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Discussion: Verlaine Romances Ariettes oubliées Etudes I-- II -- IV-- V--- IX

  1. #11
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    Ariettes oubliées

    Le piano que baise une main frêle
    Luit dans le soir rose et gris vaguement,
    Tandis qu'avec un très léger bruit d'aile
    Un air bien vieux, bien faible et bien charmant
    Rôde discret, épeuré quasiment,
    Par le boudoir longtemps parfumé d'Elle.
    Cf Mallarmé: "A quoi bon la merveille de transposer un fait de nature
    en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole,
    cependant, si ce n'est pour qu'en émane, sans la gêne d'un proche
    ou concret rappel, la notion pure?" ...

    Le sensible -la fleur au calice "sus" (= bien connus), parce que vue et revue, reflète son modèle antérieur parce que éternel dans son impuissance même à réaliser l'Idée, son archétype.

    C'est donc ce rapport que la parole (le Dire) doit mettre en lumière.

    Le sensible par sa pauvreté, et sa proximité qui offusque l'esprit ne mérite, aux yeux de la foule, que le concept qui prend ensemble le sensible par le même mot, le même sens source d'un universel reportage. Aux yeux du poète, c'est un tremplin, une occasion de se souvenir, un "faire signe" vers la plénitude de l'idée à laquelle, par sa pauvreté même, il renvoie comme ce à quoi il aspire: ainsi la terre craquelée fait rêver à l'eau vive qui l'a jadis fécondée et dont elle témoigne.

    "Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calice sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets."

    Si le sensible n'est que le reflet, la copie, mieux vaut le modèle que la copie, l'Idée, absente de tous bouquets visibles en ce monde, parce que située dans un ciel antérieur.
    Notez toutes les réserves de Verlaine à ce platonisme
    Qu'est-ce que c'est que ce berceau soudain
    Qui lentement dorlote mon pauvre être?
    Que voudrais-tu de moi, doux Chant badin?
    Qu'as-tu voulu, fin refrain incertain
    Qui vas tantôt mourir vers la fenêtre
    Ouverte un peu sur le petit jardin?

    Notez l'apparition du moi
    Qu'il n'y ait pas de réponse à la question
    est-ce pour que le lecteur la fasse sienne?
    est ce une invitation à la prise de paroles?
    est-ce pour marquer la solitude du poète?
    est-ce pour marquer l'infini du désir et donc l'infini du malheur?

    «*Ce poète a essayé de reproduire avec ses vers les nuances qui font le modèle propre de la musique, tout l'indéterminé de la sensation et du sentiment...*» Paul Bourget Journal des débats Avril 1885

    Création de l'ambiance : l'atténuation:
    baise
    main frêle
    Luit
    rose et gris
    vaguement
    très léger bruit
    bien vieux
    bien faible
    discret
    quasiment
    fin refrain incertain
    mourir
    ouverte un peu
    petit
    Tout se fond et se confond à force d'atténuation

    Deuxième perspective: la parole du poète: interrogations
    berceau: métaphore (comparaison abrégée) rôle de soudain? Berceau soudain, harmonie (= union des contraires)
    Suggestion de la mère qui console? Sens de dorlote?
    Pauvre être suggestion?Le Chant de qui? Pourquoi doux? Pourquoi badin? Est-ce qu'on se serait joué de l'amour?
    La Femme et une femme : une main frêle, un boudoir... Le parfum d'un souvenir, associé au bruit d'aile d'un air bien vieux, bien faible va s'évanouir près de la fenêtre ouverteDu rêve à la réalité? Dans quelle mesure?
    Effet du passage du conditionnel au passé composé?

    Que représente l'ouverture finale? En quoi y-a-t-il fermeture?
    Vous pouvez aussi étudier la strucure en miroir (6/6)
    La citation de Borel n'est-elle pas drôle? (=> antiphrase:Sois joyeux importun, d'un clavecin sonore)
    Joyeux! => épeuré, discret...sonore.=> très léger, bien faible..! importun => bien charmant
    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #12
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    Ariettes oubliées IX

    L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
    Meurt comme de la fumée
    Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
    Se plaignent les tourterelles.

    Combien, ô voyageur, ce paysage blême
    Te mira blême toi-même,
    Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
    Tes espérances noyées!
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #13
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    Echo
    vers 5,6 et 1,2

    vers 7,8 et3,4
    L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
    Meurt comme de la fumée

    Combien, ô voyageur, ce paysage blême
    Te mira blême toi-même,
    Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
    Se plaignent les tourterelles.

    Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
    Tes espérances noyées!

    Voyageur blême => paysage blême ( miroir)

    reflète les voix des vers 3 et 4. Reflet : le sensible chez Platon, le reflet, l'image de la réalité: premier niveau d'être.
    En l'air= dans la réalité ( réelles) Même les tourterelles dont le bonheur est de roucouler se plaignent.
    Pleuraient: le sujet est inversé pour mettre en valeur le verbe.
    Noyées reflet de la noyade imaginaire du rossignol dans l'exergue.
    Tes Il se parle à lui_même, il pense.
    Espérances: Verlaine au vent mauvais attend tout d'une rencontre qui guérirait son désespoir...Un enfant à consoler?Oui tristesse devant l'échec.
    Un désastre.
    Une solitude qui reste solitude car elle demande trop au hasard des rencontres.
    «*Dis qu'as-tu fait*». Eh, oui il s'agissait de faire.
    Jeux de miroirs, dissolution, .
    La parole comme réflexion lyrique qui attend tout (et trop) d'autrui. Un début de pensée, mais Verlaine s'arrête toujours en chemin.
    C'est le même qui sait interroger et qui sait répondre... C'est toi qui le diras...(=> Platon)
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  4. #14
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    Bonjour hibou
    Merci!
    Ne pourrait-on pas dire que le malheur de Verlaine c'est de tout attendre d'autrui et , en même temps, rejeter tout ce qui est donné, s'arrêter comme tu l'as dis?
    Une parole désespérée qui engendre une suite d'actes inachevés?
    La parole chargée de "l'après" et fermée par lui? Nourrie d'une rhétorique masquée .
    Des chemins qui ne mênent nulle part et s'en enchantent

    Pardon si je délire.
    lilou la chatte

  5. #15
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    Au passage ces perspectives de Joseph m'ont permis de comprendre que Verlaine n'a pas oublié celle qu'il a fui, une femme.
    Dans ces conditions et si l'on considère sa passion pour deux prostituées on ne peut se référer à Verlaine comme un homosexuel.
    Il serait plutôt un bisexuel déchiré, nostalgique d'un avant harmonieux qui nous a tous concerné.
    Il fuit sa femme peut-être comme le dit Joseph comme on fuit l'aliénatiuon dans la monotonie du "popöte" , Rimbaud le fuit pour les mêmes raisons, préférant l'aventure, certains diront les aventures.
    ?

  6. #16
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    Bonjour à tous et bonnes fêtes
    En fait c'est mon point de vue
    Un peu comme on se construit en lisant et donc on choisit ses lectures, on ne choisit pas n'importe quoi;, on se choisit en choisissant, Verlaine se choisit en fuyant tout ce qui lui paraît synonyme d'aliénation: il fuit sa femme comme il fuira ce qui , à l'adolescence lui semblait être sa vocation.
    Enfin il se préférera à la poésie.
    Cela me semble cohérent
    Mais ce qui me paraît incohérent c'est une rupture à ce qui n'accompagne plus le poète parce que le poète a disparu:
    Reste à savoir comment ce qu'il fuit l'accompagne et commet la poésie ne semble pas l'accompagner
    Reste à savoir le jugement que porte Rimbaud sur sa jeunesse .
    Les lettres ne nous permettent pas de former autre chose que des élucubrations
    Le travail de celui qui cherchaità comprendre le grand poète s'arrête devant la liberté de celui qui a dit non, sans nous dire pourquoi
    Mais c'est peut être ce que beaucoup nous avons fait.
    Qu'en pensez-vous?
    Joseph
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  7. #17
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    En fait le thème du désastre ou de l'effondrement ma semble fondamental.
    Pourquoi l'être grimace-t-il?
    Notez que cela débouche très bien sur "le temps vivant".
    Nous en reparlerons en 2014
    Joseph
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  8. #18
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    Ce 14/06/2013
    Grand jeu d'été!


    Verlaine : 6839
    Platon : 6832


    Lequel vous parait le plus utile pour un prépas?
    Cliquez pour faire monter le score de celui que vous préférez
    De toutes façon c'est philagora qui va gagner
    Merci
    Joseph (l'auteur)
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