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Discussion: que nous fait connaitre la sensation?

  1. #1
    zarma Guest

    Post que nous fait connaitre la sensation?

    BONJOUR, j'aimerais avoir des pistes sur ce sujet dont j'ai du mal a fixer les limites ( verite, science..)et a problematiser.
    MERCI d'avance si vous pouviez me guider!

  2. #2
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    Que nous fait connaître la sensation?

    Connaître ou penser?

    La difficulté: la sensation existe t-elle? N'a t-on pas parlé de sensation introuvable.

    De plus connaître c'est déterminer une intuition sensible par un concept. Si une intuition sensible sans concept peut être aveugle, que peut-elle bien nous faire connaître? Comment la sensation, réduite à elle même nous ferait-elle connaître quelque chose? N'est-elle pas du fait de cette impossibilité, ce qui nous fait connaître, ce qu'elle est elle même? 

    Un problème soulevé par la question: savoir c'est percevoir: si tout savoir est perception, ne faut-il pas répondre que la sensation ne nous fait rien connaître, sinon elle même?

    Paradoxalement, la sensation nous permettrait de penser au delà du donné puisqu'elle serait introuvable.

    Mais, dire que savoir c'est percevoir et ce n'est que cela, n'est-ce pas un peu vite identifier le psychisme à la conscience qui est toujours conscience de quelque chose?

    "fait connaître" signifie: produit un savoir de .. ou oriente vers la production d'un savoir de ... ou encore, donne immédiatement un savoir de.

    La sensation ne serait-elle pas épreuve de soi?

    En tout cas, une réponse positive à ce sujet exige que soit maintenue l'existence de la sensation.

    => Ne faudrait-il pas faire abstraction du monde objectif, de tout ce qui lui est ajouté dans la perception? Que resterait-il après cet effort d'abstraction sinon une simple modification ou affection du corps vivant que je suis. Est-il possible de réduire la sensation à une modification de l'organe auditif par exemple, mais cette modification n'implique t-elle pas d'être doublée d'un
    phénomène psychique pour apparaître?

    Pour Merleau Ponty dans La phénoménologie de la perception, page 540, Le sentir, la sensation est intentionnelle ou n'est pas.

    "Le pur sentir n'est pas sentir. Sentir c'est savoir qu'on sent, et savoir c'est percevoir."

    Cette phrase semble s'enchaîner à merveille selon une rigueur déductive. Mais le premier "savoir" et le second n'ont pas le même sens! 

    Savoir qu'on sent désigne la présence à soi de la conscience tandis que le second savoir désigne la connaissance donnée par la perception qui détermine une intuition sensible par un concept selon Kant.

    Ce manque de rigueur nous oriente vers une réponse possible au sujet: la sensation nous fait connaître immédiatement que nous sommes des vivants: c'est une certitude première.

    => Serait-ce que la sensation nous ferait connaître une communication du corporel et du spirituel, communication qui ne se déroule pas sur le mode de l'intentionnalité.
    Tout savoir serait d'abord présence à soi, épreuve de soi.

    "La condition nécessaire et suffisante pour qu'une conscience connaissance soit connaissance de son objet, c'est qu'elle soit conscience d'elle même comme étant cette connaissance." Sartre, L'Être et le Néant, pages 18 et suivantes.

    La sensation et la pensée de la sensation nous orienteraient peut être vers la connaissance de ce qui rend possible l'action du corps sur l'esprit et de l'esprit sur le corps.

    Comme piste de lecture: la fin du chapitre premier de l'Essai sur les données immédiates de la consciences de Bergson.

    Pour approfondir, un texte difficile de Husserl, dans Idées directrices pour une phénoménologie, traduction Paul Ricoeur, Gallimard, page 104: La conscience et la réalité naturelle.


    Si vous êtes vraiment en terminales, au début de l'année, vous pouvez utiliser l'aide suivante: 

    Les cinq sens

    Vous pourriez peut-être les distinguer du point de vue de la représentation: les sensations représentatives "qui nous donnent de l'objet ... les idées les plus claires et les plus distinctes, les moins mélangées d'éléments subjectifs. Pradines: la vue et l'ouïe.

    Pour les autres essayez de démêler ces éléments subjectifs (mélange de sentiments...)

    -Relire le texte de la caverne http://www.philagora.net/philo-bac/oralplat.php 

    -Distinguer l'essence et l'existence: percevoir par les sens donne l'existence d'une chose.

    "Les sens ne me trompent pas ... et cela, non par ce qu'ils jugent toujours juste mais parce qu'ils ne jugent pas du tout, ce qui fait retomber l'erreur à la charge de l'entendement." Kant.

    ==Pour le plan, vous pouvez les classer selon leur degré de sensorialité c'est à dire de représentativité.



    -N'oubliez pas le moteur de recherche dans philagora: http://www.philagora.net/farfouineur.php 


    -et en attendant n'oubliez pas de regarder METHODO http://www.philagora.net/methodo/

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    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #3
    oups Guest

    Par défaut

    Je te propose de réfléchir sur perception et connaissance. Nous avions travaillé sur cela avec un texte d'Aristote qui montre que notre perception n'a pas de caractère universel

    Peut-on dire que la perception est une connaissance ?

    Introduction
    Notre relation quotidienne avec le monde passe par la perception et, dans la mesure où nous essayons de construire de ce même monde une connaissance, il serait encourageant de constater que la perception nous permet de l'élaborer. Mais les choses sont-elles aussi simples ? La perception est-elle en elle-même une connaissance ? Et si oui, de quel niveau ?

    1- Les apports de la perception

    Chaque jour, je constate que le soleil se lève et se couche. La science m'enseigne qu'il ne s'agit là que d'une façon de parler, qui ne correspond aucunement au mouvement réel des astres et des planètes. Faut-il en déduire que toute perception est de la sorte mensongère ?

    Ce que m'apporte la perception, c'est un univers de qualités, diversifié et changeant.

    Déjà Platon déduit de l'aspect mouvant du monde tel qu'il est perçu l'impossibilité d'en déduire une vraie connaissance : ce qui est perçu n'est qu'un monde de reflets fugaces, d'images changeantes qui n'a aucune réalité ontologique (cf. les quatre niveaux de la connaissance dans La République : la perception ne correspond qu'au second).

    Rousseau affirme qu'une conséquence de cette diversité perçue fut que le vocabulaire des langues originelles était sans doute plus étendu que le nôtre, par manque de noms communs : chaque objet (tel arbre à côté de tel autre) reçut d'abord un " nom propre " parce qu'il était évidemment distinct de son voisin.

    Pour construire un concept - comment connaître sans concepts ? - l'esprit doit en effet opérer des abstractions à partir du perçu. (On peut rapidement faire allusion à la critique de Bergson : le concept éloigne du réel, que rate en conséquence toute connaissance intellectuelle. )

    La perception renvoie toujours à une existence précise, hic et nunc, alors que la connaissance s'intéresse à l'universel, au-delà de toute particularité (cf. ci-après texte d'Aristote).

    2- De l'immédiateté à la science

    Dans les sciences formelles, l'écart entre perçu et conçu se marque à la différence entre une figure géométrique dessinée et sa définition : la vraie figure n'est donnée que par la définition, et le dessin n'est là que pour aider le raisonnement.

    De manière plus globale, on rappelle que l'univers mathématique échappe à toute perception, puisqu'il est élaboré a priori et n'entretient aucune relation avec l'expérience.

    Mais même dans le cas des connaissances qui paraissent se référer au monde " visible " - c'est-à-dire les sciences " physiques " au sens propre celles de la nature - la perception apparaît comme un obstacle épistémologique (cf. les analyses de Bachelard) bien plus que comme un premier pas vers la connaissance.
    Le fait scientifique n'est jamais le fait premièrement perçu : il est toujours pensé, reconstruit, inscrit dans un ensemble théorique.

    On note enfin que l'" évolution " des théories aboutit à travailler sur des " objets " impossibles à imaginer, et à plus forte raison à percevoir (la masse négative, l'antimatière). Ainsi, du début de la science à son état récent, la perception passe du statut d'obstacle à la pure et simple incompatibilité.

    3- La connaissance au quotidien

    II n'en reste pas moins que la perception est quotidiennement utile : c'est évidemment grâce à elle que je me dirige, que je manipule les objets, déclenche les instruments, etc.

    Mais dans ce quotidien normal, il va de soi que j'ai rarement recours à une connaissance élaborée : le minimum de savoir est déterminé par les besoins pratiques immédiats.

    J'évolue ainsi dans un univers strictement pragmatique (pourvu que tel instrument fonctionne, je n'ai pas même à savoir comment), ou empirique où la perception retrouve ses droits, parce qu'elle m'apporte les informations qui me suffisent.

    On soulignera cependant que, même dans cette ambiance peu exigeante, la perception n'est pas suffisante : il me faut aussi des concepts (par l'intermédiaire du langage), des modes d'emploi élémentaires, des savoirs techniques de base qu'elle n'a pas pu m'apporter par elle-même.

    Conclusion
    On en vient ainsi à constater que, pour être efficace et utile dans la vie de tous les jours, la perception, loin d'être en elle-même une connaissance même élémentaire, a besoin du secours que lui apportent des savoirs à la constitution desquels elle n'a pas participé.

    Lectures
    Platon, La République (allégorie de la caverne). bien sûr http://www.philagora.net/philo-bac/oralplat.php

    Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique.
    http://www.philagora.net/dissert2/scie-raison.php

    Un texte d' Aristote
    L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chose déterminée ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelons universel ce qui est toujours et partout. Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que les notions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation. Mais il est évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deux droits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissance scientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans la connaissance universelle. Aussi, si nous étions sur la Lune, et que nous voyions la Terre s'interposer sur le trajet de la lumière nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous percevrions qu'en ce moment il y a éclipse mais nullement le pourquoi, puisque la sensation ne porte pas sur l'universel. Ce qui ne veut pas dire que par l'observation répétée de cet événement, nous ne puissions, en poursuivant l'universel, arriver à une démonstration, car c'est d'une pluralité de cas particuliers que se dégage l'universel.

    Ben voilà de quoi réfléchir


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