Le besoin nous
contraint au travail dont le produit
apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous
habitue au travail. Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l
'ennui vient nous surprendre. Qu'est-ce à dire ? C'est
l'habitude du travail en général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau,
adventice ; il sera
d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l'on a s
ouffert plus fort des besoins.
Pour échapper à l'ennui, l'homme travaille au-delà de la mesure de ses autres besoins ou
il invente le jeu, c'est-à-dire le travail qui ne doit apaiser aucun
autre besoin que celui du travail en général. Celui qui est
saoul du jeu et qui n'a point, par de nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir
d'un troisième état, qui serait au jeu ce que
planer est à
danser, ce que danser est à
marcher, d'un
mouvement bienheureux et paisible : c'est la vision du
bonheur des artistes et des philosoophes.