Cf Mallarmé: "A quoi bon la merveille de transposer un fait de nature
en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole,
cependant, si ce n'est pour qu'en émane, sans la gêne d'un proche
ou concret rappel, la notion pure?" ...
Le sensible -la fleur au calice "sus" (= bien connus), parce que vue et revue, reflète son modèle antérieur parce que éternel dans son impuissance même à réaliser l'Idée, son archétype.
C'est donc ce rapport que la parole (le Dire) doit mettre en lumière.
Le sensible par sa pauvreté, et sa proximité qui offusque l'esprit ne mérite, aux yeux de la foule, que le concept qui prend ensemble le sensible par le même mot, le même sens source d'un universel reportage. Aux yeux du poète, c'est un tremplin, une occasion de se souvenir, un "faire signe" vers la plénitude de l'idée à laquelle, par sa pauvreté même, il renvoie comme ce à quoi il aspire: ainsi la terre craquelée fait rêver à l'eau vive qui l'a jadis fécondée et dont elle témoigne.
"Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calice sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets."
Si le sensible n'est que le reflet, la copie, mieux vaut le modèle que la copie, l'Idée, absente de tous bouquets visibles en ce monde, parce que située dans un ciel antérieur.
Notez toutes les réserves de Verlaine à ce platonisme