IX



1) De la causalité

a) Qu'es acho?
Le soleil cause la photosynthèse....

- Le soleil n'est pas "une" cause mais un processus, un ensemble de phénomènes qui semblent organisés pour aboutir à une fin: la photosynthèse n'est pas "un" effet mais un ensemble de phénomènes organisés: ce n'est pas la cause de la vie mais une condition de la vie.

Comprendre que:

1- La soi-disant cause vient d'éclater: il y avait en réalité une synthèse immédiate, une multiplicité mal définie et confuse que la langue désignait pas un terme: le soleil.

La science, par l'abstraction, par théorie et expérimentation, isolera des éléments, et par analyse et synthèse justifiées reconstituera des processus: saisira un ordre et des rapports. A la cause comme synthèse première et provisoire, indistincte et confuse, la science substituera des enchaînements de succession déterminés dont elle pourra faire varier les effets.
A la notion vulgaire (= propre à la foule, à l'opinion) on préfèrera toujours le concept de processus antécédent qui détermine un autre processus en le précédant: rapport numérisable par une loi:
processus solaire => processus de la photosynthèse.

2- La cause est pensée, elle n'est jamais connue.
Ce que nous connaissons ce n'est pas la réalité mais des phénomènes reliés par des lois: la loi nous donne un rapport constant entre un antécédent et un conséquent.

Pleine d'impatience, refusant la contingence, l'opinion qui transforme ses besoins ou désirs en connaissance ne peut s'empêcher de prendre la loi pour un chemin vers le nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être, ce qui est fondé. Elle substitue alors à l'ordre de succession constante que lui donne la loi l'ordre nécessaire que lui donne la cause. A travers la loi qui numérise ce qui est contingent, l'opinion aimerait bien atteindre la sécurité de ce qui doit être, de ce qui est fondé, de ce qui est nécessaire: ce faisant, elle pense, fait de la métaphysique et confond le point de vue avec la réalité.
En fait, la formulation de relations constantes entre des phénomènes pour exacte qu'elle soit dans la détermination de leur succession, ne saurait mener à la mise à jour de causes.

On connaît des lois, on parle de causes que l'on déduit des lois de manière tout à fait injustifiée, par un pari hasardeux qui confond déterminisme des lois et nécessité des causes.
C'est que, inconsciemment, nous identifions le soleil à un dieu qui se lèvera toujours pour nous éclairer et nous réchauffer: un dieu qui sait tout (il est lumière) et qui aime (il est chaleur), sur qui on peut compter comme sur une cause qui "tiendrait" tous les paris que nous pouvons faire grâce à elle (la cause).

2) Hume
L'empirisme, pour qui l'expérience est la source de toutes nos impressions et idées, réduit la cause à la succession des phénomènes dans l'expérience: l'engendrement serait une croyance ajoutée par l'habitude: on ne voit jamais, on ne constate jamais le passage d'une cause dans un effet! Lorsque deux boules de billard se choquent je ne vois qu'une succession de mouvements. L'habitude finit par me faire croire à un enchaînement nécessaire. La cause est donc toujours pensée comme efficiente et antécédente, mais elle n'est jamais connue comme efficiente.