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Discussion: Peut-on revendiquer..........consentir à ses devoirs?

  1. #41
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    Par défaut Bac 2018 Probable : L'ignorance nous rend-elle savant?

    .
    Par exemple.
    Pour une première partie L'ignorance naturelle ne saurait rendre savant.
    ."L'ignorance": On peut utiliser l'état initial des prisonniers de la caverne. Ce qui les maintient dans un état passif d'illusion c'est l'ignorance: en effet le premier état et celui où on ne connaît qu'à travers qu'à travers ses besoins, ses craintes. et où on transforme cela en connaissance.On n'accède à la par un reflet déformé de cette réalité. Il faudrait accéder aux objets réels pour comparer l'image avec ce dont elle est l'image. C'est que une image ne contient pass en elle-même de quoi déceler sa déformation.
    Mais alors on peut affirmer que l'ignorance des prisonniers ne saurait les rendre savants.


    Deuxième partie:
    Mais l'ignorance savante peut nous rendre savant d'une seule chose: nous ne savons qu'une chose: nous ne savons rien! On fait dire à Socrate :"Je ne sais rien mais je le sais.
    En effet L'ambiance de la science c'est le provisoire.... Une ignorance savante qui se connaît"
    "Le monde juge bien des choses, car il est dans l'ignorance naturelle qui est le vrai siège de l'homme. Les sciences ont deux extrémités qui se touchent, la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent touts les hommes en naissant, l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis, mais c'est une ignorance savante qui se connaît." Pascal, Pensées - (Brunschvicg 327)


    Bien distinguer l'ignorance naturelle et l'ignorance savante.(je sais que je ne sais pas)

    Origine du sujet:
    Pascal
    ignorer, c'est toujours ignorer les limites.

    Savoir, c'est savoir que l'on ne sait pas.

    "La sciences des choses extérieures ne me consolera pas de l'ignorance de la morale au temps d'affliction, mais la science des m***339;urs me consolera toujours de l'ignorance des sciences extérieures."Pascal, Pensées - (Brunschvicg 67)

    L'ignorance est l'opposé de la science et non de la sagesse.

    Si la science dissipe une ignorance, elle engendre une autre ignorance:

    "Le monde juge bien des choses, car il est dans l'ignorance naturelle qui est le vrai siège de l'homme. Les sciences ont deux extrémités qui se touchent, la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent touts les hommes en naissant, l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis, mais c'est une ignorance savante qui se connaît." Pascal, Pensées - (Brunschvicg 327)

    Comprendre qu'il y a une ignorance avant la science et une autre qui vient après la science.

    "Ceux d'entre deux qui sont sortis de l'ignorance naturelle et n'ont pu arriver à l'autre ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus. Ceux-là troublent le monde et jugent mal de tout." Pascal, Pensées - (Brunschvicg 327)

    Ce sont de prétendus savants.

    Savoir et ignorer selon trois principes.

    "La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle n'est que faible si elle ne va jusqu'à connaître cela."
    "Il faut savoir douter où il faut,
    assurer où il faut,
    en se soumettant où il faut.
    Qui ne fait ainsi n'entend pas la force de la raison. Il y en a qui faillent contre ces trois principes, ou en assurant tout comme démonstratif, faute de se connaître en démonstration, ou en doutant de tout, faute de savoir où il faut se soumettre, ou en se soumettant en tout, faute de savoir où il faut juger." Pascal, Pensées - (Brunschvicg 265 et 268)

    A la fin de son cours, La raison et le rationalisme (1906) Léon Ollé-Laprune conclut:
    "il y a plusieurs démarches de la raison. Pascal les a résumées: AFFIRMER où il faut; DOUTER où il faut; et aussi, SE SOUMETTRE où il faut. c'est très raisonnable de reconnaître les limites, les insuffisances, sur certains points même l'impuissance de la raison, et le devoir d'accepter autre chose.
    Donc la raison a un rôle partout, mais cela ne signifie pas qu'elle soit la mesure de tout" pages 255, 256 Librairie Académiques Perrin.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #42
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    Par défaut Suis-je ce que j'ai conscience d'être?

    Soit: suis-je = X
    Soit: être = Y
    Voici le "classique" tableau des définitions

    Suis-je

    Je suis, j'existe dans un ici et un maintenant dont je m'échappe par le mouvement même de la conscience qui est toujours déploiement d'un horizon, intentionnalité (voir Chemins de la Pensée de J. Russ, p.493)

    ce que

    semble bien désigner quelque chose!

    j'ai conscience

    ce qui fait apparaître: visée qui s'apparaît à soi-même en faisant mouvement vers une chose qu'elle fait apparaître.

    être

    essence, nature, continuité et déterminisme, ce que la chose est.


    Faisons un exercice de maïeutique plus que jamais nécessaire dans un sujet aussi difficile.

    Si nous sommes "existence", sommes-nous quelque chose en nous-même? Serions-nous néant?
    Au contraire des choses qui sont en elles mêmes tout ce qu'elles sont (en-soi), ne serions-nous pas, par nos fins (= ce que vise un acte) et par nos motifs (raison d'agir d'ordre intellectuel), toujours en avant de nous-mêmes?


    Problème:
    comment accorder la liberté d'une existence avec la continuité d'une essence? Comme projet l'homme n'est-il pas autre que ce qu'il est? Il n'est donc pas ce qu'il est, en ce sens. Comme projet, l'homme n'est-il pas déjà en train de devenir cet autre? En ce sens il serait ce qu'il n'est pas.
    Dès lors comment parler d'une conscience d'être alors que l'être manque?


    Si, pour l'homme, être c'est exister peut-il y avoir conscience d'une chose dont l'essence est de devenir, de n'être pas ce qu'il est et d'être ce qu'il n'est pas?

    *Si X et Y sont confondus en quoi le sujet a-t-il malgré tout une raison d'être?

    Comment comprendre qu'on puisse ne pas être soi-même sans admettre qu'on puisse parfois être soi-même?

    L'alternative ne renvoie-t-elle pas -à un choix, une liberté (Voir la LA LIBERTÉ)- à une distance, temporalité, être serait se faire par un projet et une action fidèle au projet, - et à un effort de fidélité à un choix = fidélité à soi-même comme on se prévoit dans le futur?

    L'appétit, le refus du projet, la lâcheté nous conduiraient à ne pas être soi-même.
    Mais cela implique que le soi puisse être choisi: je serai cela! S'agit-il bien du soi?
    Fondamentalement le soi est la présence à soi, ce qui s'apparaît à soi-même


    Alors il serait impossible de ne pas être soi-même, le moi serait cloué à lui-même (Kierkegaard).Ce que j'appelle soi ne serait-il que le personnage, la personnalité ou la personne qui sont des "vêtements" auxquels on peut échapper, fruit du regard des autres ou d'une conception? "Amer savoir qu'on tire des voyages", Baudelaire: on ne quitte jamais le soi et, en ce sens, on ne peut pas être soi-même: on s'accompagne partout.
    La liberté ne porterait donc que sur des actions conformes ou non conformes (dignes ou indignes) à nos projets (= autonomie, obéissance à la loi qu'on s'est prescrite) mais l'épreuve de soi ne peut pas ne pas être, ce serait la perte de la conscience!

    Une conception politique du moi permettrait peut-être d'échapper à l'aporie, l'embarras: le soi comme ce qui a surmonté les autres instincts: résultat d'une victoire. Alors on pourrait changer d'instinct et ne plus être le soi qu'on était; Le soi ne serait alors qu'un nom, une "notation commode (Alain), désignant une pluralité d'instincts en lutte et le vainqueur provisoire. Pense aux sophistes (hommes de la politique et du pouvoir) qui ne sont jamais ce qu'ils sont toujours en mouvement au contraire de Socrate l'homme de l'essence de la définition.

    Pourtant on peut se demander si cette destruction du soi peut aller jusque dans les fondements qui sont les conditions de possibilité de toute conscience: la présence à soi, sans distance et sans multiplicité.


    Le Plan ?
    Pour ton sujet tente de déterminer le terme conscience:
    - sens 1) un mouvement vers un objet que je ne suis pas, une chose qui apparaît: en ce sens "Toute conscience est conscience de quelque chose". C'est Husserl que reprendra Sartre. Mais si je me regarde, j'ai conscience d'un moi empirique qui n'est pas moi, que je place à distance dans un acte de transcendance, un horizon. En ce sens j'ai conscience d'être une chose déterminable par son caractère (actif ou non actif par exemple), le personnage, la personnalité, la personne. Ces déterminations me sont quand même extérieures comme des vêtements plus ou moins bien ajustés parce que:

    - sens 2) la conscience est avant tout présence à soi, auto affection de l'acte de transcendance, épreuve de soi, passion pour ainsi dire: en ce sens j'ai conscience d'être conscient. C'est tout, c'est la Vie.

    Au sens 1) je ne suis pas ce que j'ai conscience d'être car le seul fait de le savoir m'en distingue, m'en sépare: en ce sens Sartre écrit: "L'homme est ce qu'il n'est pas (son projet) et n'est pas ce qu'il est (parce qu'il s'en sépare, en en prenant conscience)
    Au sens 2) je suis toujours ce que j'ai conscience d'être parce que l'existence est la première donnée de toute conscience. (voir Descartes Discours de la méthode)
    Bonne continuation
    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #43
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    Par défaut Bac 2018:Probable: Un mensonge efficace est-il préférable à une vérité angoissante?

    . Vous savez que définir, distinguer valorisera votre copie . Alors....
    == Pour la compréhension du sujet, vers le problème:
    L'opinion qui ne pense pas et qui aime qu'on affirme ce qui plaît à ses désirs répondrait oui au sujet.

    Mais, à la réflexion....

    Mentir consiste à dire en toute conscience ce qui n'est pas la vérité

    Efficace = qui produit l'effet escompté, par exemple rassurer

    Préférable: on ne vous parle pas sur le plan moral mais sur le plan de l'effet pratique. Qu'est-ce qu'il faut préférer: rassurer au prix d'un mensonge ou angoisser en disant ce qui nous semble être la vérité?

    Vérité: un discours qui correspond à ce qui est, à la réalité

    Angoissante= qui provoque un sentiment de profond malaise devant l'imminence d'un danger auquel on ne pourra échapper, sans que le danger soit nettement défini comme dans la peur d'un lion dans la rue.
    Ce sentiment peut s'accompagner de découragement ou au contraire exalter les puissances créatrices d'un être raisonnable sensiblement affecté...

    Comment savoir l'effet de la vérité sur une personne ? Luttera-t-elle ou se préparera-t-elle si elle n'est pas informée sur son état?

    Vous pouvez pour la recherche des idées faire varier les plans: médical, pédagogique, politique....

    Par exemple pour un médecin parlant à un patient vaut-il mieux mentir pour le rassurer ou vaut-il mieux le plonger dans l'angoisse en ne lui cachant pas la vérité sur son état si le pronostic vital est engagé?

    Ou encore pour un professeur; va-t-il mentir à un étudiant sur ses possibilités d'obtenir un succès ou va-t-il lui asséner ce qu'il croit être la vérité? l Qu'est-ce qui sera à long terme le plus efficace, le mensonge qui rassure ou la vérité qui dérange?

    => Vous avez à étudier les effets de l'angoisse qui galvanise la liberté

    => Vous pouvez distinguer le simplement utile ( efficacité) et le vraiment utile (ce qui importe)

    Pour élargir: http://www.philagora.net/corrige/verite-dire.php
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  4. #44
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    Par défaut Autre piste:

    Vous trouverez des idées sur la vérité et l'illusion en suivant ce lien





    Y a-t-il

    la question porte d'abord sur l'existence d'une multiplicité ayant pour prédicat "préjudiciable": cela signifie que le sujet oriente aussi vers des essences qui auraient pour prédicat "préjudiciable"

    des vérités

    le mot vérité a-t-il un sens au singulier ou au pluriel? Ce pluriel semble limiter à 2 adjectifs, vrai ou faux, attribués à un discours accordé ou non à son objet. Mais les vérités ne prennent-elles pas leur sens de leur rapport à la vérité?

    préjudiciables

    qui porte préjudice à ... qui nuit à, qui va à l'encontre de... qui? Si une vérité implique la formulation d'un discours, seul un auditeur peut la saisir: c'est donc l'impact sur un sujet moral qui est ici en cause.
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  5. #45
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    Par défaut Bac 2018 . Les règles d'or de l'oral...

    Les règles d'or de l'oral.

    Ne demandez jamais si vous devez lire le texte.
    Après l'avoir présenté et en avoir marqué le plan, LISEZ une dizaine de lignes de la manière la plus expressive possible en soulignant par le ton les concepts essentiels.


    Ne jamais réciter ou du moins ne jamais donner l'impression de réciter: pour cela, montrez les concepts que vous expliquez, cherchez le mot juste, hésitez sur l'emploi de mots, reprenez-vous en utilisant les expressions:
    ou plutôt ...
    En quelque sorte ...
    Pour ainsi dire ...

    Règle de sincérité toujours appréciée. Si vous citez par cœur votre professeur, dites-le; si vous ne comprenez pas une question, dites-le et demandez à l'examinateur: serait-il possible de la reformuler?
    Si vous n'avez pas compris un terme, dites-le et si vous êtes embarrassé par un problème, dites qu'il vous est impossible de répondre immédiatement oui ou non, précisément parce qu'il y a un problème.

    Soyez vous-mêmes, mais dans tous les cas votre parole doit être adéquate (correspondre à la question posée) et pertinente, cohérente.

    Jamais de paraphrase dans une explication:

    -Vous avez lu le texte, ne le relisez pas pour ajouter: ça veut dire que...
    -La paraphrase consiste à traduire une phrase par une autre phrase: c'est toujours très maladroit car, ou votre traduction dit plus, ou elle trahit ce que l'auteur a si bien dit, ou elle dit moins:

    dans le premier cas, vous ajoutez au texte, vous vous en écartez.


    Dans le second, le plus grave, vous faites paraître un contre sens sur le texte.

    Dans le troisième cas, ce que vous dites marque une insuffisance, une lecture rapide.

    = Un truc:

    Pour éviter la paraphrase, retrouvez le sens du texte en expliquant successivement les concepts ou expressions employés par l'auteur:
    montrez le concept, expliquez le, retrouvez le sens du texte à partir de lui (cela suppose que dans la préparation vous ayez souligné les concepts et les articulations du texte).


    Un conseilréparez l'oral avant même les résultats.
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  6. #46
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    Par défaut Le déroulement de l'oral

    = Sur le déroulement de l'oral

    Les questions de l'examinateur. (beaucoup les craignent). Pourtant elles ont un triple but:

    S'assurer que le texte a été compris.

    Monter votre note.

    Engager un dialogue.


    - Prenez le temps de réfléchir avant de répondre (c'est très apprécié)
    - Regardez le texte car le plus souvent la réponse est dans le texte.
    - Dans tous les cas, essayez de répondre en fonction du texte sans jamais perdre de vue la thèse principale de l'œuvre.
    - Une question vous fait découvrir un contre sens sur le texte: ne paniquez pas, rectifiez immédiatement en donnant le sens du texte. (Appréciez la question qui vous aide, c'est la rectification qui va être retenue: vous montrez que vous n'êtes pas prisonnier de l'opinion, que vous savez reconnaître une erreur).

    =>N'abandonnez jamais un point de vue sans avoir essayé de le défendre par une argumentation.
    Une objection ne doit pas vous désarçonner, mais vous amener à la prendre en compte tout en restant vous même.


    => Enfin!

    Votre examinateur peut vous sembler réservé:
    c'est une garantie d'objectivité et cela correspond à des instructions qu'il a reçues.
    Ne lui demandez pas votre note.
    En principe ils ne doivent pas la donner.
    Ne vous comportez pas comme un prisonnier de la caverne qui transforme tout ce qu'il voit en connaissance.

    - Un air sévère, réservé, accueillant etc... ne signifie rien quant à la note que vous allez obtenir.
    - Ne vous laissez pas décontenancer par quelqu'un qui regarde au loin: vous allez vous apercevoir qu'il n'en perd pas une, comme on dit. On peut regarder au loin et écouter.

    - Le plus souvent, c'est lui qui vous a corrigé à l'écrit, n'oubliez pas ce point. On a entendu des candidats se plaindre d'être tombés à l'écrit sur un ...

    Et surtout...
    Ne désespérez pas, la note d'écrit ne détermine jamais la note d'oral. Paradoxalement, plus la note d'écrit est faible, plus vous pouvez par le sérieux de la préparation de l'oral gagner des points.
    On a vu des 6 à l'écrit se transformer en 14 ou plus!!


    C'est ce que Joseph vous souhaite.
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  7. #47
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    Par défaut En veux-tu, en voilà... A voir et à revoir

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  8. #48
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    Thumbs up Probable:Faut-il préférer le bonheur à la vérité?

    Bonheur et vérité sont des idées, ce à quoi rien de sensible ne correspond. Dans ces conditions on peut comprendre: la recherche de la vérité, la recherche du bonheur.

    == Pour la recherche des idées:

    == Faut-il: en général signifie est-il nécessaire de ... Ici, c'est plutôt est-ce une conduite rationnelle, cela a-t-il un sens de ..., n'est-ce pas se tirer une balle dans le pieds !!!
    Tout d'abord cet effort de "distinction" qui valorise votre travail:

    Préférer: c'est choisir quelque chose plutôt qu'une autre chose. Choisir, c'est donc sacrifier parce qu'on considère que quelque chose est plus important.

    Le bonheur: état de satisfaction complète, idéal de l'imagination. Mais au sens large: recherche de la vie la meilleure possible, satisfaction des besoins pour obtenir du plaisir.

    La vérité: c'est une idée de la raison, une valeur, ce que l'on recherche:
    - dans les rapports sociaux par opposition au mensonge


    - dans le rapport à la nature, la recherche de la vérité par opposition à l'ignorance.
    Dans tous les cas, et donc les deux points de vue peuvent apparaître dans votre développement, c'est l'ajustement d'un discours à ce qui se passe réellement ou à ce qui s'est réellement passé. Si l'adéquation désigne la correspondance parfaite d'une expression à son objet, on dira que la vérité est l'adéquation entre une connaissance et son objet (Kant).
    Si toute connaissance se formule en un discours, la vérité pour un homme c'est surtout le vrai et le faux, ce qui qualifie le discours qu'il prononce: son discours est vrai s'il est adéquat à l'objet dont il parle. Faux qualifie aussi bien un discours inadéquat, erreur ou mensonge, aussi bien qu'un homme dont l'apparence qu'il présente est en inadéquation avec sa propre intériorité.

    Difficulté du sujet: Le problème


    Si la recherche du bonheur et la recherche de la vérité sont liées et si préférer signifie exclure l'un ou l'autre, il est impossible de répondre par oui ou par non.

    L'enjeu:
    il s'agit de la vie humaine d'un être raisonnable sensiblement affecté et du risque qu'il y a à préférer le bonheur à la vérité

    => Pour le mouvement (plan) du dévellopement:bonheur.

    1- Quelles sonts les raisons de préférer le bonheur et d'écarter la vérité et sa recherche.

    a) La recherche de la vérité peut blesser et rendre impossible le bonheur: on peut analyser le désespoir, l'amour propre qui supporte mal de s'entendre dire les quatre vérités. Il y a des vérités préjudiciables.


    b) La recherche bonheur s'accorde mal avec la recherche de la vérité dans la mesure où la vérité peut-être insoutenable: par exemple la reconnaissance de l'effroyable violence du temps destructeur qui dévore ce qu'il a fait naître et qui semble rendre vaine toute tentative vers le bonheur (Tchékhov, Oncle Vania)


    c) L'attention, l'observation, la maîtrise du libre cours des désirs, le temps de la réflexion nécessaires à la prise en considération de la vérité et de sa recherche nous oriente vers ce qui nous blesse car le présent nous blesse,nous résiste et nous voudrions lui préférer l'imaginaire, l'irréel.


    d) La recherche de la vérité exige d'ailleurs le sacrifice de la jouissance, le sacrifice de l'instant puisque la recherche ne peut se déployer que dans le présent. Si le bonheur ne peut être que donné et goûté dans le présent, n'est-ce pas lui qui est sacrifié? En effet, sacrifier le présent c'est sacrifier le plaisir et il ne peut y avoir de bonheur sans plaisir pour un être sensiblement affecté: comme système vivant, l'homme est orienté, poussé vers le plaisir qui accompagne l'acte de satisfaction des besoins. En préférant le bonheur on ne fait donc qu'accueillir les deux seules choses qui nous sont données, le présent et le corps, pour en jouir.

    Transition. Encore faudrait-il que la recherche de la vérité ne soit pas une condition du bonheur.

    2- Les raisons de ne pas préférer le bonheur à la vérité.

    a) Pas de bonheur pleinement humain sans recherche de la vérité car ce qui blesse c'est l'erreur et par dessus tout l'ignorance.


    b) Pas de bonheur sans compréhension et maîtrise de l'absurde oppression que la nature exerce sur l'homme: pas de bonheur sans culture et singulièrement sans l'élaboration progressive du concept philosophique de culture comme puissance de dépassement des particularités, puissance d'échappement à la nature grâce à laquelle l'homme n'est plus un loup pour l'homme mais un dieu car il n'y a rien de plus précieux pour celui qui veut être heureux que l'homme, son semblable, l'amitié et la collaboration fraternelle dans laquelle les forces s'unissent.


    c) Sur le plan des relations humaines, pas de bonheur possible sans le souci de vérité, le refus du mensonge: ne jamais mentir ni à soi même ni aux autres quand il s'agit de juger un comportement: qu'il soit universalisable.

    Pour une conclusion.
    La vérité dans les rapports sociaux et la recherche de la vérité dans les sciences étant condition de la vie la plus heureuse possible, il ne faut donc pas préférer le bonheur à la vérité. Ce sera la seule manière de faire passer dans la réalité d'une vie la plus heureuse possible un idéal qui, sans l'idée de vérité resterait un idéal.

    Joseph
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  9. #49
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    Par défaut Tout sujet mettant en question la philosophie...

    De Marie-Thérèse Lamaty


    Qu'est-ce que la philosophie, la philosophie qui, si l'on en croit Kant, "n'existe pas encore?"

    Préalable: apprendre par coeur ce texte de Platon:: il vous servira pour l'introduction, le développement et singulièrement,t la conclusion....

    "Regarde....si la noblesse la bonté d'âme ne consistent qu'à sauver sa vie! (ne ...que = seulement).
    Car cette vie qu'elle soit longue ou qu'elle soit courte, c'est en fait ce qu'un homme vraiment homme , doit laisser de côté , ce n'est pas cela qu'il doit dévouer l'amour de son âme...
    Non , ce qu'on doit plutôt chercher à savoir, c'est de quelle façon ont doit vivre sa vie pour qu'elle soit la meilleure possible....
    Personne n'a peur de la mort si on la prend pour ce qu'elle est, ou alors il faut être incapable faire le moindre raisonnement et ne pas être vraiment homme-- Non,ce qui fait peur , c'est l'idée qu'on a pas été juste"


    Platon Gorgias, traduction excellente de Monique Canto-Sperber.





    Comment définir une discipline et préciser son domaine si "elle n'existe pas encore?" et pourquo la philosophie i "n'existe-t-elle pas encore?"

    C'est parce qu'elle est à faire, elle est un acte, elle est "démarche" de l'esprit, mouvement de l'esprit vers le monde, vers lui-même (Sartre), vers ce qui le dépasse, dont l'origine, nous dit Aristote, fut "l'étonnement". C'est une démarche personnelle certes, mais qui tend vers l'universel.

    Nous poserons donc ainsi la question: qu'est-ce que philosopher?

    Philosopher ... c'est nous éveiller au monde qui nous entoure, c'est nous interroger sur notre situation dans ce monde, sur ce que nous sommes, c'est: Penser... oui... mais pas n'importe comment!

    Philosopher c'est:

    - retrouver "l'homme intérieur", "se replier sur soi-même, au dedans de soi" (cf. Husserl),

    - dire "non" aux apparences pour découvrir ce qui est derrière le monde sensible, c'est tenter de renverser toutes les sciences admises, tous les systèmes, mettre en doute", dire " non" dans un premier temps, pour pouvoir asseoir sa pensée sur des bases inébranlables; c'est "mettre de l'ordre dans ses pensées" (Descartes>,

    - rencontrer les limites de notre raison et alors " prendre conscience de l'absence" (F. Alquié),

    - adhérer à un principe supérieur.

    Philosopher c'est renaître et adhérer à un étrange savoir puisque c'est pouvoir redire avec Socrate "Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien"; et cela parce que c'est essayer de comprendre jusqu'aux "causes suprêmes" (Aristote). Philosopher c'est accepter d'être "bouleversé" (Jaspers).

    Ainsi la Philosophie est un cheminement vers la connaissance vraie. C'est la vie même de l'esprit; démarche nécessairement personnelle elle présente aussi une valeur universelle puisque l'homme cherche à établir un contact avec l'être, fondement de toute chose.

    Elle nous aide à vivre "en homme c'est-à-dire en être vivant et pensant aux prises avec des difficultés, posant des problèmes qu'il peut résoudre et d'autres qu'il ne peut pas résoudre et qu'il ne peut pourtant pas s'empêcher de se poser.

    La philosophie nous éveille au mystère de notre existence.

    Aurions-nous accès à une Vérité qui seule pourrait combler notre désir de connaissance, à une Vérité qui ne serait pas le fruit d'une pensée élaborée par la raison, qui nous serait révélée et que nous aurions à accueillir ? Est-il légitime de croire quand on ne sait plus?

    Le désir de vérité fait partie de la nature même de la raison, or notre connaissance est déficiente et pourtant ce désir tend vers la connaissance absolue. Il est alimenté par "cette conscience de l'absence", ce vide, cette incapacité à saisir ce que l'on cherche. Seule la plénitude de l'Être peut combler ce désir infini. Emmanuel Mounier tente une explication rationnelle de ce comportement humain et conclut " le néant devient révélation négative de l'absolu". Notre néant est rempli de la plénitude de l'appel".
    Peut-on découvrir un chemin qui serait au-delà de la raison?


    TEXTES: Aristote - Kant - Husserl
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    Qu'est-ce que la Philosophie? par M.-Th. Lamaty

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    Quelle est donc cette discipline qui nous conduit à un étrange savoir? Bien étrange en effet, puisqu’il nous livre une connaissance qui nous rend "étranger" à ce monde dont pourtant, nous sommes une partie intégrante. La philosophie nous permet de constater que nous sommes englobés dans l’univers , que nous en sommes une partie infime, que par notre corps nous y sommes contenus mais, en même temps, par notre pensée nous nous le représentons, nous nous en faisons une idée. Nous nous représentons les choses qui nous entourent, nous en avons une connaissance. Pascal écrivait: "par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point; par la pensée, je le comprends" c’est-à-dire je me le représente. Par cette prise de conscience du monde, je me distingue de lui, je le mets à distance, je prends du recul, "j’objective" le monde et j’établis des relations entre lui et moi (en obéissant aux règles strictes de la pensée). La philosophie nous permet de constater que par notre corps nous sommes de même nature que l’univers, donc que nous sommes objet d’étude tout comme lui mais "être homme" c’est aussi être sujet c’est-à-dire auteur de cette étude, de cette mise en perspective dans un ordre où tout pourrait prendre un sens . Nous pourrions reprendre à notre compte cette inquiétude de Musset :
    " Qu’est-ce donc que ce monde et qu’y venons-nous faire? " Vers quelle impasse , vers quel mystère nous conduit la philosophie?

    Embarquons-nous!

    Selon l’expression de Descartes nous sommes: "une chose qui pense" . La philosophie va éclairer le fonctionnement propre de cette pensée qui nous distingue des choses , des objets . Nous sommes bien des sujets pensant , formant et enchaînant des concepts pour parvenir à rendre présents à nos sens et à notre intelligence les objets qui nous entourent afin d’en posséder une représentation adéquate (ce qui nous amène à l’idée de vérité).



    Mais ne brûlons pas les étapes. Pour étudier une discipline demandons-nous:
    - Quelle est son origine?
    - Quel est son but?
    - Comment s’y prend-t-elle? c’est-à-dire quels sont ses moyens?
    - Quels sont ses fruits?

    Son origine:
    Aristote (384-322 avant JC) nous dit :" Ce fut l’étonnement qui poussa les hommes aux premières spéculations philosophiques....." cf texte.
    Il s’agit donc d’étonnement devant les phénomènes naturels, devant le monde qui nous entoure.
    La philosophie occidentale reconnaît ses origines en Grèce au IVème siècle avant JC. Les premiers philosophes, dits Pré-Socratiques (Socrate 470-399 avant JC), s’étonnaient donc , observaient , s’interrogeaient . Ils réfléchissaient sur l’origine de la nature , du monde matériel .
    Thalès posait la question : En quoi les choses sont-elles faites ?
    Héraclite et Parménide : Y-a-t-il du mouvement ou non ? et quelle est la cause du mouvement ?
    Pythagore Y-a-t-il de l’ordre dans les choses
    C’est Pythagore qui aurait créé le mot philosophie .
    Philo: ami , philein = aimer
    Sophia: la sagesse. L’homme sage est celui qui aime et cherche la connaissance vraie et le Bien.

    La philosophie dans l’antiquité grecque jusque vers l’époque de Descartes (1596-1650) entretenait donc un rapport avec la science . La sagesse visait à une connaissance la plus juste possible de toutes les choses que l’homme peut savoir ,sans oublier celles pour la conduite de sa vie , ou pour la conservation de sa santé .



    Que cherchaient ces philosophes dans leur passion de connaître?

    Sur le fronton du temple de Delphes on pouvait lire "Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ".

    Mais cette recherche de la vérité en ce qui concerne nous-même et nos relations avec l’univers et les dieux , commence par un débat avec l’esprit lui même. Pour approcher la vérité il faut payer le prix ! c’est-à-dire découvrir les lois universelles qui régissent la pensée et s’y conformer. Ce sont les principes (d’identité, de contradiction, du tiers exclu).



    Penser, c’est dire non aux apparences, c’est:
    – se méfier des apparences trompeuses,
    – pratiquer une mise en doute méthodique de ce que nous donne nos sens,
    – transformer nos opinions en jugements fondés,
    – avoir une conception critique de nous-même et du monde,
    – commencer , donc , par la réflexion , le recueillement

    C’est pourquoi Socrate (470-399 ) ne conservera que la première partie de la phrase: "Connais-toi toi même". Il humanisa et intériorisa la philosophie. Le contact avec le monde, dit Platon, se fait dans l’âme. Sa mission est de " tourner chacun vers sa vérité spirituelle". Pour la découvrir il incite ses élèves à méditer sur l’instabilité du monde sensible , c’est-à-dire sur les apparences changeantes ; car il existe un autre domaine que celui des choses concrètes , changeantes . C’est le domaine de l’esprit où l’on rencontre ce qui est immuable c’est-à-dire l’essence ou la nature même, (c’est-à-dire ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est). On peut connaître cette essence non par nos sens mais par un raisonnement de l’esprit (c’est-à-dire un enchaînement logique des propositions) car l’essence est "hors de vue". La philosophie nous engage donc à connaître ce qui est "hors de vue", "invisible", pour saisir la vérité . C’est une tâche si difficile qu’elle nous fait très vite découvrir la relativité de nos connaissances , et nos limites. Que vaut alors la science qui évolue, progresse sans cesse et qui demeure partielle , provisoire (Bachelard écrivait: que penser de la vérité scientifique qui est "vérité d’aujourd’hui , erreur de demain"?).

    Jusqu’où peut aller ma raison ? Que puis-je savoir ? On comprend aisément la réflexion de Socrate: " Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien".

    Lecture du texte de Husserl

    Et pourtant ... l’homme ne peut pas s’empêcher d’essayer de satisfaire son désir passionné de connaissance vraie. Il va donc faire usage de toutes ses facultés: les sens, la conscience (intellectuelle), la raison, l’imagination, le langage, pour connaître la structure du monde et l’activité des éléments . Il va réfléchir sur des problèmes soumis à l’expérience , transformer les objets matériels en idées , en représentations les soumettre au doute, établir des raisonnements logiques , pour s’interroger sur leur conformité avec le réel (on définit la vérité comme la conformité d’un jugement avec la réalité).

    Mais la réalité qui nous intéresse est trop vaste pour se laisser enfermer dans l’impasse de nos systèmes . La vérité scientifique , sans cesse en évolution , pressent un mystère que l’homme ne peut refuser puisqu’il est le fondement de toute chose, ce à partir de quoi émerge toute existence. Réfléchissons à cette question ultime: " Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?". L’homme sage, le philosophe, est appelé à " dépasser les impasses d’une logique technocratique pour retrouver , sans y parvenir, un projet originel" (Fides et ratio, JPII): ce sont les problèmes de la création, de l’existence personnelle . Le sage ne recherche pas seulement le vrai , il recherche aussi un idéal moral: le Bien . Il a une vue personnelle , réfléchie de la vocation morale de l’homme c’est-à-dire de ce à quoi il est appelé pour devenir homme (on ne naît pas homme on le devient ). C’est cette vocation morale qui lui permet de donner un sens aux évènements et ce sens ne peut être perçu qu’après un effort. Cet effort nous permettra de nous dégager des mobiles irrationnels , passionnels qui mènent la masse des hommes et de nous demander face aux évènements, aux faits: qu’est ce qui devrait être; c’est-à-dire qu’il nous faut transformer le fait en droit.

    La conduite du sage doit tendre vers un sens de la relativité de toute connaissance , de la mesure , de la modération .

    La prise de conscience de ce "non-savoir" en matière de connaissance, et de cette interrogation inlassable sur le plan moral et pratique (que dois-je faire" ) est fondamentale pour l’élaboration d’une philosophie qui n’est pas un savoir achevé, universel, systématique , mais une démarche ,un mouvement de l’esprit et du corps. Sartre nous dit qu’elle "mord sur l’avenir". Kant écrivait qu’elle n’est pas un " savoir" à apprendre car " elle n’existe pas encore ". Tant que nous n’avons pas ouvert les yeux sur nous-même et sur le monde , c’est-à-dire sur le temps , sur l’espace ,sur la matière ,tant que nous n’acceptons pas de nous poser des questions qui pourtant demeureront sans réponse , tant que personnellement nous ne nous serons pas éveillés à une autre connaissance que celle des apparences , la philosophie n’existera pas .

    Lecture du texte de Kant: "la philosophie n’existe pas encore ".

    Exerçons donc notre raison à recueillir les données livrées par nos sens , acceptons de commencer un cheminement vers ce qui est au-delà des apparences (la réalité), essayons de comprendre en sachant que nous allons vers un bouleversement qui résultera d’un heurt avec le mystère qui nous porte. Ce n’est qu’en acceptant nos limites que nous entrerons en contact avec l’Être - c’est-à-dire la réalité qui nous porte. Certes la philosophie est un effort pour saisir le Vrai, le Beau, le Bien à travers un quotidien qui loin de nous retenir prisonnier ,nous permettra de nous éveiller et de faire émerger des valeurs fondatrices (cf Kant: l’éducation se fait de haut en bas).

    Cet "insaisissable" que tout homme recherche est pourtant avec lui de plein pied . Descartes disait: " il y a des vérités que l’on touche de l’esprit". Il voulait parler de cette autre faculté que nous possédons pour nous guider dans notre quête du Vrai, du Beau, du Bien; cette faculté c’est l’intuition métaphysique appelée par Platon "l’œil de l’âme" et par Descartes "l’instinct de l’esprit" .

    Nous comprenons que la philosophie présente une valeur universelle mais est nécessairement personnelle . Chacun de nous doit s’y mettre sans exception .Karl Jaspers disait : " on n’échappe pas à la philosophie " (nous sommes philosophes de nature – capacité de réflexion ), cette philosophie dont "l’origine , écrit-il encore , se trouve dans l’étonnement, le doute, la conscience que l’on a d’être perdu. Dans chaque cas elle commence par un bouleversement qui saisit l’homme et fait naître en lui le besoin de se donner un but."

    Ce but c’est d’essayer de comprendre l’homme en situation dans le monde , dans l’existence . Elle nous aidera à vivre en homme c’est-à-dire en être pensant, aux prises avec des difficultés, posant des problèmes qu’il peut résoudre et d’autres qu’il ne peut pas résoudre mais qu’il ne peut pourtant pas s’empêcher de se poser.

    Nous venons de voir que la philosophie est une réflexion devant le mystère de notre existence personnelle , devant celui de la création ("pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien?" ).

    Dans son désir de vaincre ce mystère ,nous mettons sur pied une recherche méthodique, patiente , objective (autant que possible !). Cette recherche n’est pas vaine dans un sens puisque nous obtenons des vérités scientifiques partielles que nous multiplions dans l’espoir toujours déçu , mais jamais vaincu , d’obtenir une vérité ultérieure où toutes nos connaissances seraient unifiées où tout prendrait un sens : le monde et nous. La raison se heurte à un mur, elle rencontre ses limites, elle éprouve sa faiblesse .

    Et si cette faiblesse devenait notre force ?. Si la raison pouvait échapper au risque de devenir prisonnière d’elle même , de son désir de tout comprendre, de tout dominer, de tout embrasser? Si elle échappait à l’aveuglement de l’orgueil , que nous arriverait-il? La démarche philosophique nous aiderait-elle? Merleau-Ponty écrivait: "La philosophie nous éveille à ce que l’existence du monde et la notre ont de problématique en soi , à tel point que nous soyons à jamais guéris de chercher , comme disait Bergson , une solution "dans le cahier du maître". "Il n’y a pas de "cahier du maître", il n’y a pas de modèle figé .Il y a une route ouverte devant nous . A nous de réfléchir , d’agir, de nous poser des questions . Et si ces questions demeurent sans réponse: tant mieux! car c’est cette absence, ce manque qui alimente notre désir et nous révèle notre nature , notre essence . Nous sommes une partie qui ne peut comprendre le tout , mais qui est traversée , vivifiée , nourrie par cet infini vers lequel nous tendons. F. Alquié explique que notre conscience tournée vers le temps, contient l’éternel. Nous sommes radicalement différents de ce monde de l’expérience sensible, voué à l’écoulement du "devenir" . Certes nous changeons mais aussi nous "durons". Qu’est-ce qui demeure en nous, qui nous permet de dire "je" au cours des différents moments de notre existence? Que sommes-nous?

    Il nous est impossible de découvrir, de définir le sujet que nous sommes, dans le monde de l’expérience qui ne révèle que changement et diversité. Alors à quoi bon philosopher , à quoi bon chercher à atteindre ce qui nous échappe sans cesse ? La philosophie est-elle inutile? OUI, car elle n’est pas subordonnée à une efficacité immédiate , à une fin naturelle . Elle est inutile car fondamentale et nécessaire (nécessaire = qui ne peut pas ne pas être). Citons encore F. Alquié: "la réflexion philosophique est à ce point limitée qu’elle aboutit à un non-savoir . Elle est pourtant fondamentale. C’est en elle que l’homme découvre son essence et sa situation, ce qui lui permet d’ordonner tout le reste".

    Ainsi, notre faiblesse, notre impossibilité à saisir ce que nous cherchons , est la condition de notre force. Nous ne commencerions pas à chercher ce que nous ignorerions complètement ou ce que nous estimerions impossible à atteindre . Nous possèderions selon Platon , Descartes une capacité métaphysique , un "instinct de l’esprit" qui nous projette vers une réalité qui dépasse tous nos systèmes. Notre recherche ne peut aboutir que dans l’absolu.

    Nous avons donc le choix entre :
    - le scepticisme radical qui nous conduit à l’absurde "mais n’est-il pas absurde que tout soit absurde?": Emmanuel Mounier,
    - ou l’action au risque de se tromper... et tant mieux encore si nous nous trompons , car, reprenons Descartes: si je me trompe , je doute , si je doute , c’est que je pense, si je pense j’existe. ("je pense donc je suis"). Exister c’est agir (après réflexion ). C’est le sens de notre vie car dans nos actes nous permettons à l’éternel, aux valeurs , de s’incarner dans le "devenir".

    (1859-1938) "Quiconque veut vraiment devenir philo-sophe devra ... J’ai donc fait par là même le vœu de pauvreté en matière de connaissance".
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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