Bonjour,
je trouve cette conversation assez intéressante, mais il y a quelque chose qui me chiffonne : qu'est-ce qui rendrait selon vous davantage légitime l'utilisation dans un contexte de recrutement l'utilisation de la graphologie plutôt que, par exemple, l'astrologie. Car la graphologie, me semble-t-il, et ce au même titre que la psychanalyse sur qui elle prend plus ou moins modèle, n'est pas plus une science que l'astrologie. La graphologie est, et vous l'avez bien souligné, affaire d'interprétation, et en ce sens, elle ne peut pas aboutir à des vérités mais seulement à créer du sens, sans que ce soit vrai ou faux. Vous présupposez que dans l'écriture se manifeste l'inconscient, et vous appuyez pour cela sur des textes de Freud. Malheureusement, il ne suffit pas d'avoir lu (même "tout" lu), Freud pour prétendre sonder l'écriture. Et quand bien même vous maîtriseriez la psychanalyse (proposition qui n'a aucun sens car la discipline est, précisément, "pluridisciplinaire"), comment vous assurez du degré d'efficacité de la méthode? Le problème, au fond, et c'est cela qui me dérange et que je trouve injuste (révoltant?), c'est que vous placez l'avenir professionnel (et forcément plus) de personnes entre les mains d'une méthode dont certains (et quelques des analyses données sur ce forum me le confirment) font un usage digne des analyses psychologiques que l'on retrouve chez les spectateurs de "C'est mon choix", lesquels ont dû lire durant leur année de Terminale deux pages de l'Introduction à la psychanalyse de Feud et s'imaginent dès lors pouvoir dresser un profile psychologique de la personne en question ; les rechercheurs d'emploi sont donc dépendants -commes pris en otage...- d'une méthode qu'ils n'ont pas eux légitimée, et qui n'a sur, le plan intellectuel, aucune légitimité. Et quand bien même elle serait légitimée par des pseudos-théories (l'astrologie aussi possède une doctrine très complexe), on sait que tout est faussé : vous voyez bien qu'un tel sur ce forum a eu un emploi parce qu'il s'est entraîné à écrire dans les cases, obtenant de manière très artificielle un emploi là où un autre aurait été davantage "méritant" (s'il m'est permis de m'exprimer ainsi) pour le poste. Il y a tellement de livres de vulgarisation que de telles théories ne veulent plus rien dire. Il y a l'inconscient, me direz-vous...inconscient dont on ne sait absoluement rien et qui est avant tou une hypothèse de travail... Je terminerai d'ailleurs sur cette proposition de Nasio (psychanalyste contemporain et dont les thèses, on peut l'espérer, dépassent au sens noble celles de Freud) dans ses Leçons sur la théorie de Lacan: "Il n'y a pas d'inconscient hors de la cure psychanalytique" (je cite de tête et ne promets pas l'exactitude). Quelle place accorder alors à la légitmité de la graphologie dans les tests de recrutement si alors précisément l'écriture ne dit rien de l'inconscient ?
Fabrice (qui ne signe que de son prénom, lui-même différent de son pseudo...Schizophrénie?...)