A- Stratégie d'ensemble

"C'est le même qui sait interroger et qui sait répondre" Platon.
"C'est dans un dialogue que les idées se forment" Aimé Forest.
"La résolution du problème philosophique, fondement ultime de la signification du sujet, constitue la voie royale... pour traiter la dissertation." Jacqueline Russ.
"Un bon devoir est donc conforme à la dialectique de Hegel: la pensée s'y affirme en s'opposant à quelque chose, qu'elle nie et intègre. Au terme de la démarche dialectique, les contradictions ont été surmontées par intégration dans un terme nouveau qui dépasse chacun des termes contradictoires." Jacqueline Russ, L'année de philosophie page 108.

La dissertation est l'écriture d'un dialogue de l'âme avec elle même. Distinguons la fin et les moyens.

La fin: produire, conduire devant vous sur 6 à 8 pages, une dissertation qui ait un intérêt philosophique
Les moyens:
1- Le mouvement de la dissertation:

a)-De la question au problème: conduire dans, c'est l'introduction. La problématique comme effort pour poser explicitement le problème, la question fondamentale que la dissertation doit traiter pour répondre à la question posée:
==Comprendre la question en distinguant l'opinion de la science, en résistant, par une objection, à la réponse immédiate qui n'a pas été produite par une pensée.
==Formuler le problème, la difficulté posée par la question: sans cet embarras, la question ne se poserait même pas.
==Mesurer l'enjeu: ce qu'on gagnerait ou ce qu'on perdrait à la recherche de la vérité, à la résolution du problème. (Y a-t-il des vérités préjudiciables?)

b)- traiter le problème, c'est le développement: scruter le problème pour, en lui trouvant une solution, être en mesure de répondre à la question.

c)- "Fermer la porte": mettre un point final au débat en présentant le résultat du parcours. Répondre explicitement à la question, c'est le rôle de la conclusion.

2 - Penser, peser le pour et le contre: se décider.

a)-On peut considérer les deux premières parties comme un dialogue entre deux thèses adverses, avec un effort pour découvrir leur complémentarité.

b)- C'est un effort de justice: avant de prononcer un jugement éclairé, il est juste, dit Thomas d'Aquin, d'écouter les raisons des parties adverses, de tenter une conciliation, de chercher l'unité de ce qui semble divers. Avant de prononcer un jugement, le magistrat commence par écouter, suivre l'argumentation des parties adverses.

c)- C'est épouser le mouvement de la pensée.

Une dissertation c'est un acte de pensée, qui traite un problème pour répondre à une question. Comme dans un dialogue, chacun définit de mieux en mieux les concepts et les notions utilisées: il les rend claires et accessibles. Cet effort continu d'analyse éclaire le problème: la pensée s'oriente vers une solution bien ajustée à ce qui est.
Il n'y a donc pas lieu de dissocier le plan dialectique et la pensée analytique: tous deux se conjuguent pour rechercher la vérité. Ces deux aspects propres à toute pensée humaine s'accommodent fort bien d'un plan en trois parties. L'effort de définition, d'approfondissement, garantit que la pensée dialectique ne sera pas une forme plaquée, qu'elle n'oublie pas le contenu, ce qui est.

La dissertation produite sera donc un mouvement vers plus de vérité et plus de justice: un texte porteur d'un intérêt philosophique qu'il doit essentiellement à la problématique.