous ne dites pas son effet,voulu par l'auteur
    Dans les deux tercets Du Bellay insiste et, pour ne pas le dire il enfonce un clou!
    (pour ne pas le dire... Prétérition)

    _________________________________________________________________________________________

    Plus me plaît le séjour qu'on bâti mes aïeux,
    Que de palais Romains le front audacieux,
    Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine:

    Plus mon Loire Gaulois que le Tibre latin,
    Plus mon petit Liré que le mont Palatin
    Et plus que l'air marin la douceur Angevine.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

+ Répondre à la discussion

Règles de messages

  • You may not post new threads
  • You may not post replies
  • You may not post attachments
  • You may not edit your posts