Donc pardonner c'est s'octroyer une superiorité sur celui que l'on pardonne, en affaiblissant l'autre au lieu de s'élever par rapport à lui. Or, celui qui assume son crime ne cherche pas à être dominé. Ce n'est que s'il demande pardon qu'il se met tacitement en position de faiblesse devant sa victime et se laisse dominer par lâcheté.
Celui qui pardonne de son côté se met en position de pouvoir sans autre critère que lui-même. Je suis sûr que nombre de gens qui ont pardonné celui qui leur a porté préjudice se sont vus répondre "j'en ai rien à foutre de ton pardon". Bush se sent-il dominé lorsqu'il entend les parents des GI's lui "pardonner" symboliquement? Il s'en lave les mains à mon avis, et c'est pour cela qu'il est, hélas! en position de pouvoir.
Cependant, si le bourreau se comporte en lâche et n'assume pas son crime, il accepte sa position de faiblesse, et perd sa dignité.
Encore une fois, seul le Tiers permet une veritable possibilité de pardon, ou du moins d'équilibre entre la victime et le fautif, en introduisant une morale exterieure et impartiale.
Le réel pouvoir n'est pas dans le fait de pardonner, mais dans celui d'assumer sa responsabilité et d'accepter le jugement extérieur. Tant qu'on reste dans le tutoiement, on s'embourbe dans une relation illusoire de domination qui ne fait qu'affaiblir les deux parties au lieu de les élever.