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Discussion: Sur L'infini. .KANT , trois traduction à scruter?

  1. #1
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    Par défaut Sur L'infini. .KANT , trois traduction à scruter?

    La prestigieuse revue "Sciences et avenir " publie un entretien avec mr J-M Besnier qui me laisse perplexe et m'incite à me retourner vers quelques pages de Philagora ,
    Le Hibou '








    ]Comment Kant veut-il faire une place à la foi ?

    Kant, Critique de la raison pure, préface de la deuxième édition, page 24. Comparons ces trois traductions.
    a) "J'ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la croyance" traduit Barni
    b) "Je dus donc abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance" traduisent Tremesaygues et Pacaud.
    c) "Il me fallait donc mettre de côté le savoir afin d'obtenir de la place pour la croyance." traduit A. Renaut

    - D'un côté abolir, supprimer; de l'autre mettre de côté.
    - D'un côté, obtenir une place, obtenir de la place; de l'autre substituer

    Dans tous les cas, comprendre que Kant limite le savoir et promeut la croyance. L'un ( la croyance) ne peut aller sans l'autre(la limitation des prétentions du savoir à tout régenter). Pour Kant, le savoir dogmatique est l'origine de toutes les critiques contre la croyance (la foi) et donc l'origine de l'incrédulité. En attaquant victorieusement le savoir dogmatique, il libère la croyance des critiques injustifiées. Il s'agit de distinguer le théorique et le pratique que la métaphysique dogmatique confondait au point de vouloir déduire le sensible de l'intelligible.

    Reprenons nos trois traductions et cherchons ce qu'elles veulent nous suggérer:
    a) La croyance ne serait-elle qu'un pis-aller pour consoler celui qui regrette de ne pas savoir? L'accent serait mis sur la lucidité.
    b) Abolir le privilège du savoir c'est faire un acte de justice pour donner à la croyance une place méritée. L'accent serait mis sur la foi.
    c) La traduction de A. Renaut a le mérite d'allier le souci de justice (= la croyance mérite de la place) et de corriger ce que pourrait avoir d'excessif le "supprimer" du a) sans pour cela perdre le sens d'abolir.
    Bien noter que a) et b) sont de bonnes traductions: Barni insiste sur la lucidité de Kant (l'homme ne peut connaître que des objets construits) alors que Tremesaygues et Pacaud mettent l'accent sur la foi de Kant. Les deux sont bonnes parce que Kant allie lucidité et foi.

    Kant limite le savoir (nous ne pouvons pas avoir une intuition intellectuelle du monde sensible puisque nous n'atteignons que des objets construits: l'expérience sensible ne saurait nous faire accéder au monde intelligible). Loin d'avoir son principe dans le monde intelligible, le monde sensible a sa propre rationalité (le déterminisme) qui ne relève pas de celle du monde intelligible. Nature et liberté sont à distinguer radicalement.
    Cela implique un dualisme du sujet, de l'homme: comme phénomène, l'homme est soumis à la causalité et donc aux lois régissant l'expérience; comme sujet moral il exerce la liberté de se déterminer lui-même par la représentation de lois que sa raison détermine. Savoir, ou plutôt connaissance, et croyance sont alors conçues comme deux dimensions irréductibles du sujet humain. Vouloir appliquer à l'une les règles valables pour l'autre c'est se noyer dans la confusion.

    => Concluons que toute propédeutique à une enquête sur le thème de la croyance commence bien par la lecture de Platon et de Kant


    Joseph Llapasset, le hibou du site.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #2
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    Par défaut Platon et Kant. La croyance

    - Platon, La république, fin du Livre VI et début du livre VII (lien ouverture nouvelle fenêtre)

    - Platon, Gorgias 454 e
    Comparons ces deux traductions d'un même texte:
    "Pourtant il est vrai que ceux qui savent sont convaincus et que ceux qui croient le sont aussi." (traduit Monique Canto, Gorgias, ed. GF Flammarion, n° 465, page 140)
    "Il est bien certain pourtant qu'ont été persuadés, aussi bien ceux qui ont appris et qui savent que ceux qui ont eu confiance et qui croient." (traduit Léon Robin, Pléiade, Tome I page 386)
    D'où un problème, comment distinguer ceux qui croient et ceux qui savent puisqu'ils ont acquis une conviction.
    La deuxième traduction nous permet de répondre car elle nous donne l'origine: ceux qui savent ont appris, ceux qui croient ont simplement eu confiance. Par exemple, en ce qu'ils entendaient , en ce qu'ils voyaient. (= opinion).

    Ces deux traductions du même textes se complètent: alors que Monique Canto "ramasse" le sens dans une formulation concise, claire et distincte, Léon Robin s'efforce de suivre avec fidélité le texte grec et la pensée de Platon. (Quoiqu'il en soit on préfèrera persuader pour la croyance et convaincre pour le savoir. En effet la croyance est un sentiment de conviction qui relève de la persuasion).
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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