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Discussion: Bac blanc 2018: La vérité, tu la cherches..;Nietzsche

  1. #1
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    Par défaut Bac blanc 2018: La vérité, tu la cherches..;Nietzsche

    "L'homme cherche "la vérité": un monde qui ne puisse ni se contredire, ni tromper, ni changer, un monde vrai - un monde où l'on ne souffre pas; or la contradiction, l'illusion, le changement sont cause de la souffrance! Il ne doute pas qu'il existe un monde tel qu'il devrait être; il en voudrait chercher le chemin(...).
    Où l'homme est-il allé chercher le concept de réalité? Pourquoi déduit-il justement la souffrance du changement, de l'illusion, de la contradiction? Pourquoi n'en tire-t-il pas plutôt son bonheur?...
    Le mépris, la haine de tout ce qui se passe, change et varie - pourquoi cette valeur attribuée à ce qui dure? Il est visible que la volonté de trouver le vrai n'est que l'aspiration à un monde du permanent.
    Les sens nous trompent, la raison en corrige les erreurs; donc, a-t-on conclu, la raison est la voie qui mène au permanent; les idées les moins concrètes doivent être les plus proches du "monde vrai". - La plupart des catastrophes proviennent des sens, - ils sont trompeurs, imposteurs, destructeurs.
    Le bonheur ne peut avoir de garantie que dans l'être; le changement et le bonheur s'excluent. Le vœu suprême sera donc de s'unir à l'être. Voilà le chemin du bonheur suprême (...).
    La croyance que le monde tel qu'il devrait être, est réellement, c'est une croyance d'improductifs qui ne veulent pas créer un monde tel qu'il doit être. Ils le supposent donné, ils cherchent les moyens et les chemins qui y mènent. Vouloir "le vrai" - c'est s'avouer impuissant à le créer"


    Nietzsche, la volonté de puissance .
    =======================

    = Nous sommes assez bêtes pour chercher le bonheur, comme si on pouvait le trouver tout fait: mais comme le bonheur est un idéal de l'imagination, il ne peut jamais être trouvé. Nous confondons ce qui est et ce qui devrait être: ce qui est, nous pouvons le trouver, par exemple une source pour nous désaltérer, ce qui devrait être, nous ne pouvons que le créer.

    "La question de savoir si la vérité est nécessaire ne doit pas seulement au préalable avoir trouvé sa réponse affirmative, cette réponse doit encore l'affirmer de telle sorte qu'elle exprime le principe, la croyance, la conviction que "rien n'est aussi nécessaire que la vérité et que par rapport à elle tout le reste n'est que d'importance secondaire."

    = Lisons le texte ensemble:

    l'homme cherche la vérité:
    cherche: comme on cherche pour trouver quelque chose.
    la vérité: comme un objet. C'est pourtant l'absolu, ce qui a sa raison d'être en soi, ce qui suit les canons de la raison: ce qui est, est, ne se contredit pas et par dessus tout ne change pas. "La vérité doit avoir un visage pareil et universel" nous dit Montaigne. On imagine un anti-monde dans lequel il n'y aurait plus de misère.
    Mais d'où vient la misère, la souffrance?

    or: et cependant...

    la contradiction: ce qui s'oppose, défie la raison, est irrationnel: "ça ne devrait pas être comme ça!"

    l'illusion: tout ce qui nous trompe, tout ce qui nous amène une déception: on a poursuivi un mirage.

    le changement: le devenir, l'incroyable violence du temps en nous et hors de nous: l'homme a peur du devenir dans lequel il voit une figure de sa mort et dans il lequel il devrait plutôt voir une figure de la vie.

    cause: ont pour effet.

    souffrance: douleur physique ou, ici, douleur morale: crainte, peur, angoisse, regrets, soucis sont reliés et impliqués dans le devenir.

    ce monde: dans lequel il souffre parce qu'il n'est pas tel qu'il devrait être pour qu'il ne souffre pas, selon l'homme qui refuse, qui nie la terre et lui est pour ainsi dire infidèle. Il veut s'en évader, il espère un monde permanent, ce qui est une manière de maudire le présent, le monde qui lui est donné. Ce qui lui est donné, le corps et l'instant qui fuit, il le refuse.

    où: quelle est l'origine.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #2
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    Par défaut Croyance vérité.

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    "L'homme cherche "la vérité": un monde qui ne puisse ni se contredire, ni tromper, ni changer, un monde vrai - un monde où l'on ne souffre pas; or la contradiction, l'illusion, le changement sont cause de la souffrance! Il ne doute pas qu'il existe un monde tel qu'il devrait être; il en voudrait chercher le chemin(...).
    Où l'homme est-il allé chercher le concept de réalité? Pourquoi déduit-il justement la souffrance du changement, de l'illusion, de la contradiction? Pourquoi n'en tire-t-il pas plutôt son bonheur?...
    Le mépris, la haine de tout ce qui se passe, change et varie - pourquoi cette valeur attribuée à ce qui dure? Il est visible que la volonté de trouver le vrai n'est que l'aspiration à un monde du permanent.
    Les sens nous trompent, la raison en corrige les erreurs; donc, a-t-on conclu, la raison est la voie qui mène au permanent; les idées les moins concrètes doivent être les plus proches du "monde vrai". - La plupart des catastrophes proviennent des sens, - ils sont trompeurs, imposteurs, destructeurs.
    Le bonheur ne peut avoir de garantie que dans l'être; le changement et le bonheur s'excluent. Le vœu suprême sera donc de s'unir à l'être. Voilà le chemin du bonheur suprême (...).
    La croyance que le monde tel qu'il devrait être, est réellement, c'est une croyance d'improductifs qui ne veulent pas créer un monde tel qu'il doit être. Ils le supposent donné, ils cherchent les moyens et les chemins qui y mènent. Vouloir "le vrai" - c'est s'avouer impuissant à le créer"


    Nietzsche, la volonté de puissance .
    =======================

    = Lisons le texte ensemble: (suite)

    concept: le mot, ce avec quoi on saisit et définit.

    réalité: ce qui s'impose à l'esprit, comme la réalité des idées vers lesquelles il s'oriente en maudissant le devenir. Ainsi la "réalité" n'est qu'une croyance. On cherche à trouver une croyance, une opinion qui transforme un désir de l'homme en connaissance: le désir d'échapper au devenir.

    pourquoi: comment se fait-il...

    déduit-il: sortir de par déduction.

    la souffrance: les douleurs morales de la réalité du monde qui lui est donné. Comment a-t-il pu s'enchaîner en reliant par un rapport de cause à effet la souffrance et le monde qui lui est donné. Ce faisant il se serait , selon l'auteur,lui même rendu malheureux. Pourquoi rejette-t-il au lieu d'accepter ce qui lui permettrait d'être heureux.

    plutôt: au lieu d'en tirer sa misère.

    => Nietzsche nous donne une clé de sa pensée. Pour être heureux il ne faut pas refuser ce qui est donné, il faut au contraire lui être fidèle, à la terre.

    mépris: un sentiment par lequel on considère comme indigne, on dévalorise et on renie.

    haine: vouloir la disparition de.

    se passe: se déroule.

    change: se transforme, devient autre.

    varie: présente des variations au cours d'une durée.

    valeur: Nietzsche pose la bonne question: pourquoi en est-on venu à qualifier de nécessaire la vérité et à disqualifier le reste, la réalité. Cela revient à valoriser ce qui dure au ciel,par rapport à la vie.

    visible: c'est évident.

    volonté: la prétention d'obtenir.

    trouver: comme on trouve quelque chose qui existe quelque part: un monde permanent, la vérité.

    l'aspiration: ce qui tend à.

    monde du permanent: association de deux termes contradictoires pour l'auteur. Le monde est devenir, ce qui est c'est le devenir.

    les sens: on en est arrivé là à partir de l'illusion des sens: dans l'eau un bâton paraît brisé. Grâce à la raison on a rectifié et donc corrigé l'erreur. Cela a amené une valorisation de la raison, le pouvoir de distinguer le vrai du faux.

    donc: en conséquence.

    voie: le chemin de pensée.

    qui mène: qui conduit à.

    permanent: à ce qui devrait être selon l'homme, ce qui demeurerait ce qu'il est éternellement, ce qui ne change pas, ce qui ne devient pas autre.

    les idées les moins concrètes: la justice, la vérité, la beauté, les idées qui s'éloignent le plus de la réalité concrète.

    catastrophe: cela a eu pour conséquence la dévalorisation des sens et du corps. La dévalorisation des sens conduit au mépris du corps; la seule chose qui soit donnée avec le présent.

    bonheur: on est arrivé à affirmer: pas de bonheur s'il n'est pas assuré par l'être, ce qui est permanent.

    changement et bonheur: comme s'il était impossible qu'il y ait les deux en même temps.

    => Nietzsche veut nous dire que l'homme s'est rendu lui même malheureux en s'interdisant le seul bonheur qu'il puisse atteindre: la volonté et la création dans l'affirmation de ce qui devient. Le devenir est innocent, ce qui pas lui qui cause le malheur, c'est bien plutôt la réaction de l'homme pour fuir le devenir.

    croyance: on affirme plus qu'on ne sait.

    improductifs: de ceux qui ne produisent pas, qui ont renoncé à produire, à créer, qui cherchent une vérité toute faite, des faibles

    ils le supposent donné: ils cherchent le chemin qui mène à lui, qui permettra d'en jouir.

    impuissant: désespéré de soi: on décide que c'est impossible avant même d'avoir essayé.

    Bonne continuation

    Joseph Llapasset ©
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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