D'ailleurs ce roi est un grand magicien : magicien il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor et qu'il en ait besoin de deux, il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et il le croient. S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent, il n'a qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent, et ils en sont aussitôt convaincus. Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les esprits.
Montesquieu approfondit: il ne s'en tient pas aux effetsn(prodige) il met à jour la cause, le comment. La puissance du roi tient à son pouvoir d'agir sur les esprits de ses sujets: dès lors ces derniers ne peuvent plus que servir et se soumettre puisque la pensée qui les meut n'est plus la leur. Encore faut-il que la soumission soit volontaire.
C'est l'absolutisme qui est visé: "il exerce son empire sur l'esprit "=> " il les fait penser" Il leur met dans la tête=>"Il ...leur fait croire" au point des les faire croire savoir ce qu'il veut qu'il sache".
il n'a qu'à leur persuader: Il n'a pas besoin de les convaincre, il les persuade!
Acte de conseiller autrui, réussi, parfaitement accompli: la persuasion agit sur la volonté.
Acte ayant pour but de provoquer l'adhésion complète de quelqu'un, de l'amener à penser, croire, vouloir, ou faire quelque chose, en touchant son caractère et sa sensibilité: persuader c'est donc d'abord s'adresser au désir, à l'émotion ou à la passion de celui que l'on désire persuader. Il s'agit bien de plaire avant tout, de deviner les opinions qu'il affectionne, de leur donner un air de raison pour mouvoir sa volonté. Autrement dit il faut et il suffit de trouver le coeur d'autrui à travers des raisons qu'il reconnaîtra comme siennes, à tort ou à raison.
il les fait penser comme il veut. :Il n'a que faire de la servitude par contrainte des corps, il les soumet sans quoi il ne pourrait compter, il compte sur leur soumission. Sa puissance porte sur les esprits: il leur fait croire (=> la religion ) .
Comme Dieu , il parle et ce qu'il dit entraîne immédiatement la conviction, c'est à dire la conformité de leurs pensées à ce qu'il veut qu'elles soient.
un morceau de papier est de l'argent:
faire croire : non seulement il a la puissance de convaincre mais il produit en eux la foi: ses guérisons sont des miracles.
Bien prendre ensemble pour saisir la circulation de la manipulation Le pape => le Roi => les sujets du roi . ( soit => =manipule) =Le pape manipule les sujets du roi.
De tout ce qui précède nous pouvons déduire:
1) Ce qui assure le passage de la servitude la soumission volontaire c'est tout d'abord la croyance qui consiste à affirmer plus que ce que l'on sait.=> Ce qui assure le passage de la croyance à la foi, c'est la volonté=> la soumission volontaire.
2) L'analyse eidétique (=qui recherche l'essence, ce que la chose est) dégage la magie qui consiste à présenter comme réalité incontestable ce qu n'est qu'une illusion.
Roi et pape sont sur la même ligne. La différence est la préséance: le pape est un plus grand magicien . En quoi?
Tout à fait logiquement Montesquieu en arrive au pape.
=> Post suivant