"Il nous vient des pensées involontaires en partie de dehors par les objets qui frappent nos sens, et en partie au-dedans à cause des impressions (souvent sensibles) qui restent des perceptions précédentes qui continuent leur action et qui se mêlent avec ce qui vient de nouveau. Nous sommes passifs à cet égard, et même quand on veille, des images (sous lesquelles je comprends non seulement les représentations de figures, mais encore celle des sons et d'autres qualités sensibles) nous viennent, comme dans les songes, sans être appelées.
La langue allemande les nomme fliegende Gedanken, comme qui dirait des pensées volantes, qui ne sont pas en notre pouvoir, et où il y a quelquefois bien des absurdités qui donnent des scrupules aux gens de bien et de l'exercice aux casuites et directeurs des consciences. C'est comme dans une lanterne magique qui fait naître des figures sur la muraille à mesure qu'on tourne quelque chose au-dedans. Mais notre esprit, s'apercevant de quelque image qui lui revient, peut dire: halte-là, et l'arrêter pour ainsi dire."


Leibniz.



= Il nous est arrivé d'avoir quelque honte d'une pensée qui est venue sans que nous l'ayons voulue ... Lorsque nous dormons, nous ne sommes pas étonnés: nous considérons que les pensées volent comme des fantômes évanescents et vont où elles veulent.
Mais dans l'état de veille, lorsque nous sommes bien réveillés, conscients et vigilants, en train de travailler par exemple, cela peut nous paraître scandaleux. D'où viennent ces images qui surgissent et nous choquent, soit parce qu'elles sont incongrues, soit parce qu'elles sont voluptueuses.
Cela nous amène à l'idée d'un inconscient.

Leibniz nous invite à reconnaître qu'il y a un continent bien mal connu, l'inconscient dont on ne voit que les effets de ce qui se déroule en nous, sans nous!
Rousseau écrira: "Les pensées viennent quand elles veulent" et Schopenhauer se voudra l'explorateur de ce continent mal connu.