cela est vraiment très très interessant...
j'ai deux idées en tete, antagonistes, mais il y a quand meme des nuances. tout dépend du point de vue duquel on se place, et surtout de la vision du Bien que l'on a.
Oui faire son Bien exclut de faire le Bien. en ne cherchant que son interet propre nous pouvons nuire à autrui. etre égoiste et ne pas donner un peu de son argent à ceux qui en ont besoin c'est faire son Bien et manquer de faire le Bien. car notre interet va souvent à l'encontre de l'interet d'autrui. et tuer quelqun qui menace notre vie ce n'est pas faire le bien mais son propre bien. (quoique la finalité sera la meme, il y aura un mort dans tous les cas...). instinctivement, faire son bien revient généralement à ne pas faire le Bien, au sens du Bien de tous, de l'humanité. c'est un peu "la guerre de tous contre tous". et Rousseau disait, mais je ne suis pas sur de la citattion, "fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible" (discours sur l'inégalité...), comme si faire son bien engendre necessairement du mal à autrui.
en situation de concurrence, tout le monde cherche son propre bien, et on parle souvent de concurrence déloyale, déréglée... ici le marché est un peu comme le lieu d'affrontement de nos interet; comme des animeaux confrontent leur interet dans la nature; mais dans un monde civilisé. dans ce cadre de concurrence effrénée, il est clair que le marché ne permet pas de faire le Bien, mais à quelque uns de faire leur Bien.
Mais adam smith disait dans richesse des nations, à peu de chose près: "chaque individu, en suivant son interet propre, est amené à remplir un objectif qui ne rentrait pas dans ses intentions". c'est à dire que la main invisible de Smith fait que chaque individu en recherchant son interet personnel concours à améliorer l'interet général, sans qu'il le veuille.
mais bon, la théorie économique montrera plus tard que la main invisible de smith n'existe pas et que le marché possède des "failles", malgré la rationnalité de individus. (cf; théorie des jeux et autres...). pour smith faire son bien amène donc forcément à faire le Bien. mais la théorie économique montrera que ce n'est pas souvent le cas.
Sinon, faire son bien n'exclut pas de faire le Bien et inversement: faire le Bien nous amène à faire notre Bien. au dessus j'assimile le bien à de la richesse, de la satisfaction, de l'utilité... mais tout cela reste bien matériel et superficiel...
alors à l'inverse, etre généreux c'est perdre de sa richesse matériel; mais c'est aussi dominer son égoisme naturel et gagner un peu de liberté en ce sens, et cela concours au Bien car l'on donne à l'autre, en s'entraidant, en étant solidaire et meme parfois fraternel. rechercher la liberté c'est faire son bien, et aussi le Bien de l'humanité dans ce sens. et ca marche dans les deux sens: rechercher d'abord le Bien nous conduit à faire notre propre bien. donner de sa personne nous amène à faire le Bien, mais aussi à faire notre propre bien; a epprouver de l'amour, à se liberer de nos interet et nos passions. en quelque sorte, il faut agir en ayant à l'esprit une sorte de "double vison": à la fois percevoir son interet mais tout en percevant l'interet général, le Bien commun, ce qui est bon pour l'humanité; et ajuster l'un en fonction de l'autre et vice versa, pour arrviver au point ou le maximum de bien personnel et le maximum de Bien général se rencontre. puis agir. (ca a l'air impossible comme ca...)
Sinon pour simplifier je dirais que la maxime de Kant résume bien ce qu'est faire le Bien et donc son Bien, dans une certaine optique: agir selon que son action puisse valoir comme loi universelle. c'est l'impératif catégorique qui "ne souffre d'aucune inclinations", par lequel nous sommes libres, et nous agissons donc pour le Bien de tous.
mais c'est peut etre un peu trop "catégorique". je reprendrais une sorte de contre-exemple d'andré comte-sponville. Si la maxime "ne pas mentir" a valeur de loi morale universelle, et que nous avons le dilemme suivant à résoudre: un SS me pose une question. si je mens je sauve plusieurs vie mais je ne respecterai pas la maxime que je m'était donné. alors que faire, sachant que mentir concours ici au Bien de l'humanité?
ou autre chose: sommes-nous capable de sacrifier notre vie pour celles de beaucoup d'autre? donner sa vie pour d'autres ce n'est pas faire son bien mais Le Bien. ou pour un chrétien donner sa vie pour celles des autres c'est faire son propre bien mais aussi Le Bien.