I
Dialogue premier
Dialogue entre le hibou et David Hume
Hibou: Vous avez dit «*science de l'homme»*? De quoi s'agit-il, selon vous*?
Hume: Il s'agit de bien délimiter le champ d'investigation de la philosophie: ce champ n'est pas celui d 'orgueilleuses facultés humaines, mais celui de leur USAGE.
(Le dernier mot est crié, je ne suis pas sourd)
Hibou: pourquoi une telle limitation?
Hume: On se limite à ce dont on a l'expérience. La limitation du champ à l'expérience évite les
élucubrations de l'imagination et garantit la sûreté de l'esprit dans son activité, sûreté relative mais assurée, le mieux possible, dans la vie de tous les jours.
Chaque jour le soleil se lève mais demain ce n'est que probable...
Hibou: n'avez-vous pas peur d'abandonner les déductions bien conduites des mathématiques?
Hume: Certes, elle règnent dans les mathématique, pour peu qu'on admette le point de départ,mais il serait vain de prendre les mathématiques pour modèle quand il s'agit de la vie de tous les jours dans laquelle l'avenir ne se donne jamais que comme probable... et donc ne se déduit pas.
Hibou: Pourriez-vous formuler cela avec concision?
Hume: Je l'emprunte , la formulation concise demandée, à Didier Deleule:
«La science de l'homme ,comme science de l'esprit à l'oeuvre, sera régie par la méthode sceptique 3 (Philo/Nathan, Enquête sur L'Entendement Humain, page 13)
Hibou : D'où un deuxième entretien ?
Hume : Bien volontiers oiseau de la nuit
Hume a été inspiré par le scepticisme antique sans pour cela se laisser entraîner jusqu'au doute absolu: il campe plutôt sur une position qui consiste à affirmer que la croyance prend une grande part dans le savoir. En affirmant, Hume échappe au scepticisme absolu.
=> Voir entretien second post 10
Lire jusqu'au dernier post.
Avant tout il serait bon de lire le post ci-dessous intitulé ce qu'on attend de vous: 1,2,3, 4, 5
Une piste vers un problème:
Expliquer.
=> Du simple au complexe, du complexe au simple.
Expliquer c'est déplier ce qui était plié, c'est faire apparaître des sources, mettre en évidence un lien objectif entre un phénomène et un processus causal antécédent, ce qui le constitue. C'est toujours présenter le simple comme origine et raison du complexe.
Autant dire que expliquer c'est démontrer, rendre nécessaire en exhibant une cause antécédente ou la loi sous laquelle un phénomène se range. Il s'agit bien de déduire un phénomène à partir de ses antécédents, et donc de couler les données expérimentales dans le moule mathématiques de la rigueur des enchaînements. Expliquer c'est arraisonner.
Expliquer c'est donc toujours prendre le risque de parler d'autre chose (cadre formel) que de la chose qu'on explique.
Et c'est bien là le problème*: comment se fait-il qu'expliquer atteigne souvent le contraire de ce qu'on se propose*? Faire disparaître ce qu'on voulait déplier dans la lumière*!
Pourqupoi l'explication manque-t-elle la saisie de l'essentiel*?
Comprendre c'est , par exemple, être capable d'expliquer du point de vue de l'intériorité, en fonction de la fin visée par l'individu ou le sujet: c'est faire le pari de l'humanité et de la liberté; parier qu'il y a une cohérence entre le projet d'un sujet et ce qu'il fait effectivement. En ce sens Sartre affirmait: "Notre compréhension de l'autre se fait nécessairement par ses fins."*
Cela ne signifie pas, loin de là, que beaucoup d'actions ne relèvent pas de l'explication: C'est que chaque fois qu'il se laisse aller, qu'il s'abandonne, le sujet redevient un individu et dans sa chute retrouve des causes antécédentes déterminantes qu'il aurait pu transfigurer en simples conditions pour peu qu'il l'ait voulu. Ainsi, celui qui se laisse entraîner par la violence, par les passions ou par tel ou tel trait de caractère à commettre l'irréparable .