Est ce un malheur pour les hommes d'être sortis de l'état de nature ?
Un tel sujet vous renvoie d'abord à la lecture de Rousseau: dans l'état de nature, il y a l'homme de nature. Il s'agit bien entendu d'une hypothèse qui joue le rôle d'un modèle: ce modèle permet, par comparaison de juger de l'état de société et de l'homme social.
L'homme de nature, pour Rousseau est animé par deux forces qui s'équilibrent:
l'amour de soi (qu'il faut bien distinguer de l'amour propre, du paraître au regard des autres) et la pitié (qu'il faut bien distinguer de la pitié pour soi dans l'état social). Prendre avec précaution les affirmations de Rousseau:
il s'est défendu contre un contre sens sur sa pensée:
"Quoi donc? Faut-il détruire les sociétés, anéantir le tien et le mien, et retourner vivre dans les forêts avec les Ours? Conséquence à la manière de mes adversaires, que j'aime autant prévenir que de leur laisser la honte de la tirer." Discours sur l'origine de l'inégalité. Pléiade, tome III, page 207.
Voilà quelques citations comme autant de pistes de lecture pour votre travail.
- Dans Fragments politiques "Quand on observe la constitution naturelle des choses, l'homme semble évidemment destiné à être la plus heureuse des créatures; quand on raisonne d'après l'état actuel, l'espèce humaine paraît de toutes la plus à plaindre. Il y a donc fort grande apparence que la plupart de ses maux sont son ouvrages..." Pléiade, tome III, page 477.
- Dans Émile (I. II), "Plus l'homme est près de sa condition naturelle, plus la différence de ses facultés à ses désirs est petite, et moins, par conséquent il est éloigné d'être heureux."
- Starobinski, (Introduction au discours sur l'origine de l'inégalité, page XLII) "Le bonheur est derrière nous, mais l'on ne peut rétrograder; la société actuelle ne nous réserve que des maux... Rousseau ne peut pas ignorer qu'en disant le bonheur de l'existence naturelle, la parole attente au silence de l'existence naturelle... Le positif pur, l'existence naturelle, ne
sont plus à notre portée ..."
- Dans Discours sur l'origine de l'inégalité, Rousseau, dans la seconde partie:
"Telle fut, ou dut être, l'origine de la société des lois qui
donnèrent de nouvelles entraves aux faibles et de nouvelles forces au riche détruisirent sans retour la liberté naturelle ..."
"Comme un coursier indompté hérisse ses crins, frappe la terre du pied... l'homme barbare... préfère la plus orageuse liberté à un assujettissement tranquille..."
"Si nous suivons le progrès de l'inégalité ... nous trouverons que l'établissement de la loi et du droit de propriété fut son premier terme, l'institution de la magistrature le second, que le troisième et dernier fut le changement du pouvoir légitime en pouvoir arbitraire..."
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Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir