Citation Posté par Nielsen Voir le message
Voilà exactement le type de discours tautologique, sans originalité (on peut pas tout avoir)( que dans certains aspects je rejoins néanmoins ) qui consiste comme le dit Jankélévitch à "frivoliser la mort", c'est à dire à la ravaler au sens d'un non-évènement. Visiblement, cette pensée est irritante. Elle déprécie tous les interêts de l'empirie... la tricherie, c'est appliquer la mort aux autres par un report perpétuel et un ajournement.
Kaj, il faut en faire tout un fromage justement sinon ce ne serait pas un sujet traité par de nombreux écrivains, philosophes... As-ton avis, les gens hypocondriaques, ils ont peur de quoi ? As-ton avis, pourquoi est-ce qu'on se bourre de médicaments ? Qu'est-ce qui explique cette angoisse existentielle ? Est-il vrai que personne n'a peur de la mort ? Mais il faut lire l'admirable livre de Des Forêts, ("Pas à pas jusqu'au dernier") cet écrivain immense et injustement méconnu.
Il y a quantité de gens qui ont peur de la mort, et alors ? Ce n'est pas mon problème. L'angoisse provient souvent du décalage entre confort (pire encore, confort bourgeois) et l'inconnu total que ça représente. Je n'ai pas envie de me complaire dans une auto-contemplation et dans des angoisses stériles.

Les gens qui ont peur de la mort, ça se sent dans leur comportement, dans leurs paroles, dans leurs écrits. C'est bateau, mais quand on a rien à perdre, on peut agir pleinement, penser pleinement, vivre pleinement.

Immortels, on se fouterait de tout ça, du temps qui passe, ou d'un cancer... Comment expliquer ce comportement vécu par une jeune personne : se sachant condamné par une tumeur, le gars n'arrivait pas à s'endormir de peur de ne pas pouvoir se réveiller. 1 semaine d'insomnie. Ton argument ne tient donc pas toujours.
La plupart du temps, les gens ne pensent (sincèrement) à leur propre mort uniquement quand quelque chose les y confronte. Et je ne vois pas comment l'exemple du gars avec une tumeur contre mon argument. Je connais des gens qui ont eu des crises d'angoisses au moment du sommeil et avaient peur de s'endormir. Mais ce sont des cas exceptionnels, pas la règle générale.
C'est plus facile de se booster pour les choses quand on a une épée de damoclès au dessus de la tête.

L'inexistence même de la mort au sein d'une vie toute positive n'est nullement une raison pour décréter que ce problème est un pseudo-problème.
Je n'ai pas dit que c'est un pseudo-problème. Et la mort existe de toute façon, vu qu'elle vient conclure notre existence. C'est comme ça que l'on nomme l'arrêt de l'activité vitale ou cérébrale. Il n'y a rien d'important ni de grave dans l'existence. C'est mon point de vue (je crois devoir préciser). La mort apparaît comme un gros problème a partir du moment où l'on est attaché à son corps ou à sa personnalité.

La mort existe et tout ce qui peut changer c'est notre rapport à elle.

Réfugions-nous dans l'égo transcendantal. ^^

D'ailleurs pour les tenants de la "vie après la mort", j'ai un bon argument à leur offrir : que devient un légume atteint d'Alzheimer ? N'assiste-t-on pas plutôt à une décomposition de la personnalité précédant celle du corps ?

Quant à Cioran, merci de pas dénigrer son oeuvre. J'ai cru déceler une pointe d'ironie dans l'expression "tout un programme". Il fait partie des rares génies à avoir écrit, dans une autre langue, de la littérature et il rhabille en passant pas mal de penseurs qui "stylisent" et qui prennent leur rhétorique ( leur somnifère ) pour de la réalité.
Non, non aucun mépris pour Cioran, il m'a pas mal influencé il y a quelques temps. C'est un bon corrosif. En plus j'aime beaucoup sa plume. Niveau sincérité, je préfère quand même Albert Caraco.

« La conservation d'un beau fauteuil m'importe plus que l'existence de plusieurs bipèdes à la voix articulée »

« Mais à quoi bon prêcher ces milliards de somnambules, qui marchent au chaos d’un pas égal, sous la houlette de leurs séducteurs spirituels et sous le bâton de leurs maîtres ? Ils sont coupables parce qu’ils sont innombrables, les masses de perdition doivent mourir, pour qu’une restauration de l’homme soit possible. Mon prochain n’est pas un insecte aveugle et sourd, n’est pas un automate spermatique. Que nous importe le néant de ces esclaves ? Nul ne les sauve ni d’eux-mêmes, ni de l’évidence, tout se dispose à les précipiter dans les ténèbres, ils furent engendrés au hasard des accouplements, puis naquirent à l’égal des briques sortant de leur moule, et les voici formant des rangées parallèles et dont les tas s’élèvent jusqu’aux nues. Sont-ce des hommes ? Non, la masse de perdition ne se compose jamais d’hommes » (Bréviaire du chaos)

« Nous tendons à la mort, comme la flèche au but et nous ne le manquons jamais, la mort est notre unique certitude et nous savons toujours que nous allons mourir, n'importe quand et n'importe où, n'importe la manière. Car la vie éternelle est un non-sens, l'éternité n'est pas la vie, la mort est le repos à quoi nous aspirons, vie et mort sont liées, ceux qui demandent autre chose réclament l'impossible et n'obtiendront que la fumée, leur récompense. »