Le langage instrument de notre soumission? (François Palacio)
Le langage qui nous donne seul accès à la maîtrise de nos pensées et l'accès à un monde commun, loin d'être l'instrument docile d'une communication immédiate, se donnerait bien plutôt comme l'instrument de notre soumission : soumission à l'ordre de la règle énonciatrice, soumission à l'aliénation inconsciente de notre moi au jeu de l'inconscient, soumission à un discours anonyme qui nous parle et que nous ne pouvons revendiquer qu'en nous en faisant le pantin. Seul sursaut de liberté dans ce constat navrant nous est apparue la poésie, elle qui triomphe du langage en le conduisant jusqu'aux limites de son pouvoir. Mais elle aussi achoppe à la possibilité d'une communication advenue entre sujets libres, sitôt qu'elle reprend le chemin de la quotidienneté. Et pourtant en filigrane nous est apparue la nécessité du penser éclairé, non sur lui-même mais sur les préjugés naïfs qui l';empêchent de se connaître comme ne se connaissant pas. Comme le roi Midas, le langage transforme ce qu'il touche en l'or qui ne sert qu';à son échange. Mais alors nous apparaît une possibilité. Celle du médecin qui au lit du sujet moderne interroge et discerne les symptômes du délire. La généalogie nietzschéenne ne visait pas autre chose lorsqu'elle interrogeait : « qui parle ? », c';est à dire qui évalue ou a évalué le sens de ces mots, quelle est la nature du vouloir qui a donné réalité à ce phénomène en le nommant ? Les épigones d'Adam sont des anonymes qui nous ont laissé en partage des significations dont nous ignorons la provenance. Voilà qui devrait nous faire douter de la transparence du langage. Voilà qui devrait nous laisser songeur sur l'instrumentalisation du langage et du pouvoir qu'il peut communiquer sans se dire.


Conséquence?


François Palacio

(agrégé philosophie)


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