La dualité animus / anima est en chacun des êtres raisonnables sensiblement affectés.
Animus c'est l'esprit qui sait très bien se servir de la rationalité et de l'intelligence, qui ajuste les moyens à la fin. C'est lui qui entreprend, qui éprouve la joie de se créer en créant, de se choisir en choisissant, de féconder, de souffler où il veut: l'esprit est liberté, soif de liberté, toujours prêt à rompre les amarres ou ce qui risque de l'attacher; il doute, il dépasse: il a le goût de l'aventure et l'horreur de ce qui enchaîne.
Anima c'est la compagne de l'esprit, elle lui est pour ainsi dire attachée par la tête, cette partie de l'être humain qui est ouverture, accueil, sensibilité, sentiment et par là intuition.

Loin d'enfermer chacun dans sa solitude, la dualité de chaque être humain lui permet de communiquer avec autrui, de partager avec lui, de le comprendre et de former des projets communs: c'est ce qui permet la rencontre de deux êtres qui ne sont pas si différents que ça puisque celui chez qui domine animus garde en lui anima qui lui permet de sympathiser avec l'autre, et celle chez qui domine anima porte en elle animus qui lui permet de comprendre l'autre.
Pourtant cette unité de ce qui semble se fuir est constitutive de l'être. Que serait animus sans anima? Que serait anima sans animus? Cela revient à poser la question rhétorique: que serait l'intelligence sans l'intuition sinon une vacuité et que serait l' intuition sans l'intelligence sinon un aveuglement?

La rencontre est ainsi rendue possible par la dualité elle même. En chacun se développe animus et anima comme des plages de rencontres qui permettent l'amour, les projets commun: regarder dans la même direction pour la recherche d'un bonheur partagé, et non plus se regarder comme des objets. Pour Ouma le devoir qu'elle montre, en fuyant, à celui qu'elle aime, à Alexis, c'est la fidélité au meilleur de soi même, à la liberté qui risque toujours de s'engluer dans le piège de l'avoir. Donc, une fidélité à la sincérité.
La dualité animus / anima permet la rencontre en constituant une suite de ponts entre ceux qui s'aiment. Chacun peut alors en se réalisant librement, selon la loi de dichotomie chère à Bergson, réaliser du même coup les conditions de la liberté d'autrui, et participer à l'expansion de cette liberté.