Pour débuter votre recherche:
l'homme civilisé a fait l'échange d'une part de bonheur possible
contre une part de sécurité". Freud.
Civilisé signifie ici cultivé, modelé par la totalité des oeuvres et
des organisations qui ont pour conséquence d'éloigner d'un état animal
premier et pour fin la protection contre les menaces de la nature et la réglementation
des relations des hommes entre eux (Malaise dans la civilisation,
PUF , page 37)
Parce qu'elle repose sur un renoncement, aux pulsions instinctives, un
renoncement à la libido, certains considèrent que l'homme donne, abandonne une
part de bonheur et reçoit une part de sécurité. Il s'agirait bien d'un
échange.
Ceci non seulement sur le plan de l'eros (en contrepartie d'une union
indissoluble, du renoncement à la sexualité comme source autonome de plaisir)
mais aussi et surtout sur le plan de l'agressivité dont Freud a été le
témoin horrifié entre 1914 et 1918: penchant à exploiter, violer, martyriser
ce qu'on appelle le prochain, au point que la société de la culture est sans
cesse menacée de désagrégation, par une agressivité propre à chacun. La
conséquence de l'essence de la civilisation est qu'elle rend le bonheur
difficile sinon impossible car le maintien de la civilisation exige le sacrifice
d'une part de bonheur possible: or le bonheur implique la plénitude d'une
satisfaction complète (voir page 75).
Certains feront remarquer que, un tel échange n'a rien à voir avec la liberté
d'un don, d'une réciprocité mais s'enracine plutôt dans une nécessité,
celle d'une répression, d'une contrainte. On peut donc se demander s'il s'agit
bien d'un échange.
=> "Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns
contre les autres, la société civile est constamment menacée de ruine."
D'où l'insécurité: la sécurité exigeant l'abandon d'une part de bonheur, du
plaisir d'humilier autrui par exemple.
Un plan en trois parties est possible:
la première partie expliciterait la pensée de Freud par rapport au contexte.
La deuxième partie en soulignerait l'intérêt et en même temps les
conséquences dramatiques en ce qui concerne la guerre perpétuelle.
Dans la troisième partie vous pourriez instaurée un dialogue fructueux avec la
lecture de deux auteurs qui ont compris Freud mais qui ne l'ont pas suivi dans
son pessimisme:
Reich nie l'existence de cette agressivité.
Marcuse, aussi
D'où trois pistes de lecture: Freud, Malaise dans la civilisation,
PUF (au sens de culture)
WW. Reich; L'Irruption de la morale sexuelle
et surtout Marcuse, Eros et civilisation, Minuit pages 15, 16, 213,
214. Marcuse pose la bonne question.
Bon courage pour ce sujet intéressant car il permet de réfléchir sur
l'échange et sur la guerre.
Joseph Llapasset
ps; le mérite de Freud c'est de ne pas fermer les yeux devant la multiplicité
des conduites qui semblent bien inhumaines et qui consistent à faire souffrir,
et à prendre du plaisir dans la souffrance d'autrui. Voir cette page http://www.philagora.net/ph-prepa/echange/creancier.php
: Voyez par exemple l'importance actuelle du harcèlement moral. Mais on n'a
rien inventé: que ne supporte pas un apprenti, un ouvrier, certaines personnes
dans l'enfer quotidien de leur bureau. C'est incompréhensible, c'est plus que
de la bêtise c'est du plaisir éprouvé à humilier. La position de Freud
semble très forte.
Au Moyen Âge, on commençait à torturer pour faire avouer, puis on torturait
parce qu'il avait avoué et enfin on le ranimait pour le tuer proprement ... et
cela officiellement jusqu'à, si je ne me trompe, Louis XVI qui a aboli la
torture dans l'exercice de la justice. Pourtant Montaigne avait crié longtemps
avant: la torture est plus une épreuve de patience que de vérité.
http://www.philagora.net/ph-prepa/echange/index.php
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Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir