Philosopher est un acte de la pensée qui doute de l'opinion, qui distingue l'opinion de la science, ce qui creuse un manque éprouvé, un désir de vérité et de justice.
Voir Platon: le soleil, la ligne, la caverne:
http://www.philagora.net/philo-bac/oralplat.php
L'acte de philosopher fait exister son propre temps. Mais qu'est-ce que le temps? Pour une conscience cela ressemble à un mouvement par lequel le futur se change en présent et le présent plonge dans le passé: cette forme du temps s'impose à toute conscience qui voit venir et voit passer sans cesse, comme une forme que le hasard et la nécessité remplissent. Tant qu'il n'y a pas de désir qui donne un contenu au futur, le temps ne s'ouvre pas pour moi. Sans désir, sans projet, il n'est rien dans ce temps qui vienne de moi. Mais, précisément, l'acte de philosopher a pour point de départ un manque éprouvé de la vérité et de la justice, un désir. En ce sens Socrate répète "Je sais que je ne sais rien".
Autant dire que la distinction de l'opinion et de la science est constitutive de l'acte de philosopher car elle creuse un manque: découvrir que le sensible ne nous donne pas l'essence, ce que la chose est, produit un mécontentement devant la découverte qu'on ne sait pas et en même temps le désir de savoir, le désir de la vérité: un tel désir ouvre un futur, celui de l'enquête: la recherche de la vérité et de la justice fait bien exister un contenu du temps comme organisation, rythme approprié à la recherche de la vérité. Par exemple Socrate exige toujours que l'on prenne son temps, le temps du dialogue et de la maïeutique, le temps qu'exigent les détours nécessaires à la recherche. C'est donc bien une appropriation du temps, un temps propre que l'acte de philosopher fait apparaître
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir