Superbe devise que celle qui consiste à affirmer que tout le monde peut philosospher. Il suffit de se poser des questions.
Mais quelle erreur aussi de croire que la réminiscence peut faire tout le travail de l'apprentissage long et palpitant des méthodes de questionnement, des auteurs, des systèmes de pensée.
Pour faire de la philosophie, il ne suffit pas de se balader, ou de s'enfermer dans une cave devant un poêle.
La confrontation, le dialogue, avec des gens ou avec des livres, est une condition nécessaire à la démarche philosophique.
Combien d'étudiants, combien d'élèves, combien de parents, se sont retrouvés idiots devant la formulation d'un sujet de dissertation, incapables de l'aborder, refusant même presque d'en reconnaître la cohérence? Combien se réfugient sur internet, dans Philagora ou d'autres ressources, en espérant que quelqu'un fasse leur sujet à leur place?
Seule la lecture des auteurs est à même de faire réagir l'esprit ignorant, de provoquer en lui un sentiment de sécurité, ou au contraire de confusion qui le pousse à chercher plus loin, ailleurs.
Penser par soi-même, c'est bien beau. Penser par soi-même à partir de rien, c'est inutile, c'est idiot.
On me demande parfois à quoi servent les études de philosophie. Dans la vie professionnelle, je réponds généralement que je n'en ai aucune idée. Dans la vie intellectuelle, je réponds qu'elles donnent suffisement de matière et de connaissances pour pouvoir penser par soi-même.
La dissertation de terminale ne demande pas de penser par soi-même. Elle demande d'organiser et de synthétiser une recherche documentaire pour répondre à une question.
Je plains ceux qui dénigrent la démarche d'aller piocher chez les auteurs, et qui n'y voient qu'une recherche d'arguments d'autorité. Ils n'ont rien compris.
La recherche documentaire est déjà une manière de penser par soi-même. Mais elle, au moins, se conjugue avec l'humilité d'avoir conscience que des gens ont pensée la même chose que moi, mais l'ont bien mieux pensé.