Bien distinguer les deux sens du terme HÉROS:

d'une part celui qui se distingue des autres hommes par sa force morale, sa maîtrise de soi (cf: Corneille: Auguste, "Je suis maître de moi comme de l'univers" ou Horace, "Rome vous a choisi je ne vous connais plus".

d'autre part le personnage central d'un roman (Stendhal: "notre héros").

Le XIX ème siècle développe le paradoxe d'un héros impuissant, à l'héroïsme décroissant.

Chateaubriand: René, 1802.

=> Le héros romantique est enchaîné par son destin: il y a un déplacement de l'héroïsme: ce n'est plus la force victorieuse qui fait la grandeur du héros, c'est son malheur. La grandeur de Hernani (1830- Victor Hugo) vient du tragique:

"Je suis une force qui va!
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres!"
Voir aussi A. de Vigny: Poèmes antiques et modernes, 1826, Moïse - Les Destinées, 1864, La mort du loup -

=> Dans le roman le héros se distingue toujours par sa force mais cette force change d'objet: elle n'est plus orientée vers la maîtrise de soi mais vers le contexte social à qui les êtres d'exception lancent un défi, comme Rastignac à la fin du Père Goriot de Balzac.
Voir aussi: l'héroïsme chez Stendhal

=> Il revient à Flaubert de réduire l'héroïsme à un rêve dans son chef-d'oeuvre, L'Education sentimentale: Le plat et le prosaïque sont la seule réalité de ce qu'on peut appeler le non-héros.
Zola achève la destruction du héros en le réduisant à n'être que l'expression d'un groupe social (dans Germinal les soubresauts du prolétariat se manifestent par Lantier).

=> Cette réduction à une pseudo réalité provoque, en réaction, des créations littéraires qui mettent en scène des héros. Mais ces conceptions s'éloignent trop de la condition humaine.
Villiers de l'Isle-Adam, Axël
Gobineau, Pléiades.

=> Conclusion: malgré cette réaction on peut dire que l'héroïsme sort "éreinté" du XIXème siècle