+ Répondre à la discussion
Page 1 sur 2
1 2 DernièreDernière
Affichage des résultats 1 à 10 sur 12

Discussion: A relire la veille de l'écrit....La caverne est une image de la ligne.

  1. #1
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Smile Tout le programme en quelques pages!

    Voir ci-dessous dans les derniers post et, à utiliser dans une des parties de votre dissertation.
    .
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #2
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut A relire la veille de l'écrit....La caverne est une image de la ligne.

    Platon vient de parler d'une ligne

    Voici le texte qui précède la caverne:Thèmes concernés: la philosophie, la connaissance et la raison, les mathématiques.

    Introduction:
    Racines et apports:
    Platon se pose, en réfléchissant sur deux penseurs qui s'opposent: Héraclite (tout coule) et Parménide (seul l'Être est).
    Sa rencontre avec Socrate est un choc qui provoque une conversion. Platon se tourne vers la recherche de ce qui est vraiment utile, de ce qui importe, de ce qui est réellement, des essences ou Idées auxquelles les phénomènes participent, ce qui les sauve en leur donnant un sens.
    L'apport de Platon , en dépit de nos modernes sophistes,est immense au point que beaucoup le considèrent comme l'inventeur de la philosophie, comme un conquérant qui chemine vers les idées, ces trois éclats du Bien ,(le Vrai, le Juste, le Beau) , le Bien, ce qui ne manque de rien.



    "Prends, par exemple, une ligne sectionnée en deux parties, qui sont deux segments inégaux; sectionne à nouveau, selon le même rapport, chacun des deux segments, celui du genre visible comme celui du genre intelligible.

    Ainsi, eu égard à une relation réciproque de clarté et d'obscurité, tu obtiendras, dans le visible, ton deuxième segment, les copies par copies, j'entends premièrement les ombres portées, en second lieu les images réfléchies sur la surface de l'eau ou sur celle de tous les corps qui sont à la fois compacts, lisses et lumineux, avec tout ce qui est constitué de même sorte. Je suppose que tu me comprends. -
    Mais oui, je te comprends.
    Pose alors l'autre segment auquel ressemble celui-ci, les animaux de notre expérience et, dans son ensemble, tout le genre de ce qui se procrée et de ce qui se fabrique.
    Je le pose, fit-il. -
    Accepterais-tu en outre, repartis-je, de parler d'une division du visible sous le rapport de la vérité et de l'absence de vérité? Ce que l'opi
    nable est au connaissable, la chose faite en ressemblance le serait à ce dont elle a la ressemblance? -
    Je l'accepte, dit-il, et de tout coeur!

    - Examine maintenant de quelle façon aussi la section de l'intelligible devra, à son tour, être sectionnée. De quelle façon? De cette façon dans une des sections de l'intelligible, l'âme, traitant comme des copies les choses qui précédemment étaient celles que l'on imitait, est obligée dans sa recherche de partir d'hypothèses, en route non vers un principe, mais vers une terminaison ; mais, en revanche, dans l'autre section, avançant de son hypothèse à un principe anhypothétique, l'âme, sans même recourir à ces choses que justement dans la première section on traitait comme des copies, poursuit sa recherche à l'aide des natures essentielles, prises en elles-mêmes, et en se mouvant parmi elles."
    Platon, La République Livre VI


    1- Construction d'une ligne, divisée en deux sections.

    2- Le visible: et la croyance
    a) Les ombres, les reflets, les images:illusion
    b) Les vivants, les objets fabriqués: croyance

    3- L'intelligible
    a) La raison mathématique et la raison expérimentale. Elles descendent d'une hypothèse vers une conclusion.
    b) La dialectique.

    Présentation du texte:
    .Socrate vient de distinguer le visible et l'intelligible: dans le visible règne l'opinion l'intelligible est le lieu de la Science.
    Dans ce texte, grâce au sectionnement d'une ligne, Platon distingue 4 modes de connaissance (états de l'âme) correspondant à 4 genres d'objets.

    - la conjecture avec comme objets les reflets, les images, les ombres.
    - la croyance avec pour objets les vivants, les objets fabriqués, "et pour limite la certitude" - La raison mathématique avec pour objets les postulats et les définitions.
    - Enfin la dialectique est l'intelligence, la science des formes intelligibles, des Idées.

    =>. La caverne est une image de la ligne.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #3
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Smile Ceci n'est pas un manuel Langage et communicationl

    II)



    LA VÉRITÉ ET LA CROYANCE

    On oppose souvent vérité et croyance dans la mesure où la vérité exige la clarté, la cohérence, un caractère d'objectivité: elle est partagée par tous grâce à des démonstrations et à des preuves. Montaigne écrit que la vérité doit avoir un visage pareil (ne pas changer dans le temps) et universel (être partagée par tous). En opposition à cela, chacun revendique le droit d'avoir des croyances particulières, d'avoir accès à une vérité du cœur qui n'exige ni preuve ni démonstration. Après tout un sentiment s'éprouve et ne se prouve pas par autre chose que lui: il est sa propre preuve. Le problème revient à demander si la vérité n'est pas elle même une croyance, la croyance à une valeur. Pourquoi voulons-nous la vérité? Cela exige-t-il le dépassement de toute croyance au risque de perdre la possibilité de rechercher la vérité elle-même= problème.



    Idée = En effet, la vérité est une idée, un horizon, un idéal qu'on poursuit en faisant des enquêtes pour produire des affirmations de mieux en mieux justifiées. C'est plus un principe régulateur qui permet un perfectionnement continu de nos concepts qu'une réalité que l'on pourrait posséder. L'ambiance de la science n'est-elle pas le provisoire? Quant aux certitudes du cœur, elles ne sont justifiées que pour celui qui les éprouve, ce qui ne leur donne pas un caractère d'objectivité.

    Correspondance = La définition de la vérité comme l'accord entre un discours et la réalité est une définition parfaite pour des êtres parfaits. Si une connaissance est parfaitement ajustée à la réalité, il est bien évident que toute croyance est exclue de cette connaissance. Mais encore faudrait-il atteindre directement la réalité. Kant nous a dit qu'une connaissance doit être ajustée à son objet: or l'objet n'est la réalité. C'est une construction dans laquelle le sujet ne retrouve que ce qu'il y a mis. Dans ces conditions la définition de la vérité comme adéquation de la chose et de l'esprit, correspondance, n'est pas pour nous êtres raisonnables sensiblement affectés. De ce fait, nous ne pouvons exclure la croyance de notre connaissance.

    Cohérence = L'admiration pour la rigueur des enchaînements dans un discours, des déductions en géométrie , a été très grande. Est-ce à dire que la cohérence assurée par la tautologie (d'un élément à l'autre, on dit la même chose, ce qui permet de descendre des définitions à ce qu'on veut démontrer) marque le triomphe de la vérité et l'exclusion de la croyance. Ce serait oublier que tout raisonnement mathématique s'appuie sur des axiomatiques, des sortes de postulat qu'il faut admettre sans démonstration comme le remarque Platon dans votre texte d'oral. D'autre part un discours cohérent ne correspond pas toujours à l'expérience, à ce qui se passe. Enfin, un tel discours doit sa cohérence et son universalité à l'exclusion des particularités.
    En conséquence, il est impossible de dire que la cohérence exclut la croyance puisqu'elle s'appuie sur elle comme un point de départ du raisonnement déductif, et l'apparente exclusion de la croyance au cours de la déduction vient tout simplement de ce qu'elle ne sait plus de quoi elle parle (X ou Y ...)

    Obstacles = Bien souvent les croyances sont des obstacles à la recherche de la vérité. en effet: celui qui croit savoir pourquoi voulez-vous qu'il cherche?

    Opinion. Affirmation provisoire. Foi = Un effort de distinction s'impose:

    a) Tout d'abord prenons le cas de la crédulité ou de l'opinion qui transforme ses désirs en connaissance (revoir Bachelard) : c'est toujours un obstacle parce que, celui qui croit à ce qu'il entend et à ce qu'il voit, croit en fait à des représentations sensibles, à sa conscience immédiate: je vois le ponde tel que je suis comme si la vérité était donnée. (Par exemple, je l'ai vu 10 fois cette année, je le connais).
    En ce sens, l'opinion est toujours un obstacle à la recherche de la vérité.

    b) La croyance peut être une affirmation provisoire: c'est alors une croyance reconnue par la raison: ce n'est plus une évidence, une vérité. C'est une hypothèse dont le caractère hypothétique est reconnu. Cette affirmation provisoire devient une étape de la connaissance, d'une sorte de marche asymptotique vers la vérité: si je suppose ( je crois provisoirement) que la lumière est formée d'ondes, je crois pouvoir produire des interférences avec la lumière. Une telle croyance, habitée par le doute, me permet de construire une expérimentation. C'est un chemin que l'on emprunte toujours prêt à abandonner l'affirmation provisoire , s'il y a une contrainte expérimentale.

    c) La foi, c'est un engagement personnel qui fait exister pour nous une personne à qui on reconnaît une valeur: c'est un engagement de quelqu'UN. Cet engagement, paradoxalement, se nourrit de doutes, c'est une croyance reconnue mais les doutes sont dépassés par la volonté du sujet. L'engagement s'appuie sur une expérience subjective vécue: une transformation que l'on attribue à la personne en qui on croit. La foi est une orientation consciente vers la vérité, un engagement d'une existence. C'est donc de la vérité d'une existence qu'il s'agit.
    Il y a des croyances dans toute conduite humaine et jusque dans les conduites rationnelles. Mais l'objet de la croyance diffère selon le plan de la connaissance et de l'existence.

    Rapports =
    La recherche de la vérité n'exclut qu'une forme de croyance, la crédulité de l'opinion, mais, cette forme de croyance n'est même pas une croyance puisqu'elle est immédiate et que dans la croyance, il y a toujours un consentement du sujet conscient de prendre un risque que ce soit le risque du chercheur ou le risque impliqué par toute vie humaine. C'est que la recherche de la vérité est un mouvement dans une région sans sentier, un cheminement. L'athée et le croyant reconnaîtront en ce sens que l'homme est le pèlerin de l'absolu qui chemine dans le relatif (vérité et croyance).

    Conclusion

    Bien distinguer la croyance vécue comme une passion de la croyance "action" reconnue par un examen critique. Dans le deuxième cas la croyance reconnue est un tremplin pour un dépassement. (Utiliser la distinction avoir conscience et prendre conscience).
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  4. #4
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut Ceci n'est pas un manuel...,, inconscient, sujet, morale, droit....

    Conscience:Moi = le moi est incontestable (voir dans le cours la présence à soi, l'épreuve de soi) et inconnaissable: la conscience de soi n'est pas connaissance de soi (Kant). Bien distinguer l'existence qui ne se déduit pas, et ne se définit pas (un acte ne se définit pas) et l'essence. (Utiliser Sartre: Être c'est se faire par ses projets, l'existence précède l'essence).

    Immédiate = La conscience est immédiate c'est à dire claire à elle-même (utiliser Descartes, je suis, j'existe)

    Pouvoir
    = La conscience est d'abord pouvoir sur soi (analyser l'attention): elle me donne un pouvoir en faisant apparaître le moi, le monde et autrui; elle me permet d'exercer un pouvoir (analyser la volonté, le travail comme processus entre l'homme et la nature)

    Sujet = Avec la conscience, le sujet apparaît (revoir Kant: le je pense doit pouvoir accompagner toutes nos représentations, sans cela les représentations ne seraient pas pour moi.) Mais, ce pouvoir de synthèse n'est pas encore le sujet, c'est une simple possibilité. En fait, le sujet apparaît quand l'individu exerce lez divers niveaux de conscience (De la conscience immédiate sans laquelle il n'y aurait rien à la conscience réfléchie et morale grâce auxquelles le sujet devient l'auteur de ses représentations et de ses actions.) Avec la conscience c'est la possibilité de devenir sujet qui est donnée: voilà pourquoi la liberté est à la fois donnée et conquise (la conquête consiste à passer de la puissance à l'acte, de la possibilité à la réalisation.)

    Liberté, responsabilité = Grâce à la conscience qui est choix, je suis responsable de mes actions. Il est alors possible de faire des lois, de bonnes lois comme dit Machiavel dans Le discours sur la première décade de Tite-Live c'est à dire des lois de liberté ,sans lesquelles une éducation est impossible!

    Limites = L'inconscient apparaît aux frontières de la conscience, comme ce qui usurpe un pouvoir et parle à la place de la conscience: il est l'antithèse qui doit être dépassé: la conscience est toujours une tâche, un parcours, un mouvement de l'immédiat au réfléchi, une ascension vers la métamorphose de l'individu en Sujet ( revoir Alain Renaut: Le sujet est l'horizon de l'individu)


    L'Inconscient
    L' INCONSCIENT



    L'Autre = L'inconscient est ce qui n'apparaît pas à la conscience claire, immédiate. En ce sens c'est un autre que moi, c'est comme une région inexplorée. Pour certains c'est le refus de penser, c'est la dé-mission, la mission refusée. Pour d'autres c'est simplement le corps. Pour Freud c'est une hypothèse qui permet de comprendre des "états de conscience" ne relevant pas de la conscience claire (= autrement dit du je pense et du je veux).

    Associations libres = Lorsque je pense, par exemple lorsque je raisonne, les idées (représentations mentales) s'associent en fonction du je pense et du je veux, relevant ainsi de la conscience claire, de la raison, de l'entendement et de la volonté. Mais si je me laisse aller, si je rêve éveillé, les idées semblent s'associer au hasard. Pourtant, elles s'orientent dans une direction que je n'ai pas choisie. Elle se rapprochent d'un X (voir le refoulé) et s'en éloignent rapidement. Puisque cette association "libre "(du je pense et du je veux) ne relève pas de la conscience claire, elle doit relever de ce qui n'apparaît pas: l'inconscient qui fonctionnerait comme un pouvoir en moi sans moi, qui fonctionnerait aussi comme un langage.

    Rêves, lapsus, actes manqués = revoir le rêve comme voie royale ( Freud: c'est à la fois la manifestation d'un désir inconscient et le gardien du sommeil.)

    Problème: un désir, manque éprouvé, peut-il être inconscient. C'est une faille à exploiter !

    Lapsus, (mot ou expression dite à la place d'une autre),
    actes manqués (la personne est maladroite alors qu'elle a l'habitude de réussir l'acte),
    comportements aberrants -(au lieu de traverser une place, on en suit les frontières) semblent signifier qu'il y a en nous l'origine d'un discours qui ne vient pas de nous.

    Le sujet:
    LE SUJET

    Maîtrise = Le sujet apparaît avec la maîtrise de soi, l'attention qui permet de "réaliser" les niveaux de conscience (attention à soi, attention au monde, attention à autrui). Par cette maîtrise de soi, le sujet peut devenir l'auteur de ses représentations (conscience réfléchie) et de ses actions (conscience morale). il accède aussi à l'invention, à la création de soi par soi: en choisissant il se choisit

    (revoir l'échelle de Jacob : attention => mémorisation => combinaison => invention et poser le problème du rapport entre la nature et la culture.)

    Origine = Le Sujet de vient donc celui qui dit OUI ou NON en connaissance de cause: il est donc à l'origine de ses pensées, de sa volonté, de ses actes. C'est un pouvoir de commencement (dans la nature rien ne commence, rien n'est libre, car tout phénomène est déterminé par un processus causal antérieur). Seul l'homme peut décider, engager une action qui vient d'une invention, commencée (revoir le "pouvoir natal" et relire le texte de Rousseau "Nul être matériel n'est actif par lui-même, et moi je le suis ... ma volonté est indépendante de mes sens, je consens ou je résiste ... je connais la volonté que par le sentiment de la mienne.")

    Morale => Droit => Politique
    = Le sujet est la condition de possibilité de ces trois notions.

    => Morale: elle a pour fondement l'impératif catégorique qui exige absolument (sans considérations particulières) que je considère autrui comme un Sujet, libre, une fin en soi , ce qui lui donne une dignité, une valeur infinie, ce qui exige le respect. Autrui, comme personne, ne peut être considéré comme un simple moyen.

    => Droit: la loi oblige: elle s'adresse donc à la liberté. Le droit ne peut se concevoir avec des êtres qui ne seraient pas responsables: la condition de possibilité du droit c'est donc le Sujet.

    => Politique: en démocratie, c'est l'exercice du pouvoir par les représentants des citoyens: si le peuple est le souverain, la souveraineté lui revient: sans citoyens libres qui obéissent à la loi qu'ils se sont prescrites, la politique est remplacée par le dressage et la dictature. (revoir Arendt, Le pouvoir partagé)

    le Sujet, chacun de nous si nous le voulons, est le résultat d'un arrachement et d'un attachement: de avoir conscience à prendre conscience; de être intéressé à s'intéresser.

    CONCLUSION:

    Nous retrouvons les racines de la philosophie, la distinction fondamentale de l'opinion et de la science, du spontané et du réfléchi. Celui qui prend conscience doit non seulement se détourner de l'opinion mais faire apparaître ce qui lui est inconnu (là où était ça je dois advenir, Freud ). Le Sujet est donc ce qui advient grâce à un effort d'attention.

    Avec la conscience immédiate ce n'est pas la liberté qui est donnée, mais l'idée d'une libération toujours possible. Voilà pourquoi aucun homme ne peut être méprisé: le sanctionner c'est le respecter car la sanction n'est possible que parce qu'il était libre et responsable. Cette reconnaissance de sa valeur , c'est le respect.
    Dernière modification par admin-philagora 27/08/2018 à 17h59 Motif: Ceci n'est pas un manuel
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  5. #5
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut Ceci n'est pas un manuel. La raison et l'expérience

    LA RAISON ET L' EXPÉRIENCE

    Au premier abord, on distingue la raison et l'expérience: d'une part une faculté qui unifie et s'élève au delà de toute expérience sensible et d'autre part ce qui est donné, l'expérience: une activité et une réceptivité. Mais dans toute expérience, il y a un ordre: d'où vient -il?

    Vérité = La raison donne le pouvoir de distinguer le vrai du faux. Par exemple, elle permet d'énoncer a priori (indépendamment de toute expérience et avant toute expérience) qu'un discours contradictoire est toujours faux.
    La raison s'oriente vers l'Idée de vérité en unifiant le moi et le monde grâce à l'idée de Dieu.
    [COLOR="darkgreen"]
    Expérience =
    [/COLOR]L'expérience désigne d'abord ce qui est reçu par un être humain. Mais en réalité ce qui est reçu dans l'expérience est toujours construit spontanément ou consciemment:
    - L'expérience sensible, immédiate, est elle-même construite par la langue, le passé du sujet, par son affectivité.
    - Cette même expérience sensible peut être corrigée par la raison qui fait un effort de compréhension en éclairant son origine par une réflexion (revoir Descartes immédiatement amoureux de toutes les femmes qui louchaient. Comment sa raison corrige cette expérience sensible en remontant grâce à la mémoire à une origine, une petite fille, aimée dans son enfance, qui louchait)
    - L'expérimentation est une expérience construite en fonction d'un calcul pour voir si la prévision se réalise. On expérimente avec sa raison (à revoir)

    Science = Dans la connaissance scientifique la raison pose des questions à la nature et permet, à partir de la question (hypothèse), de construire une expérimentation. L'expérimentation est une manière de forcer la nature à répondre de façon mesurable.

    Métaphysique = Dans son effort d'unification, la raison s'efforce de comprendre ce qu'elle unifie par le haut, c'est à dire par l'origine: cela l'amène à dépasser ce qu'apporte la sensibilité avec pour conséquence de penser c'est à dire de s'élever au-delà de tout connaissance possible. La métaphysique est donc une pensée libre et "aventurée", le prolongement d'une tendance fondamentale de la raison. On ne peut faire de physique sans faire de métaphysique et sans quitter le domaine de l'expérience.

    Rationnel =
    Raison a donné le terme rationnel: il s'agit dans tous les cas d'un chemin déductif qui ajuste parfaitement les moyens à une fin au point de pouvoir être identifié avec un enchaînement de rouages. Le rationnel se préoccupe peu de la fin et pour lui, la fin justifie les moyens. Il faut donc, dans ce cas, que l'expérience se plie au formalisme ou soit exclue . Le rationnel est un système d'exclusion chaque fois que l'expérience manifeste une incertitude ou l'émergence d'une liberté.

    Il finit par être seul!

    Raisonnable = Raison a aussi donné raisonnable: est raisonnable ce qui obéit aux exigences de la raison pratique. Cela pose le problème moral: la raison nous pousse à nous élever vers l'idée de liberté c'est à dire vers "l'indépendance de la volonté par rapport à la contrainte des penchants de la sensibilité" (Kant). Le rationnel n'est donc pas toujours raisonnable: l'ajustement des moyens à une fin ne valorise pas la fin.
    C'est le devoir qui valorise la fin (revoir: l'impératif catégorique -Kant). L'expérience, ce qui se déroule, ne vaut donc jamais quand il s'agit de décider le raisonnable: exposer la morale par des exemples revient souvent à la noyer dans l'utilité.


    Croyance = Dans toute affirmation de la raison et dans toute expérience la croyance intervient.
    Non seulement la raison produit des idées qui sont des croyances (le moi, le monde, Dieu) mais, dans toute hypothèse, il y a une part de croyance. Bien plus dans toute affirmation, la croyance intervient car elle dépend ou bien d'une déduction à partir d'un point de départ qu'il faut admettre ou bien d'expériences en lesquelles il faut croire.
    Enfin, il faut bien reconnaître qu'une démonstration au point de départ incertain ou même un effort de critique ne peut rien contre une illusion, un préjugé, une conviction. L'impuissance de la raison contre la croyance vient peut-être de ce qu'elle est elle même une croyance: laquelle? Celle de croire que le réel est entièrement rationnel alors que l'expérience présente des existences irréductibles, qui nient les illusions de la raison.
    Derrière la croyance, il y a toujours le désir des prisonniers de la caverne (Platon) livrés par leurs désirs à leurs croyances. (Analyser les conduites irrationnelles qui balaient le discours de la raison).

    Rapports = L
    a raison et l'expérience entrent en rapport chaque fois que le sujet cherche à penser, à expérimenter, à mieux vivre. Puisque c'est la raison qui calcule c'est elle qui provoque l'étonnement lorsqu'on observe autre chose (calcul déçu). C'est encore la raison qui pour réduire l'étonnement produit une hypothèse, ce que l' on pose dessous le phénomène ,pour expliquer. La raison prévoit en déduisant une observation théorique de l'hypothèse. C'est elle qui invente un montage expérimental. L'expérimentation ne peut donc exister sans la raison et en ce sens on peut dire que le rapport entre la raison et l'expérimentation est un rapport de causalité.
    Reste que c'est l'expérience qui a le dernier mot. Le succès, lorsque l'observation réelle mesurable correspond à la prévision donne confiance. La contrainte, chaque fois que l'observation réelle mesurable contredit la prévision oblige à remodeler la théorie ou à la changer. (Analyser l'ambiance de la science : le provisoire).

    Conclusion: bien distinguer l'expérience vécue comme une passion (opinion), l'expérience corrigée après coup par la raison, et l'expérimentation produite par la raison.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  6. #6
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut Ceci n'est pas un manuel! Le temps, l'existence, la mort

    Le temps, l'existence, la mort.
    LE TEMPS

    Deux (?) = On distingue deux formes du temps: le temps objectif et le temps subjectif. En chacun, il y a un mouvement, une circulation, mais en sens inverse: le temps objectif va du passé au présent et à l'avenir, c'est le temps du déterminisme de la nature, une sorte de mécanisme. Le temps subjectif circule en sens inverse: l'avenir va au passé en passant par le présent qui n'est qu'une limite idéale. Voilà pourquoi, pour une conscience qui est projet, le temps c'est voir venir, voir passer: par exemple le début de votre examen, le 18 Juin, la page blanche et son vertige, c'est un avenir qui va devenir votre présent et qui deviendra passé( lorsque vous regarderez vos résultats).

    La conscience = Toute conscience étant mémoire et anticipation, avoir conscience c'est un acte, l'acte de marcher car dans la marche on s'appuie sur le passé pour aller dans l'avenir: de même la conscience retient le passé immédiat et anticipe l'avenir immédiat. C'est donc bien la conscience qui déploie le temps, la conscience est une sorte de déploiement de l'âme qui s'étend. (Grande difficulté pour le bonheur: mémoire => regrets et remords; anticipation => peur, angoisse).

    Le Sujet = D'une certaine manière en se construisant, le sujet se choisit, se forge une personnalité et par là échappe au temps destructeur (on dira par exemple "C'est bien de lui", à plusieurs époques de sa vie).

    Impuissance = Si le temps est la marque de mon impuissance, c'est qu'il me résiste: je ne peux rien sur lui, ni l'arrêter, ni l'accélérer, ni le ralentir. Le désir d'éternité n'est que le manque éprouvé par une existence temporelle.

    Puissance = Pourtant, sans le temps subjectif, l'homme ne pourrait rien: c'est la temporalisation qui permet le projet et la réalisation du projet (analyser l'expression "prendre son temps"). c'est lui qui permet l'expérience et son utilisation pour réussir grâce à la mémoire. C'est lui qui permet de penser et ces jeux de paroles qui permettent la liberté. Grâce à lui, nous évoluons, en choisissant, on se choisit. L'absence du temps serait l'immobilité et une éternité de mort.

    Conclusion:
    Notre difficulté à définir le temps vient de ce que nous sommes temporels, engagés dans ce que nous voulons cerner. Les problèmes deviennent donc des mystères. Nous sentons les morsures et la violence du temps objectif et nous sentons en même temps la puissance de création que nous donne notre conscience


    L'existence

    L' EXISTENCE

    L'existence est la première des vérités: ce qui s'éprouve soi même, ce qui doute ne peut douter de lui, ne peut douter de son doute. Mais c'est peut-être la seule des vérités car il est impossible de s'appuyer sur elle pour en déduire des connaissances. en effet l'existence n'est pas de l'ordre de l'objectivité mais de l'ordre du sentiment, de ce que Michel HENRY appelle l'auto-affection.

    Conscience = L'existence n'est que l'apparition du mouvement de la conscience à elle-même: en ce sens elle est une donnée immédiate. Mais, l'existence humaine est aussi une conquête de la pensée et du développement des niveaux de conscience. La conscience immédiate comme plaisir de voir, d'entendre, la conscience réfléchie qui permet au sujet grâce à l'attention et à la raison d'ajuster ses représentations, la conscience morale qui permet d'exercer sa liberté comme autonomie, obéissance à la loi qu'on s'est prescrite, en dominant ses réactions impulsives (analyser la politesse).
    Toute existence est désir, projet, orientation vers ce qui n'est pas encore.

    Liberté = Parce que l'existence est source de projets, elle est du même coup à l'origine des actions qu'elle choisit de vouloir: elle se définit donc elle même comme liberté (l'action vient de moi), comme origine, comme commencement (être c'est se faire, revoir Sartre, l'existence précède l'essence)

    Le temps = C'est la temporalisation qui permet l'action: voir venir et voir passer donne le temps d'agir. En ce sens le temps parce qu'il est retardement est condition de l'existence.

    La mort = L'existence a une fin, la disparition d'un moi et d'une parole, que l'on appelle la mort. La mort contredit le mouvement de l'existence, son orientation vers l'avenir: l'existence refuse avec horreur cette disparition qui semble la nier. La pensée de la mort fait donc apparaître l'existence dans sa grandeur et dans sa misère.

    La croyance = L'existence est certitude de soi: de cette certitude de soi, la pensée déduit l'immortalité comme une croyance, une foi qui s'appuie sur une certitude. Comment un événement du monde pourrait concerner un absolu?


    Reste que l'existence qui se pense, se pense comme être pour la mort.

    Conclusion:
    L'existence ne se déduit pas d'un quelconque concept, elle ne se définit pas, elle se vit. Il est donc vain d'essayer de déterminer un acte qui s'accomplit. toute définition de la liberté détruira la liberté. Il faut plutôt méditer sur la notion de commencement, de ce qui est toujours déjà donné à soi même. Vérités du cœur, du sentiment et non vérité de la raison.


    La mort

    LA MORT

    Trou noir = Il ne peut y avoir d'expérience que de la vie, parce que la vie humaine est présence à soi, conscience. Il n'y a donc pas d'expérience de la mort, elle est ce dont on ne revient pas. Ceux qui en reviennent, reviennent "des portes de la mort", un moment d'espérance, de paix. On peut toujours l'expliquer par ces substances chimiques qui, nous le savons par la science contemporaine, sont sécrétées dans les derniers moments.
    La mort, pour nous, c'est la disparition d'un moi et des paroles qu'il prononçait.


    Fin ou passage = Cependant, on parle sur la mort: les uns affirment qu'elle est une fin définitive parce que l'âme est matérielle, et qu'elle se décompose en même temps que le corps (à cela Platon répond dans Phédon que ce qui n'est pas composé, ne peut se décomposer); D'autres au contraire espèrent que l'âme est immortelle, que la mort est un passage ou même un jour de naissance. Bien entendu, ces discours sont des croyances qu'il est impossible de départager par des preuves.
    Reste que tout grand amour s'accompagne de la croyance en l'immortalité de l'amour.

    Crainte = On ne devrait pas avoir peur de la mort: à juste raison on peut craindre la souffrance. Mais la mort nous prive de toute sensibilité: n'est-ce pas perdre son temps et être assez ridicule que d'avoir peur de ce dont on n' aura pas conscience.
    Mais, on peut avoir peur de perdre ce bien précieux qu'est la vie: dans ces conditions aucun raisonnement ne nous consolera de cette perte.
    Plus sournoise que la peur est l'angoisse, la peur de l'inconnu, de rien de particulier, de l'avenir. Mais si la mort est la fin de la temporalisation, de l'avenir, l'angoisse ne se justifie pas.
    L'angoisse de la mort se réduit donc à la peur dans la mesure où le sujet croit qu'il y a, pour lui, un avenir malgré la mort.
    Pour ceux qui craignent un châtiment après la mort, ils doivent se demander: un châtiment de qui, par qui? Ce ne peut être un châtiment d'un Dieu perfection qui ne désire rien, qui ne craint rien et donc n'est pas amené à punir ou à récompenser (revoir dans Épicure, Lettre à Ménécée, les beaux raisonnements de l'auteur).

    Délivrance = Platon affirme que le corps est une prison qui nous empêche d'accéder à la vérité. La mort serait une délivrance qui donnerait accès à la contemplation des vérités éternelles. Mais il faut distinguer le corps objectif, celui que nous représente la science, celui que les autres voient comme un objet, et le corps subjectif. Puis-je vraiment dire que j'ai un corps (alors, je pourrais l'abandonner) ou alors que je suis mon corps ce qui rendrait très problématique une délivrance : puis-je perdre ce que je suis sans disparaître?


    Suicide / euthanasie = Dans les deux cas, il s'agit bien de se donner la mort, soi même tant qu'on peut le faire, grâce à l'assistance d'un autre quand on ne peut plus le faire. C'est donc une question de morale et de droit: est-il légitime de se donner la mort, est-il conforme au droit de se donner la mort? Cela engage donc sur le plan personnel une réflexion morale sur le respect de la vie et sur le plan légal une réflexion sur l'action.
    Reste que dans les deux cas, on peut poser la question: se donner la mort par soi même ou avec l'aide des autres, n'est-ce pas la refuser d'une certaine manière: peut-on parler d'une mort manquée et en quel sens?

    Suicide:
    Celui qui tente de se suicider confond souvent les difficultés qu'il éprouve avec l'existence, sa vie. Cette erreur l'amène à jeter sacrifier la vie alors qu'il faudrait tenter de réduire les douleurs. En sacrifiant sa vie, il fait disparaître toute possibilité de joie. Certains diront que le suicide est un acte de liberté mais il y a toujours le risque d'une dépression mal soignée ou pas soignée: dans ce cas, le suicide est déterminé par la dépression, par le centre régulateur de l'humeur qui est pour ainsi dire bloqué dans la région "tristesse". ce n'est donc plus un acte de liberté mais un acte déterminé. Voilà pourquoi, très souvent ceux qui sont tentés d'en finir, en ont parlé, ce qui donnait l'occasion, dans un dialogue de chercher une détermination qui ne leur apparaissait pas.
    Toutes ces questions tiennent à la liberté, à la dignité, à la solidarité et donc à l'humanité, aux droits de l'homme.

    Mais le mélange de la morale personnelle et de la nécessité d'une loi produit des difficultés et le risque de confusion

    Conclusion:
    Paradoxalement, l'existence a pour fin la mort. L'immortalité de l'existence humaine nous ferait peut-être perdre le sérieux et l'application de celui qui sait que ses instants sont limités. Le moi refuse la mort à laquelle il est condamné. Parce que le moi dans le sentiment de lui même éprouve l'absolu, perce que son mouvement n'est que l'infini du désir, il affirme parfois Dieu dans l'espérance.



    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  7. #7
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut Bac 12019 Prévision L'histoire ,le Sens...

    L' HISTOIRE

    Tout discours qui veut se présenter comme un savoir justifié doit pouvoir accéder à un objet: l'objet c'est ce qui est jeté devant avec impartialité. Pour construire un objet avec une réalité mouvante, il faut une certaine répétition de caractère: l'objet est général dans la mesure où il a des caractères communs avec des objets semblables: par exemple, la révolution en général que la sociologie peut étudier. Mais l'histoire comme devenir passé est la succession d'événements singuliers, uniques.

    Bien entendu, l'événement est transformé en fait, ce que l'historien fait en faisant l'histoire. La distance entre l'événement et le fait est d'autant plus grande que la prise en considération de l'originalité, de la singularité est difficile. Or, l'événement historique, par ses trois caractères (successif, singulier, réalité morte) semble défier tout savoir et à plus forte raison toute science, si la science ne porte que sur du général.

    On distinguera soigneusement l'histoire comme narration du passé et la mémoire qui suppose la survivance de témoins. Ce qui sera dit de l'Histoire ne sera pas pertinent pour la mémoire. Par exemple dire qu'il n'y a pas de leçons de l'histoire ne signifie pas que les témoignages des survivants ne peuvent être utilisés pour éviter le retour d'un génocide en inventant par exemple un droit d'intervention humanitaire.

    Objectivité ? = Si l'objet est ce qui est jeté devant, si l'objectivité est ce qui jeté devant avec impartialité de telle manière que cela puisse entraîner l'accord de tous (universalité) par des démonstrations et des preuves, on comprend que l'objectivité en histoire ne soit jamais donnée mais soit toujours le fruit d'une conquête.

    Pour ce qui est de l'impartialité, le principal obstacle vient de ce que celui qui cherche, le sujet, est en même temps l'objet de la recherche dans la mesure où il se penche sur ses propres racines.
    L'astrophysicien qui pense les frontières, qui balance entre le fini et l'infini parle de sa condition mais ne parle pas de lui. Un changement de théorie n'est pas un drame mais un progrès. En histoire celui qui se penche sur la Résistance, la collaboration, le rôle de Pétain dans la première et la deuxième guerre mondiale, ou encore qui cherche à savoir si Alain Fournier a fait partie ou non de soldats qui ont attaqué un hôpital militaire, celui qui cherche à ajuster un discours à la succession des événements ne peut pas être "intéressé" au résultat de sa recherche. L'impartialité, quand on parle de soi ou des siens est donc toujours une conquête.
    N'exagérons pas à partir de ces cas particuliers. Dire que l'historien, celui qui fait l'histoire, ne doit être d'aucun temps et d'aucun pays reviendrait à lui enlever tout culture et à le rendre aveugle. Un peu de sympathie semble donc nécessaire.

    Sur le plan de l'objectivité au sens de la correspondance entre un discours et son objet il est possible de distinguer l'histoire originale de celui qui raconte une action à laquelle il a participé: son récit sera le récit de quelqu'un d'engagé, qui a pris parti et dont le champ de conscience est limité à la particularité de sa situation. (Revoir la critique interne qui permet dans une certaine mesure d'obtenir l'objectivité :dans le cours sur l'histoire) ET L'histoire réfléchie de l'historien qui, à l'aide de sa raison, croit trouver un ordre dans une succession. L'ordre vient, bien entendu, très souvent de la raison de l'historien et l'optimisme rassurant de ses grandes synthèses doit être démontré deux fois.

    Utilité = Pour ce qui est de tirer des leçons de l'histoire, la narration historique et le devenir passé qu'elle raconte est bien inutile. Hegel remarque que les conditions sont tellement mobiles, que les problèmes sont tellement contemporains, qu'il ne peut pas y avoir de leçons de l'histoire. (Reportez-vous au discours sur la première décade de Tite Live que nous avons étudié. Machiavel cherche dans l'histoire ce qui peut appuyer sa thèse principale. Il semble nous suggérer que la raison peut chercher des leçons dans l'histoire ,ou tout au moins des sortes de preuves.)

    Utilité de l'histoire = Il reste que l'histoire nous permet de mieux voir. De plus c'est un instrument de liberté dans la mesure où elle peut servir de modèle. En ce sens Nietzsche que les grecs sont notre avenir ! L'histoire, à dose convenable, peut guérir le moi de ses maladies:

    le doute sur soi (histoire monumentale),
    la solitude (histoire traditionnelle),
    le poids du passé (histoire critique)

    De toute manière, quelle que soit votre série, évitez d'éreinter l'histoire et de terminer votre devoir sur un dénigrement !
    Sans l'histoire il n'y aurait pas d'humanité.

    Sens = Le sens c'est à la fois l'orientation et la signification: a un sens ce qui a une fin lorsque les moyens sont bien ajustés à la fin.

    Pour Hegel, ce n'est pas l'homme qui fait l'histoire, il est trop occupé à semer le désordre en suivant ses passions. La raison se réalise dans l'histoire comme apparition progressive de l'Idée: c'est une sorte de main invisible divine qui utilise les passions des hommes pour se réaliser.
    Pour Marx, au contraire, c'est l'homme qui produit l'histoire mais, l'homme est d'abord un produit de l'histoire. C'est donc une sorte de cauchemar puisque la création se fait toujours dans une atmosphère hostile: le problème c'est que c'est le même qui est à la fois promoteur et hostile à la promotion. Cela le rend vulnérable.

    Conclusion : L'histoire est le lieu de jeux de langage, de discussions passionnées, de déchaînements de l'imaginaire: toute ces controverses (Louis XVI était-il un bon serrurier ou un grand roi), (Napoléon a-t-il existé?), sont l'exercice d'une liberté de penser aventureuse. Il est vain de croire que l'ouverture des archives transformerait l'histoire en science objective parce que, rien ne prouve que tout a été archivé et parce que, un texte relèvera toujours d'une interprétation (par exemple le rôle de Pie XII pendant la deuxième guerre mondiale?)

    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  8. #8
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Thumbs up Bac Prévision La nature et la culture

    LA NATURE ET LA CULTURE

    Mouvement =

    La formulation la nature et la culture, invite à une comparaison des concepts. Les questions et les problèmes apparaîtront dans cette confrontation et dans les limites de cette confrontation. La mouvement sera d'essayer de les éloigner, de les rapprocher et d'en préciser les rapports. L'embarras : le problème tient à ce que, qui veut les éloigner se voit contraint de les rapprocher et , qui veut les rapprocher se voit contraint de les éloigner.


    En effet, l'analyse et la réflexion nous découvrent une opposition entre nature et culture: nature signifie donné à la naissance (donné naturel intérieur et donné naturel extérieur), et au contraire la culture naît de la négation du donné naturel par le désir et par le travail de l'homme: c'est ce que l'homme ajoute à la nature. Nous le voyons dans le parc du lycée , l'animal se satisfait de ce qui lui est donné, tandis que l'homme ne s'est pas contenté de ce qui lui est donné puisqu'il a construit par exemple, des volières.

    Pourtant, certains ont voulu (revoir les stoïciens) et veulent (revoir une certaine écologie) réduire la culture à la nature en prêchant le retour à la résignation ou à une vie simple, comme si les désirs pouvaient être réduits à la simple satisfaction des besoins. Évidemment, la culture mourait d'une telle réduction et d'un tel renoncement. Cette réduction de la culture à la nature enthousiasme car elle règle tous les problèmes nés du désir et de la technique.

    On peut cependant y voir deux inconvénients: en renonçant au désir, l'homme n'exerce plus sa liberté et la satisfaction des besoins, non seulement l'ennuiera mais sera vite confondue avec une consommation qui, en épuisant la nature , pose plus de problèmes qu'elle n'en résout.
    [COLOR="darkgreen"]Mais, le retour à la nature verrait ressurgir la barbarien perdrait tout ce que la civilisation apporte à l'humanité dans une sorte de totalitarisme d'une pensée unique où les jeux de langage qui permettent la création de la culture et l'exercice d'une liberté partagée serait exclus.
    [/COLOR
    ]Nous pouvons affirmer : il est impossible de renoncer complètement à la nature pour un être raisonnable sensiblement affecté, et: il est impossible d'écarter toute forme de culture: y aurait-il eu un progrès de l'humanité sans la politesse ou l'amour courtois?

    Rapports = Si d'une part on ne peut dissocier la nature et la culture, si, d'autre part, réduire la culture à la nature ferait disparaître l'humanité dans la barbarie, c'est qu'il y a un rapport entre les deux: la biologie contemporaine nous propose une hypothèse pour mieux cerner ce rapport (des structures d'accueil naturelles permettent, si elles sont activées par un milieu humain attentif à l'enfant, de faire attention, mémoriser, combiner jusqu'à ce qu'une invention apparaisse: l'invention produit la culture, ce que l'homme ajoute à la nature). On comprend que l'homme soit un nœud de relations (revoir Les enfants sauvages, Maslon).

    De la nature à la culture = L'homme apparaît lorsqu'il passe du besoin au désir. Dans le besoin c'était le milieu qui comptait, dans le désir c'est l'altérité qui compte, l'absence préférée à la présence, le projet, le mouvement vers autrui et la règle. (revoir la prohibition de l'inceste). Ce mouvement est irréversible. Alors que le besoin replie sur soi, le désir porte sur ce qui n'est pas, sur ce qui est autre. Par cela, le désir sera toujours préféré au besoin. (Cf. Voltaire, le luxe chose très nécessaire).

    Civilisation = Alors que le critère de la nature est l'universalité (ce qui serait de nature nous le suivrions tous écrivait Montaigne), la culture, étant le fruit d'une invention particulière est diverse selon les groupes sociaux et leur milieu.
    Bien entendu, il faut refuser l'ethnocentrisme qui consiste à juger une autre culture en fonction de la supériorité de sa propre culture. En effet, chaque culture présente, en quelque sorte, des plus et des moins ce qui rend toute comparaison impossible. Cependant, une sorte de culture universelle s'est constituée, en particulier grâce aux grands hommes (héros, chercheurs, inventeurs en morale): elle s'est répandue et a été approuvée par une grande partie de l'humanité. Cette culture universelle a joué le rôle d'une instrument de civilisation, d'une exigence. Par exemple la démocratie s'est imposée dans la mesure où le dictateur cherche toujours à s'appuyer sur un parti démocratique (!) , ce qui est une manière de reconnaître la valeur de la démocratie puisque personne n'ose contredire cette valeur ouvertement.

    En morale, droit, politique, des valeurs s'imposent à tous: en morale c'est le respect pour la loi morale; en droit, la double universalité de la loi ,qui fonde la légalité ; en politique, c'est la souveraineté du peuple. Dans ces trois cas il s'agit de considérer l'humanité comme un ensemble de Sujets. Certaines coutumes qui nient les droits des femmes et des enfants sont sévèrement jugées comme dégradant l'humanité. Toute l'humanité est alors concernée. Il ne s'agit plus d'ethnocentrisme mais de dignité et de liberté. Machiavel disait déjà que, contre la barbarie , la vertu doit s'armer.

    Il n'y a pas contradiction à condamner l'ethnocentrisme tout en condamnant certaines pratiques culturelles. Ce qui est condamné, ce n'est pas l'âme d'un peuple mais des errements qui sont des erreurs et que l'idée de civilisation fait maintenant apparaître comme des fautes. Bien entendu chaque culture doit d'abord "balayer devant sa porte" et toutes les cultures ont leurs manières plus ou moins évidentes, plus ou moins subtiles de manquer à l'humanité.

    Conclusion:

    Ce thème, la nature et la culture , a une extrême importance car il nous a permis de réfléchir sur ce qui fait la spécificité de l'être humain: c'est un sujet moral et un sujet de droits.
    En reliant nature et culture, on a obéi à une nécessité car pour un être raisonnable sensiblement affecté tout comportement est à la fois naturel et culturel, biologique et appris: manger, marcher, respirer, faire l'amour ...

    Voilà pourquoi l'enfant ne devient un être humain que par l'amour et les soins de son entourage et de la société. Voilà pourquoi le respect des enfants est le fondement de l'humanité. Voilà pourquoi la barbarie s'installe toujours en commençant par ne pas respecter les enfants, ce qui est une façon de réduire autrui à un simple moyen.


    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  9. #9
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Par défaut Bac 2019 Le devoir et le bonheur

    Le devoir

    PROBLEMATIQUES: embarras et difficultés !


    Comme La nature et la culture, le libellé du programme vous invite a éloigner les deux concepts, à les rapprocher et à en préciser les rapports.
    Alors que le stoïcisme déduit ( = sortir de...)l e bonheur de l'accomplissement du devoir, l'épicurisme déduit la vertu du bonheur sensible.
    Dans les deux cas, l'existant humain découvre que ça ne marche pas car l'accomplissement du devoir est renoncement à un certain bonheur sensible ou à une partie de ce bonheur (analyser le partage) et la jouissance reste bien distincte de l'accomplissement d'un devoir. Il y a plus dans la vertu que dans le bonheur sensible.
    Autant dire que le devoir fait apparaître une dualité de nature en l'homme et pour Hegel une dualité de conscience, alors que le bonheur postule que une dualité contradictoire peut être satisfaite au même moment ce qui est contre les principes de la raison.

    LE DEVOIR

    Obligation = Bien distinguer contrainte et obligation: dans la contrainte la question du devoir ne se pose pas: c'est la nécessité, ce qui ne peut pas ne pas être qui s'exerce, selon l'expression "On est forcé". A juste titre on remarque que, à quelqu'un qui tombe du sixième étage, on ne commande pas (impératif) de suivre les lois de la gravitation.
    L'obligation n'apparaît qu'avec la liberté, c'est à dire la conscience comme possibilité de choisir un autre comportement que le comportement naturel. L'expression: je suis obligé par est impropre car, comme on ne peut que s'obliger soi même, il faut dire je m'oblige à. En ce sens l'obligation nous invite à obéir au meilleur de nous-même, à la loi qu'on s'est prescrite, à la raison pratique. Le devoir implique donc toujours un arrachement à des conduites déterminées, un choix entre des possibilités que la conscience fait apparaître et un consentement, un engagement raisonnable qui mobilise la pensée et la volonté.

    Nature = La nature est toujours intéressée dans la mesure où l'impératif, le commandement que nous suivons s'exécute en fonction d'un intérêt de la connaissance ou du plaisir. Ce qu'il faut faire, ce qui est impératif si on souhaite obtenir quelque chose, c'est un commandement, un ordre. L'impératif commandé par la nature dépend d'une condition, il est déterminé par cette condition: si tu veux ce plaisir accomplis cette action. En ce sens c'est un déterminisme qui s'exerce en fonction de l'être d'un organisme.

    Liberté = Le devoir est preuve de liberté car il exige que chacun maîtrise les tendances naturelles, le déterminisme, pour obéir aux exigences de la loi morale. L'homme choisit de suivre l'une de ses deux natures. Sa liberté consiste à suivre son devoir par un libre choix: il est bien dans ce cas à l'origine de ses actions, ce qui correspond bien à la définition de la liberté: le rapport entre une action et un moi.

    Vertu = La vertu est un acte du Sujet qui donne la priorité à l'universel, ce qui signifie qu'il renonce aux exigences de sa nature, de son égoïsme ou de sa "générosité restreinte". Parce que l'intérêt commun n'est pas l'intérêt particulier, la vertu exige un sacrifice et, en ce sens ne peut être identifié au bonheur comme satisfaction complète. On a souvent remarqué que l'amour se nourrit de sacrifices.

    Conclusion: Parce que l'accomplissement du devoir ne satisfait que la nature intelligible de l'homme, il est impossible de déduire du devoir accompli, le bonheur.


    Le bonheur. (Yuppie!)

    PROBLEMATIQUES: embarras et difficulté !

    C'est un fait peu contestable que chaque existence humaine est perpétuellement en quête du bonheur, que c'est donc une orientation de toute sa vie. Le problème est de savoir si le bonheur est un objet accessible, définissable, un concept dont on pourrait connaître la règle de composition, ou si c'est une idée, un horizon toujours fuyant, à quoi rien de sensible ne correspond. Définir le bonheur comme un concept est une tâche impossible car chacun donne un contenu différent à la notion. Si on adopte une définition formelle, elle devient tout de suite impossible, comme si elle ne pouvait concerner que des êtres divins, ou des êtres récompensés par un Dieu.

    LE BONHEUR

    Satisfaction = Celui qui veut déterminer le bonheur par une définition dira d'abord que c'est une satisfaction (en effet on voit mal un bonheur qui ne serait pas cela). Très vite il ajoutera que cette satisfaction doit être complète - un Bonheur sans mélange - (des deux natures de l'homme: sensible et intelligible), durable (sans la durée, ce ne serait qu'un joie). De plus un tel bonheur exigerait la paix, l'absence d'inquiétude, de troubles intérieurs.
    Cela suppose que l'on s'écarte des troubles extérieurs, comme celui qui regarde la tempête sur une côte bien protégée. Cependant, comment la paix serait-elle possible si le trouble est intérieur à la conscience? C'est le savoir amer ( Baudelaire) que l'on tire des voyages, on porte toujours avec soi ses angoisses, ses troubles, ses inquiétudes: on peut tout quitter mais pas l'existence, son moi. Or, la conscience est toujours en guerre avec elle-même parce qu'elle est double: d'une part il y a la pensée qui s'élève à l'absolu de la liberté, de ce qui sa raison d'être en soi- et, d'autre part, la simple conscience de la vie qui préfère toujours la satisfaction sensible présente à un avenir hypothétique. (revoir Hegel qui compare la lutte de la conscience avec elle même à un contact entre l'eau et le feu: l'unité de ce qui se fuit ! )
    Le bonheur dans la paix est donc bien compromis pour une existence, d'autant plus qu'elle est temporalisation.

    Temps = Toute existence humaine, comme temporalisation, voit venir et voit passer. Cette temporalisation s'accompagne nécessairement de souffrances, de passions, auxquelles il est impossible d'échapper. C'est autant de fantômes.
    Le projet ouvre l'avenir et , avec lui, l'épreuve des peurs et de l'angoisse; l'appréhension du passé s'accompagne de regrets ou de remords. Enfin, la temporalisation en elle même découvre à l'existence qu'elle devient, qu'elle manque d'être, qu'elle est étonnamment fragile. Tout ce la s'oppose à une satisfaction complète d'autant plus que la réflexion sur la liberté est à l'origine de l'angoisse.

    Désir = L'homme apparaît dans le passage du besoin au désir: si l'existence est désir, si le désir est un manque éprouvé, cela signifie qu'une satisfaction ne sera jamais complète: dans une satisfaction complète, l'homme régresserait dans le besoin et s'ennuierait.

    Le devoir = Par définition, le devoir s'exerce indépendamment du déterminisme naturel: là encore la satisfaction n'est pas complète au point qu'on aurait pu écrire devoir ou bonheur, en oubliant que le bonheur d'une existence humaine n'est jamais un bonheur animal, dans la simple satisfaction sensible de l'animal qui broute et rumine.

    La mort = La mort marque bien la disparition d'un moi, d'une parole dans le monde: la mort comme fin d'une existence humaine et la pensée de la mort marquent bien l'impossibilité d'un bonheur durable et complet.

    Conclusion - On comprend que le bonheur n'est qu'un idéal de l'imagination, un horizon. L'idée de bonheur nous amène à postuler un Dieu qui récompenserait ceux qui auraient mérité le bonheur, un Dieu seul capable de concilier la satisfaction de la nature et du monde intelligible. En ce sens Dieu est un postulat de la Raison pratique.
    Si le bonheur n'est pas un concept dont on pourrait comprendre la règle de composition, il est peut paraître à certains faux de dire qu'il faut choisir entre le devoir et le bonheur sensible par une sorte de pari: si le bonheur est impossible, le seul choix peut s'exercer entre le devoir et son contraire: au milieu, il y aurait la médiocrité. Quand on est jeune, on trouve rarement le choix de la médiocrité. (Heureusement)



    Joseph

    Le choix de Montaigne est-il celui de la médiocrité?
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  10. #10
    Date d'inscription
    April 2001
    Localisation
    France -
    Messages
    21 954

    Smile Ceci n'est pad un manuel La technique, l'art et le beau

    La technique

    Humain = Dans la mesure où la technique est un savoir faire, en elle et par elle c'est l'homme tout entier, âme et corps ? qui s'exprime. La distinction travail manuel et travail intellectuel, accentuée et peut être produite par la technique, n'est pas heureuse. C'est l'homme qui est déchiré.

    Utilité = L'utilité de la technique ne se discute pas: c'est grâce à elle que l'humanité a survécu. Actuellement l'utilisation de la technique par le désir qui veut toujours plus menace l'écosystème et fait donc peser une menace sur l'existence humaine. C'est que la technique donne à l'homme une puissance matérielle énorme sans que la puissance morale de l'homme ( maîtrise de soi, respect d'autrui souci du bien commun) ne se soit développée en proportion: il manque un supplément d'âme qui seul permettrait de ne pas utiliser n'importe comment la technique. (revoir Bergson)

    Désir = Ce n'est donc pas la technique qu'il faut mettre en cause mais le désir et l'égoïsme de l'homme qui veut toujours plus dans l'instant et ne respecte pas le droit( de boire, de manger, de respirer) des générations à venir.

    Nature = Le problème se pose donc de savoir si la nature doit être respectée. Ce qui fait problème c'est que la nature n'est pas une personne, ce n'est pas mon semblable qui mériterait le respect par la dignité, la valeur infinie que lui donne la liberté, d'être une fin en soi, ce qui ne peut donc jamais être considéré comme un simple moyen. La solution est que toute personne toute existence, toute vie a besoin de la nature pour survivre: dans ces conditions mépriser la nature, en faire un simple moyen, c'est du même coup mépriser les personnes qui en ont besoin ou qui en auront besoin pour survivre et exercer leur liberté.
    Considérons que selon le degré de pollution certains ne peuvent plus courir ou même sortir tandis que les récréations des petits doivent se passer dans une salle de classe bien close. Encore une forme de la barbarie rampante, du profit à tout prix. De plus les générations qui arriveront, n'ont-elles pas droit à jouir d'une nature préservée?

    Travail = Si la technique facilite le travail, elle le mécanise puis le confisque. Noter qu'elle crée des emplois nouveau.


    L'ART ET LE BEAU

    Art = Tout artiste est d'abord un technicien: d'une part il utilise des techniques enseignées aux Beaux Arts comme la perspective dans "La chambre de Van Gog. Le grand artiste invente sa technique comme il inventerait une parole et une langue originale(voir Cézanne ). Cependant l'artiste n'est pas qu'un technicien.

    Conclusion: il est vain de dire que rien n'arrête la technique, ou que la technique est un facteur de déshumanisation. C'est le désir que rien n'arrête chaque fois qu'il n'est pas repris par l'intelligence et par la volonté.


    L'art et le beau
    Finalité = Alors que l'objet technique a pour finalité d'être utile et vaut d'abord par son utilité (il a sa fin hors de soi) au contraire, l'objet beau a pour finalité de plaire par sa forme, il a sa fin en soi. (L'art exclut le désir)

    Génie
    = C'est un don de la nature qui procure la possibilité de produire une oeuvre belle. On insiste actuellement sur l'originalité: c'est une certaine manière de voir, nouvelle, accompagnée d'une capacité de réalisation. C'est plus vécu que connu, au point que la beauté est une surprise pour l'artiste lui même, au point qu'il est incapable d'enseigner une règle de production de la beauté.

    Trois caractéristiques = L'œuvre belle est singulière, originale, la mort d'un artiste est une perte irremplaçable. De ce point de vue, on peut distinguer à juste titre l'artiste et le chercheur.
    Création : L'art produit un nouveau monde: en exerçant son pouvoir natal, l'artiste donne une idée de ce que peut être un commencement.

    Plaisir esthétique = C'est d'abord un sentiment de liberté de l'amateur qui exerce librement les capacité de son esprit et de sa sensibilité dans une sorte de jeu où l'interprétation et l'image se renvoient, pour ainsi dire, la balle.

    Dans le plaisir esthétique, il y a un sentiment de communicabilité universelle entre tous les êtres raisonnables sensiblement affectés. Quand je dis "c'est beau", j'éprouve la satisfaction propre à un être libre et j'en appelle à la liberté des autres hommes pour accorder: "c'est beau". A la limite, on peut parler d'un sens commun.

    Le beau = C'est l'objet d'une satisfaction désintéressée et universelle puisque désintéressée. Dans la mesure où on admet que la finalité de l'art est particulièrement de procurer une telle satisfaction on peut dire qu'il contribue au bonheur: d'abord par la satisfaction exempte de toute aliénation (désintéressée), ensuite en nous permettant d'échapper au désir et à l'inquiétude du vouloir vivre, enfin, en nous permettant d'exister au présent. Noter que cette consolation est provisoire.

    Le laid = Remarquons tout d'abord que l'art peut transformer la laideur naturelle en beauté: en ce cas, nous sommes toujours dans le beau. Les vieux quartiers de Paris prennent tous leurs charmes du génie D'Utrillo. Voir aussi, La charogne de Baudelaire, le tableau de Murillo: Les pouilleux et même Les vaches de Potter.

    Mais une nouvelle esthétique est apparue qui revendique la représentation de la laideur, non pas la belle représentation de la laideur, mais la laide représentation de la laideur. En ce sens Picasso affirmait: chacune de mes oeuvres a été une destruction: effectivement, on se demande où il est allé pécher certains corps de femmes qu'il représente.
    Une grande difficulté apparaît: comment désigner l'œuvre d'art si la reproduction du beau n'est plus sa caractéristique essentielle? Comment définir l'esthétique si elle ne réfléchit plus sur le beau et sa production?
    La désignation actuelle de l'art comme la création d'un monde nouveau met sur le même plan le beau et le laid et semble la solution du problème.
    C'est pourtant renier une conception de l'art reliée au bonheur. C'est aussi orienter l'art vers un engagement (par exemple à nous pousser à la révolte) qui lui donne une utilité et qui donc le fait disparaître.

    Conclusion: L'art semble fonctionner comme un langage puisqu'il signifie une vision du monde. Mais il n'a pas de langue ni de code: c'est comme une parole créatrice d'un monde nouveau, la communication de ce que le langage échoue lamentablement à communiquer. Quand il parle l'homme parle de ce qui n'est pas, l'artiste parle de ce qui est, c'est à dire de rien.




    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

+ Répondre à la discussion

Règles de messages

  • You may not post new threads
  • You may not post replies
  • You may not post attachments
  • You may not edit your posts