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Discussion: République et vertu

  1. #1
    clarinette Guest

    Par défaut La Republique

    Pouvez vous m'expliquer la différence entre la définition de la république d'après Hugo fondée sur des évènements historiques et celle de Kant qui semble trés litteraire et puis surtout
    République et vertu
    merci

  2. #2
    lucie1 Guest

    Par défaut

    J'ai quelque chose sur République et vertu.
    A toi de rapporcheer ces idées des 2 auteurs Hugo et Kant, mais je pense que cela t'aidera à comprendre:
    République et vertu


    Introduction
    La vertu est habituellement définie comme la disposition à faire le bien et à éviter le mal. Elle a donc une connotation morale. On peut se demander en quoi la vertu est liée avec la notion de République, du latin Res Publica, la chose publique. Si il est difficile de trouver un lien entre ces deux notions si on prend le mot république au sens de forme de régime politique. En revanche, la République est considérée comme l’ensemble des caractéristiques des bons régimes politiques, alors la vertu fait-elle ou non partie des critères essentiels de la République?

    Aristote : Ethique à Nicomaque
    La vertu est d’abord définie comme " une disposition (...) ce qui produit cette perfection " (chap. 6 : 1 et 2). La vertu serait donc ce qui permet à un objet de réaliser de la meilleure façon possible la fonction pour laquelle il est fait.


    L’essence de la vertu est la moyenne. Elle est " l’intermédiaire entre l’excès et le défaut ". La vertu se caractérise donc par le juste milieu entre l’excès et le manque de certains éléments. Mais la vertu ne se réduit pas à cette valeur moyenne en ce qui concerne la vertu humaine. En effet, la moyenne n’est pas absolue, elle dépend du contexte et des hommes. La moyenne est donc différente pour chaque individu. Elle doit donc être mesurée " par rapport à nous ". (chap. 6 : 8).


    La vertu humaine se propose d’atteindre la " sage moyenne ". Cette vertu concerne non seulement les actions mais également les passions. Si les actions et les passions d’un homme sont soumises à la mesure, alors cet homme est vertueux. Ce qui suppose que la vertu n’interdit pas les passions, mais seulement leur excès ou leur défaut. Cependant, si la vertu ne s’oppose pas aux passions, elle impose tout de même une certaine mesure qui peut elle seule permettre d’atteindre le bien. Ainsi, " Il n’est qu’une façon d’être bon, il y en a mille d’être mauvais ".


    La vertu impose donc un discipline du juste milieu, de l’équilibre perpétuel dans les actions des hommes. La vertu est la mesure dans toute actions ou passions humaines ; mais elle se mesure aussi grâce aux passions et aux actions humaines. Elle n’est pas simplement un modèle théorique mais un principe d’action. En cela, la vertu n’est pas une donnée de la nature pour chaque homme mais " une disposition acquise volontaire ". La vertu suppose donc des efforts et une attention toujours présente. De plus, elle est fondée sur l’usage de la raison. La mesure sera en effet trouvée en référence à un homme rationnel.


    Cependant, certaines passions et certaines actions sont par nature vertueuses ou mauvaises quelle que soit la mesure qu’on leur applique. Certaines actions sont par nature mauvaises, il est en ainsi de l’envie, de l’impudence, du vol... Certaines actions sont bonnes comme le courage et la compétence, et leur appliquer une mesure n’est pas possible. La vertu se confond alors avec le meilleur.


    Montesquieu : extraits
    Montesquieu dès la prépréface De l’Eprit des lois précise qu’il entend par vertu, vertu politique et non morale et elle est le " ressort du régime républicain ". Cette vertu n’est pas religieuse ou morale, même si certains éléments de cette vertu pourraient se retrouver dans la religion ou dans la morale comme la justice avec son prochain, le refus de la vengeance...Cette vertu est avant tout politique car elle se définit par " l’amour de la patrie, c’est à dire de l’égalité ". Le mot égalité est ici retenu au sens de l’égalité politique. La vertu n’existe pas seulement dans la démocratie mais aussi dans l’aristocratie : ces deux régimes sont les régimes républicains. Contrairement à Aristote, la vertu est attachée au fonctionnement d’un régime (La République).


    En effet, la vertu est consubstantielle aux régimes républicains qui ne peuvent agir ni se maintenir sans vertu. " Lorsque, dans un gouvernement populaire, les lois ont cessé d’être exécutées, et comme cela ne peut venir que de la corruption de la république, l’Etat est déjà perdu ".(L III chap. III) Il est donc impossible d’imaginer une démocratie perdurer en l’absence de vertu. Dans une démocratie, le peuple doit avoir le sentiment de l’intérêt général, être en mesure de renoncer aux intérêts particuliers pour servir la collectivité. La philia est le lien qui unit les citoyens et qui explique leur intérêt pour la chose publique, elle est absolument nécessaire. La vertu ne fait pas alors simplement appel à la raison pour déterminer la conduite humaine, comme pour Aristote, mais elle fait appel également au sentiment, à la sensibilité, aux passions.


    Ainsi dans les Lettres persanes, Montesquieu montre en quoi le sacrifice de soi-même par rapport aux autres, la pitié et l’entraide sont nécessaires à la survie même d’un peuple. La vertu n’est pas une contrainte, elle doit être considérée comme naturelle. Cela nécessite que l’éducation non seulement au sein de l’Etat mais aussi dans chaque famille soit tournée vers la culture de ces liens et le respect des autres. Ainsi, il décrit l’attitude des pères avec leurs enfants : " ils leur faisaient surtout sentir que l’intérêts des particuliers se trouve toujours dans l’intérêt commun ". (Lettre 12) La vertu repose aussi sur une certaine simplicité et sur une certaine frugalité qui évite la corruption et l’envie mais également, Montesquieu insiste sur la place de la religion chez les Troglodytes. On peut penser que la religion peut être un facteur de lien social et, par là même, être favorable au renforcement de la philia. Elle est ainsi ce qui permet de définir les libertés par le respect des lois, elle suppose donc que ces lois soient fondées sur la justice.


    Dans une aristocratie, la vertu n’est pas nécessaire pour le peuple car il doit simplement se plier aux lois. En revanche, il faut qu’il existe de la vertu pour les gouvernants, en petit nombre. En effet, " autant il est aisé pour ce corps ( les aristocrates) de réprimer les autres, autant est-il difficile qu’il se réprime lui-même ". (L III chap. IV) Seule l’existence de la vertu peut permettre cette modération. On retrouve l’idée d’Aristote du juste milieu et de la modération comme caractéristique essentielle de la vertu.


    Quant à la monarchie ou à la tyrannie, elles ont d’autres modes de fonctionnement et peuvent se passer de vertu. " L’Etat subsiste indépendamment de l’amour de la patrie, du désir de la vraie gloire, du renoncement à soi-même " (L III chap. V). Les lois remplacent la vertu. Si le gouvernement est mauvais, le roi peut le changer sans que cela ne porte atteinte à l’essence du régime. Ce qui remplace la vertu comme ressort du régime est l’honneur, c’est à dire la recherche de la reconnaissance personnelle dans la société.


    Cependant, les principes ainsi définis peuvent se corrompre en ne respectant pas la règle du juste milieu et de la mesure en ce qui concerne l’égalité. Si l’esprit d’inégalité règne, alors la démocratie fondée sur cette idée disparaîtra au profit de régime où le gouvernement est plus restreint.


    Si l’égalité est trop excessive entre le peuple et son gouvernement, le peuple ne respectera plus le gouvernement et ne voudra plus se soumettre aux lois qui pourtant fondent la liberté. Ainsi, la vertu est définie comme une valeur du milieu, de la sagesse " la place naturelle de la vertu est auprès de la liberté mais elle ne se trouve pas plus près de la liberté extrême, qu’auprès de la servitude ".( L VIII chap. III). Il n’y aura donc plus de vertu alors que cette dernière est consubstantielle à la République. La République disparaîtra nécessairement. Cet excès dans l’égalité peut être du à la corruption du peuple par des gouvernants eux-mêmes corrompus. Plus le peuple sera corrompu, plus la philia en sera affectée car il n’y aura plus d’idée de sacrifice de soi-même pour les autres. Chacun veut donc réaliser ses propres désirs et la société devient anarchique, c’est le retour à l’état de nature puisqu’il n’y plus aucune loi qui soient respectée et qui définisse la liberté.


    La corruption des principes de gouvernement détruit ce dernier et rend les lois mauvaises. Seule l’amour de la partie peut empêcher cette corruption. Quand la République est corrompue alors les lois sont nécessairement mauvaises même si la forme de gouvernement subsiste. Dès lors comment conserver les principes de chacun des régimes ? D’après Montesquieu, le régime peut éviter la dégénérescence grâce à l’étendue du territoire. Ainsi, " Il est de la nature d’une république qu’elle n’est qu’un petit territoire ". ((L VIII chap. XVI). En effet, cela permet d’éviter de trop grandes inégalités sociales et de rendre les institutions et la définition du bien commun plus accessible à tous, plus proche des citoyens. Montesquieu se réfère à des idées sur la démocratie grecque ou romaine. Plus le territoire est petit, plus les liens entre les citoyens, la philia, sont facilités. L’étroitesse du territoire est également le moyen d’assurer la mesure.


    La corruption des régimes tient aussi à la difficulté de toujours respecter la vertu sans que celle-ci ne soit imposée par les lois mais par l’éducation. Dans les Lettres persanes, le vieillard troglodyte sait que le désignation d’un chef est la marque d’un penchant vers la paresse des citoyens. Cette apathie les conduit de la démocratie jusqu’à la tyrannie sans qu’ils soient en mesure de réagir.


    Dans Considération sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence Montesquieu analyse les causes de la dégénérescence d’un régimes qui fut tellement puissant. La cause essentielle est l’esprit de conquête qui a détruit la vertu. Tout d’abord les conquêtes ont provoqué la dilution du peuple romain parmi les peuples conquis, elle a donc provoqué un détérioration de l’amour de la patrie et donc du lien social. " La ville déchirée ne forma plus du tout un ensemble ".


    Or, cet amour de la patrie est essentiel pour que la liberté d’opinion puisse se concilier avec le bien général, c’est lui qui permet "union d’harmonie ". En l’absence de philia, il n’y avait plus de possibilité d’exprimer son opinion que par la violence. Il y eut donc de nombreuses guerres civiles.


    Les conquêtes ont ensuite provoqué la corruption du régime car l’étendue du territoire a permis que la corruption reste secrète. La corruption concerne plus " le coeur des romains " que leur raison. Mais cette corruption est provoquée par l’enrichissement de quelques uns qui a générer l’envie de la part des plus pauvres et l’avarice de la part des plus riches. La question du partage disparaît donc des mentalités. Le mécanisme décrit dans L’esprit des lois fonctionne : les citoyens conduits par l’envie, leurs intérêts particuliers, et la paresse délaissent leur pouvoir. Ils le confient à des dictateurs et se transforment en soldat. En effet, les guerres civiles sont nombreuses et la défense des idées se fait avec les armes.


    Rousseau : Le contrat social
    " Rien n’est plus dangereux que l’influence des intérêts particuliers dans les affaires publiques ". On retrouve l’idée de Montesquieu selon laquelle les intérêts privés doivent toujours être soumis au bien commun. Sans cela il est impossible de concevoir l’amour de la patrie. L’intérêt général doit toujours primer surtout dans une démocratie. Cependant, qu’il " n’a jamais existé de véritable démocratie " (L III chap. IV). En effet, il semble impossible d’imaginer le gouvernement constant de tous par tous en raison du nombre mais aussi en raison de toutes les qualités que le fonctionnement d’un régime exige.


    Les conditions de réalisation de ce régime regroupent un certains nombre de critères que Montesquieu a réunit pour définir la vertu et les conditions de son maintien : un petit nombre de citoyens, une simplicité des moeurs, une faible disparité de la distribution de la richesse, une certaine frugalité. On peut remarquer que ces critères sont fondés sur l’idée d’une modération et du juste milieu. Le critères de la moindre inégalité de richesse rappelle l’éloge que fait Aristote dans La politique, sur le régime des classes moyennes.


    Cependant, si Rousseau s’inspire de Montesquieu, il lui adresse une critique en remarquant que la vertu n’est pas la condition d’existence de la République seulement mais de toute forme de régime. En effet, quelle que soit la forme du gouvernement la souveraineté réside en dernier lieu dans le peuple. Sans vertu, sans amour de la patrie, il n’y a plus de raison d’être pour l’Etat et la société sur laquelle il est fondé.


    " S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement ". (L III chap. IV). Par cette phrase Rousseau montre que non seulement la démocratie ne s’est jamais réalisée mais qu’elle ne se réalisera sans doute jamais car elle requiert un surplus de vigilance pour être maintenue et que la République se maintienne. Le peuple doit donc faire des efforts constants pour maintenir la vertu et les conditions de la démocratie.


    Un bon régime politique n’est donc pas nécessairement la démocratie qui n’est qu’un modèle impossible à appliquer dans la réalité. Dès lors, le meilleur régime est celui qui s’adapte au bien commun et qui permet " la conservation et la prospérité de ses membres ". Or, un régime politique ne peut réaliser cet objectif sans vertu. En effet, elle est ce qui permet d’unir le peuple et de concilier la liberté individuelle avec le bien commun. La vertu renforce l’union du peuple. Pourtant, il semble qu’elle soit insuffisante pour éviter la dégénérescence. En effet, la rupture du traité social est " le vice inhérent et inévitable qui dès la naissance du corps politique tend sans relâche à la détruire ". Rousseau est donc extrêmement pessimiste quant à la possibilité de voir triompher durablement la vertu sur le resserrement de l’Etat ou sa disparition. En effet, Rousseau pense que la vertu nécessite un apprentissage et des efforts constants qui se relâchent inexorablement. Dès lors, soit le gouvernement se resserre, soit l’Etat disparaît. La rupture du contrat social s’explique par le manque de vertu : les gouvernants oublient qu’ils ne sont que les représentants du souverain et abusent de leur pouvoir en commun. Il peut également arriver que les gouvernants ne s’occupe plus que de leur propre intérêt non plus en tant que corps mais en tant qu’individus, il n’y a alors plus d’ordre.

    Vertu et République sont donc liées. Il semble difficile d’envisager l’une sans l’autre. Aujourd’hui, le lien social se desserre et on peut se demander si la vertu n’est pas en train de disparaître non seulement dans le peuple mais aussi dans la classe politique au sens de vertu morale (les affaires en France mais surtout en Italie sont le preuve de l’importance le la vertu dans une République).

    A+ Lucie

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