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Discussion: Peut-on dire, avec Aristote: "Nous autres Platoniciens"?

  1. #1
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    Par défaut Peut-on dire, avec Aristote: "Nous autres Platoniciens"?

    Voici ce que Lucie1 donnait comme aide en 2003......
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #2
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    Par défaut

    De Lucie1, en 2003:
    Pour votre réflexion pensez au
    quatre niveaux de la connaissance pour les platoniciens

    Ces quatre niveaux représentent, à la fois, une nouvelle manière d'appréhender le monde et une théorie générale pour rendre compte de diverses manières de connaître celui-ci. Cette unité peut être utilisée comme hypothèse d'explication de l'ensemble de la pensée de Platon ou comme une critique, de sa part, des tentatives de ses prédécesseurs et contemporains.

    Par exemple, le premier niveau est celui de la connaissance par la perception des faits qui passent ( ex. les premiers matérialistes milésiens ; le monde mythique d'Homère) ; le second niveau est celui de la connaissance technique, du savoir-faire, qui permet de manipuler des objets, sédimentés par les traditions, vers certaines fins (les Sophistes et leur notion de convention). Le troisième niveau recherche des principes hors des choses ( Pythagore et ses disciples dans leur quête des principes mathématiques des choses) ; et, finalement, le quatrième niveau où nous connaissons le pourquoi des choses en les considérant en elles-mêmes et "séparées" de leurs échantillons (Socrate, l'un et le multiple).

    Dans ce sens, nous pouvons demander si la ligne de la connaissance indique qu'il s'agit toujours du même objet, au travers les diverses étapes, celles-ci indiquant diverses phases appliquées au même objet ; ou nous avons des objets différents à chaque étape (cf. théorie des idées comme mondes séparés).

    Cela nous fournit l'occasion d'appliquer, la formule de la spécificité de la philosophie telle que mentionnée par Platon à : Y a-t-il une unité à la diversité des choses ? : s'agit-il du même objet ? Nous retrouvons là la possibilité de cette tension philosophique entre une théorie générale et une manière de voir : par hypothèse ; entre un résultat final obtenu par l'utilisation d'une méthode de recherche dont la principale

    Examen à partir d'une hypothèse ( = Ménon)

    1. Un pis-aller?

    ...l'examen "à partir d'une hypothèse" que va mener Socrate n'est pas seulement un pis-aller (161)*, ce n'est pas seulement un compromis obtenu contre l'autorité de Ménon, mais la mise en évidence d'un moyen de déterminer de façon maîtrisée le rapport entre la qualité et l'essence (162). Rien n'indique dans le texte que l'usage d'une hypothèse soit une façon insatisfaisante ou dégradée de poursuivre la recherche.

    2. Hypothèse ancienne et moderne

    L'examen par hypothèse que Socrate recommande à Mémon est illustré par l'emploi qu'on peut en faire pour résoudre un problème de géométrie classique pour l'époque. Est-ce qu'une surface donnée X peut s'inscrire sous forme de triangle dans un cercle donné (163)*? La solution consiste à trouver un mode de construction qui fasse voir, dans les circonstances requises, les conditions de possibilité de l'inscription de la surface X. La procédure suivie consiste à faire une hypothèse sur la nature ou le genre de cette surface. C'est le schéma d'énoncés : "si telle chose, alors telle conséquence, si telle autre,, alors telle autre conséquence " que Platon désigne comme le type d'examen faisant usage d'"une forme d'hypothèse " (87a).
    L'embarras de l'expression "une forme d'hypothèse" s'explique sans doute par le fait que, si ce sens du terme hypothésisest à peu près celui qui est resté attaché à notre usage du mot "hypothèse", ce n'est apparemment pas le sens que ce terme a dans les dialogues socratiques antérieurs au Ménon, ni celui qui lui est donné dans les textes mathématiques contemporains du Ménon. Pour les mathématiciens de l'époque, hypothésis signifie , semble-t-il, "proposition connue de soi", une sorte d'axiome. Par ailleurs, dans les dialogues socratiques, hypothésis a le sens d'"hypothèse dialectique" et désigne une proposition mise en avant pour les besoins de la discussion et dont les conséquences sont à examiner (164), sans que la proposition en question ait pourtant à être elle-même prouvée. Il est assez paradoxal que le sens donné ici au terme hypothésis ne soit pas le sens mathématique le plus courant à l'époque, mais plutôt , au premier abord, le sens dialectique proprement socratique. Mais il est encore plus paradoxal que Platon, employant ce terme de façon inattendue dans le Ménon, ne se réfère pas à son usage dialectique, mais attribue aux géomètres la pratique d'une telle procédure d'examen (165).
    Une première façon de résoudre le paradoxe serait de considérer que c'est en fait la procédure de "l'analyse géométrique" , en effet utilisée par les géomètres de ce temps, que Platon désigne ici comme "examen à partir d'une hypothèse", Et cette nouvelle dénomination - qui a donc pour condition une forme de détournement du sens mathématique du terme hypothesis- se justifierait par une raison méthodologique sérieuse. L'analyse est, en effet, une procédure d'invention,dont les résultats peuvent être reformulés sous forme d'hypothèses dialectiques , c'est-à-dire sous forme de propositions construites pour les besoins d'un problème et dont il faut vérifier les conséquences (166). Le meilleur exemple d'analyse géomérique étant, aux yeux des Anciens, fourni par la construction des figures (167).
    En désignant l'examen par hypothèse comme une procédure familère aux géomètres, Platon procéderait donc à une élaboration originale de la valeur du terme hypothésis dont l'effet serait de transposer, dans le champ mathématique, le sens dialectique de ce terme. Mais nous verrons que par le fait même de chercher l'hypothèse (la vertu est connaissance) requise pour formuler l'implication : "si la vertu est connaissance, alors elle s'enseigne", et par le fait aussi de prouver cette hypothèse pour effectuer l'inférence, le terme "hypothèse" sera doté d'un sens encore plus riche qui fera la synthèse en quelque sorte du sens dialectique de l'hypothèse élenctique et du sens mathématique de l'hypothèse géométrique.

    3. L'évaluation des conséquences

    C'est la mise en évidence d'une relation nécessaire et suffisante entre la connaissance et l'enseignement qui donne, comme objet à l'hypothèse, la proposition "la vertu est connaissance (168)". Si la vertu est connaissance, il est alors assuré qu'elle s'enseigne. La correspondance terme à terme avec le modèle de l'examen à partir d'une hypothèse est ainsi établie. Les conséquences de la conclusion obtenue - si la vertu s'enseigne, elle n'advient pas aux hommes par nature, et il doit en eister des maîtres et des disciples (89c) - ne seront examinées que beaucoup plus tard. En revanche, l'examen de l'hypothèse "la vertu est connaissance", qui forme l'antécédent de cette implication, sera réalisé au cours des pages 87c-89a du Ménon.
    Mais un tel examen sera conduit sous une forme assez problématique, puisque Socrate attribue le même non d' "hypothèse" à deux choses tout à fait différentes. D'abord, comme nous l'avons vu, à l'énoncé"la vertu est connaissance". Mais est également désignée comme hypothésis la proposition "la vertu est le bien". Socrate souligne assez le caractère incontestable et évident de cette dernière hypothesis, pour qu'on y reconnaisse le sens mathématique traditionnel de l'hypothésis-axiome (169). Nous constatons donc deux anomalies. D'abord la proposition "la vertu est connaissance" fait l'objet d'un examen, ce qui assure qu' "hypothèse" n'est pas à prendre ici au sens dialectique, puisque l'hypothèse dialectique n'est pas destinée à être testée. D'autre part, Socrate fait appel à une hypothèse qui est un axiome, à savoir "la vertu est le bien" (ou, sous sa forme plus développée, "la vertu est le bien, et à ce titre, elle est nécessairement utile").Cependant, en dépit de ces anomalies, la démonstration destinée à établir que "la vertu est connaissance" sera menée selon la procédure par hypothèse définie plus haut, et elle s'achèvera sur la conclusion suivante : la connaissance étant toujours le principe de la réussite de l'action, cette connaissance n'est nulle autre chose que le bien (170), c'est-à-dire, la vertu.
    Tout examen d'une hypothèse exige l'évaluation des conséquences qui en sont déduites. Vérifier la vérité de celles-ci ou le fait qu'elles ne sont pas contradictoires entre elles sert à établir la proposition dont elles découlent.Si la vertu est connaisssance et qu'elle s'enseigne, , une première conséquence est qu'une telle vertu n'advient pas par nature (171). Une deuxième conséquence est qu'on doit pouvoir en trouver des maîtres et des disciples.. La question de savoir si de tels maîtres existent sera longuement débattue entre Anytos et Socrate, d'abord, entre Ménon et Socrate, ensuite. La conclusion à laquelle cet examen parvient est que l'accord ne se fait ni sur l'identité de ceux qui devraient enseigner la vertu ni sur le fait qu'une telle vertu s'enseigne. L'impossibilité de vérifier la conséquence amène donc à retirer l'hypothèse, à contester d'abord que la vertu s'enseigne, puis que la vertu soit connaissance. L'erreur de raisonnement, à en croire Socrate, consistait à penser que seule la science est le principe d'une action droite (172), alors que l'opinion vraie peut tout ausi bien remplir ce rôle.
    L'utilisation de l'examen par hypothèse permet ainsi de repérer l'erreur commise. Un des avantages que Platon pouvait reconnaître à ce type de procédure est de permettre de bien distinguer entre ce qui est inféré et ce qui est posé.Etant une procédure contre-intuitive, l'examen à partir d'une hypothèse permet une rupture avec le sensible, c'est-à-dire, dans le cas de la vertu, avec toutes les caractéristiques empiriques qui ont été données de celle-ci (173). Mais en dépit de la diversité d'emplois que nous avons soulignée, l'usage que Platon fait du terme hypothesis n'est sans doute pas homonynique : cet usage permettrait plutôt d'intégrer à la fois "l'hypothèse-dialectique" (qu'on trouve dans les dialogues socratiques) et "l'hypothèse-axiome" (d'origine mathématique), liant ainsi les procédures d'établissement de la vérité (une déduction valide fondée sur un critère de cohérence) aux vérités premières et aux définitions (174). Cette synthèse des différents sens du terme "hypothèse" , dont le Ménon semble nous donner une pemière formulation, représente ce que, ultérieurement, le Phédon et la République désigneront sous le terme "hypothèse (175)".

    4. Hypothèse et réminiscence

    Si chercher, c'est chercher à se souvenir, l'examen par hypothèse peut fournir un des moyens de mettre en oeuvre le processus de réminiscence...En effet, un tel examen conduit à formuler un ensemble de propositions conditionnelles, qui sont des propositions vraies, portant sur des choses qu'on ne connaît pas Or c'est sans doute le type de procédure que le jeune garçon, interrogé sur la duplication du carré,mettait déjà implicitement en oeuvre. Le garçon a retrouvé, à partir d'une définition du carré, une de ses propriétés fondamentales, et cela, à l'aide d'un procédé d'invention, relatif à un problème de construction (176). La méthode que le jeune homme a probablement adoptée est celle de l'analyse, et nous pouvons interpréter chacune de ses réponses comme le résultat d'une hypothèse qu'il aurait implicitement faite sur le rapport des côtés du carré donné et du carré cherché...

    un sujet pas du niveau terminale

    Merci pour cette aide de qualité
    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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