Quand on dit que quelque chose est une fin en soi, cela signifie que la question "à quoi ça sert ?" n'a pas de sens, et donc que ce n'est pas un moyen pour atteindre quelque chose d'autre.
Fin en soi -> immédiat
Moyen : sert à quelque chose d'autre -> médiat
En principe quelque chose qui sert à quelque chose d'autre devrait au final servir à une fin en soi. Exemple de base : l'argent -> sert à m'acheter une maison agréable -> cette maison agréable est un cadre qui me permettra de passer de bons moments avec ma famille et où je pourrais me réaliser (fin en soi), ou si j'ai un grand jardin je pourrai passer de longs moments méditatifs et contemplatifs (là encore ça peut être une fin en soi), etc.
Donc toutes les fins en soi supposent une certaine organisation pratique pour les mettre en oeuvre, mais elles-mêmes ne tendent vers rien d'autre.
Dans l'amour par exemple cela ne viendrait à l'esprit de personne de poser la question, lorsqu'il est heureux avec sa/son partenaire, "à quoi ça sert que je sois avec elle/lui ?"
Tout simplement, c'est la vie elle-même qui s'affirme dans sa première évidence. Le raisonnement, primitivement, n'est là que pour permettre à l'homme de mieux s'adapter à son milieu et de mieux vivre, biologiquement parlant ce n'est pas une fin en soi mais c'est ce qui permet de mettre en oeuvre ses aspirations propres (et ça peut être bien sûr une vie intellectuelle). La question "pourquoi" par rapport à la vie n'a pas de sens, le fait que l'on ait tendance à se la poser est un héritage en particulier chrétien, qui voulait que Dieu ait fait le monde dans un but précis. Aujourd'hui cette croyance est largement tombée mais du coup cela donne l'impression de laisser un "manque" (qui est purement historique en fait).
Donc voilà un petit peu le "cadre" de la réflexion générale, même si j'ai un peu dévié. Ici la phrase est beaucoup plus spécifique sur la question de la fête, donc je crois qu'il faut bien rester centré sur ce problème. Les exemples que je donne ne sont là au fond que pour "entrer" dans le sujet.
Je crois qu'il peut être intéressant d'étudier la fête sous ses différentes formes dans les différentes civilisations, et ses traits communs, etc.
Instinctivement, il me vient à l'esprit qu'un trait commun de toutes les fêtes est la recherche, à différents niveaux évidemment, de la transe, de la communion avec les autres et dans des formes religieuses avec la totalité du monde. En cela, puisqu'elle délivre notre pente naturelle animale du conformisme social, la fête est une fin en soi : c'est l'affirmation de la vie-même, le désir instinctif de vivre (sans raisonnement), il y a là un aspect fondamentalement dionysiaque.