Question de méthode:
L'attention.
Attention, voici quelques pistes, mais il y en a bien d'autres!
C'est un sujet en or car votre auditoire, s'il fait attention va suivre votre propos ! Vous l'entraînerez et vous entraînerez votre professeur en même temps.
La règle d'or d'une colle: chaque que vous parlerez à votre auditoire de ce qu'il éprouve vous l'intéresserez et à partir de là vous pourrez l'amener sur vos sentiers. Comme dans une année scolaire ou dans une relation tout se joue dans le premier silence et la première parole.
Vous allez vous trouver devant un auditoire: si vous suscitez l'attention, vous avez gagné! Michel Henry conseillait de commencer par un bref moment de silence. Vous pourriez alors, pour intéresser votre auditoire et susciter leur attention leur parler d'eux, selon un aspect physiologique et selon un aspect psychologique qui, dans l'attention sont indissociables.
Par exemple, est-il possible de savoir dans cette assistance, qui fait attention et qui est distrait étant donné que l'on ne voit pas les consciences et que dans l'attention un objet est fixé spontanément ou par un effort volontaire au foyer de la conscience.
Eh bien, c'est théoriquement possible! Il existe en effet des phénomènes psychologiques communs à toutes formes d'attention. Le rythme de votre respiration, dans le meilleur des cas est actuellement ralenti et la circulation sanguine augmente dans votre cerveau grâce à une vasoconstriction de vos membres.On me répondra que je n'ai pas accès à ces mesures. Mais il y a une accommodation des yeux et même pour une vue perçante, vos oreilles se tendent vers ma parole si elle est objet de votre attention.
A partir du moment où on vous écoute, vous pouvez lancer le problème principal que vous choisissez librement, par exemple: Qui fait attention, le corps ou l'esprit?...
C'est lancé !
Pour terminer votre introduction, vous pouvez apprécier l'enjeu de votre sujet, son importance sur le plan psychologique, moral, métaphysique et ontologique. Dans tous les cas, l'attention est-elle une capture ou une aliénation ou la figure d'un dynamisme, d'une coopération, ouverture à, intérêt pour un objet, une valeur, des idées qui se clarifient de plus en plus ou même l'être en tant qu'être !
Il n'est pas interdit de dramatiser, de faire comme si l'homme risquait de se perdre, d'inquiéter votre auditoire pour l'accrocher à votre recherche par une question qui lui secoue les neurones.
Par exemple, l'attention serait-elle aliénation?
L'ouverture serait-elle du même coup fermeture, le dévoilement serait-il voilement?
L'attention serait une construction selon la royauté de l'échange intéressé?
Ou alors l'attention extrême serait-elle une prière?
Tous ces problèmes vous les résumez dans un problème que vous envoyez comme un boulet de canon sur les faces inquiétées:
l'attention comme simple figure de forces physiologiques ou comme manifestation d'une liberté?
Maintenant le chemin consistera à procéder par analyses psychologiques ou phénoménologiques qui amèneront l'auditoire fasciné (?) à envisager des solutions aux problèmes. Attention vous serez aussi jugé sur le contenu de votre intervention c'est à dire sur sa précision.
Analyse psychologique de l'attention.
Vous pouvez procéder autour d'un certain nombre de perspectives qui éclairent des aspects de l'attention. Par exemple voici un schéma possible. Au point de départ il y a l'intensité de l'excitant par rapport aux intérêts du sujet. La nouveauté joue aussi un grand rôle. Ensuite l'attitude du corps; écoutez les réactions physiologiques dont vous avez parlé dans l'introduction et qui vous ont servi à accrocher votre auditoire. A ces conditions externes se joignent des conditions internes que nous découvrent les enquêtes et l'introspection. Tout d'abord un intérêt. Dans un paysage un géologue et un peintre ne vont pas faire attention aux mêmes éléments. Vous pouvez souligner le rôle du désir (on ne voit plus que ça !).
Enfin il y a dans toute attention l'importance d'une connaissance préalable, d'une sorte d'une préperception ou d'une anticipation si vous préférez. L'effort vient se joindre à l'attention lorsque l'intérêt est insuffisant. Par exemple, une forme gracieuse, vous y faites attention sans effort. Au passage vous pouvez analyser rapidement la sympathie.
Vous avez maintenant à articuler rapidement une discussion entre la théorie physiologique et la théorie intellectualiste.
Ribot (piste de lecture...) procède à une expérience imaginaire d'un auditeur à l'Opéra: si on supprimait toutes les réactions physiologiques, il n'y aurait plus d'attention ...
Pour la théorie intellectualiste une encyclopédie devrait vous renseigner sur Wundt et Herbart. En résumé l'attention fait passer une idée de l'obscurité à la clarté grâce au concours de tout ce qui a été acquis pour déterminer le présent.
Vous pouvez alors indiquer une solution de bon sens: puisque tout cela semble coopérer, ne faut-il pas se demander quel est le facteur qui produit cette coopération? ...
Votre conclusion doit envoyer un boulet de canon, de manière sèche précise, concise dans un bilan de votre colle:
Quel était le problème, sa solution, un élargissement qui permet de faire sourire l'auditoire et de l'autoriser à relâcher son attention.
Vous l'avez compris, dans toute colle il y a une forme et un contenu. La forme est un mouvement entraînant dans lequel vous parlez avec l'aisance de celui qui a travaillé et peut tout oublier et le contenu qui doit être clair, précis, sans poudre aux yeux.
Cordialement.
Joseph Llapasset
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Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir