Optique 13 La friction (à la demande de Paul)
C'est un des concept le plus intéressant chez notre auteur. Il lui consacre tout un chapitre du Livre I (chapitre VII de l'édition Perrin Tempus.)
http://forum.philagora.net/showthread.php?t=42336 )
La friction: En physique la friction désigne une résistance à un mouvement relatif entre edux surfaces en contact. C'est donc un frottement .
Pensez à l'avion qui sort ses aéros-freins. Ou encore à une plume et une boule de pétanque qui tombent du haut d'une tour.
Chez Clausewitz le terme désigne la résistance à un mouvement: résistance que l'on ne trouve que dans la réalité et donc que dans l'expérience. La question est donc celle de l'application de l'essence aux phénomènes. Le problème est: comment appliquer des règles au particulier. Tout semble facile ...avant l'entreprise mais dans l'exercice , dans la réalisation on éprouve une perte d'énergie sans bien comprendre ce qui se passe.Cette perte d'énergie , seule l'expérience la révèle. En conséquence de quoi:tant qu'on n'a pas fait la guerre en personne ( est pas seulement dans sa chambre) , on ne comprend pas du tout en quoi consistent les difficultés, ni à quoi peuvent bien servir le génie et l'extraordinaire force d'esprit du commandant en chef! (pour un peu on dira que génie et force d'esprit sont superfétatoire, qu'un exécutant fidèle suffirait étant donné la justesse des calculs)
1)Les difficultés viennent de frictions qui apparaissent ondoyantes et multiples dans l'exercice de la guerre, et singulièrement dans le mouvement à accomplir dans un but déterminé.C'est le mouvement qui fait apparaître ce «*je ne sais quoi*», ce petit rien, ce petit détail qui rendait Socrate perplexe devant les évidences déductives des sophistes déroulées autour de lui.
Ce sont «*petits détails*» , certes mais «*innombrables*» qui par leur interaction enveloppent le mouvement et pourraient bien le faire succomber au hasard, au brouillard qui brouille et mêle des séries causales indépendantes.
L'écriture en chambre les ignore superbement car...ils sont absents.
Mais dans la réalité ce sont des entraves de l'action guerrière qui «*retiennent*»(ralentissent ou empêchent d'avancer ) ce qui a pour conséquence d'empêcher ou de ralentir l'action, de la retarder, et de la de la maintenir à distance du but fixé.
«*Détails petits*» mais innombrables comme un essaim sans ordre ni raison,qui joue le rôle d'un brouillard aveuglant, source de friction proportionnelle à la vitesse et à l'énergie de l'engagement.
2) Le Génie et l'extraordinaire force de caractère.
Le génie et l'extraordinaire force de caractère sont donc nécessaires devant ce qui n'est autre que la force des choses qui, si on n'y prend garde, mène là où on ne voulait pas aller...
Parrce que «*l'action militaire est un mouvement qui a lieu dans un milieu contraire*», résistant,, parce que ce milieu est comparable à un brouillard ,d'une multiplicité diverse et changeante , qui défie toute mesure et toute prévision,seul un génie peut embrasser le tout et les parties de ce brouillard,et dans un coup d'oeil saisir ce que c'est et le danger, pour avoir l'intuition de ce qu'il y a à faire.
Cela exige du commandant une force d' esprit extraordinaire, poussée à l'extrême pour ainsi dire.
A ceux qui demanderaient la différence essentielle entre «*la guerre réelle*» et «*la guerre sur le papier*» il faudra donc répondre: ce ne peut être que la friction.
L'auteur fait alors intervenir le hasard et insiste.
Un petit incident peut changer le cours des choses et le cours d'une bataille,ne serait-ce que parce qu'il introduit un déséquilibre entre deux forces qui se contenaient, qui s'équilibraient.
Tout retard des renforts ,en effet , risque de les retrouver seuls devant l'ennemi triomphant et les voilà rapidement décimés...C'est bien au gré du hasard que l'action va dériver à moins que le génie et la force d'esprit du commandant n'interviennent
Si la friction est partout au gré du hasard c'est quelle est partout avec la force de résistance , dans le brouillard qui aveugle, la pluie qui mouille la poudre du canon et ralentit le messager porteur d'une information capitale; la même pluie qui produit la boue et rend vains les efforts des cavaliers pour mener une charge ***8230;
Sans parler du vent contraire ou du vent qui,chassant un nuage, laisse le soleil éblouir une partie des combattants....
Comment ne pas conclure avec Clausewitz que «*la friction rend difficile ce qui semble facile*»?
Comprenons que seul un grand esprit peut jouer et se jouer de.