=> La difficulté vient de ce que vous devez lire la phrase d'un trait puisque le et vous invite à ne pas séparer les deux périodes.
Autrement dit = peut-on être sans avoir conscience d'être et (malgré cela), avoir conscience d'être sans savoir ce qu'on est.
Si je réponds non à la première période, on s'attend à ce que je sache au moins ce que je suis.
=> Première difficulté:
Si on signifie l'ensemble des hommes, la réponse semble être non. Par contre si on, désignait les choses, Hegel fait remarquer qu'on ne dira jamais: "cette marchandise existe chère" Mais on dira, "cette marchandise est chère".
Être désigne donc la réalité actuelle des choses qui nous entourent et qui n'ont pas conscience de soi ni de leur environnement; Le moi, le monde, autrui, ce n'est rien pour elles. Cette pierre ne sait pas qu'elle est pour celui qui la regarde. C'est comme si celui qui la regarde lui donnait l'être.
Voilà pourquoi il est toujours possible d'affirmer qu'on ne peut être , au sens plein, que par la conscience de soi dans la mesure où l'être n'est rien pour moi sans la conscience qui effectivement fait se déployer pour moi un horizon dans lequel les choses apparaissent, cet horizon disparaissant avec moi.
Berkeley écrivait dans "Les principes de la connaissance" I, 6: "Tous les êtres qui composent l'ordre du monde ne subsistent point hors de mon esprit."
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir