Un petit rien, écrit avec une amie. La première partie est de moi, la seconde d'elle.

Ton regard, qui pétille ou qui cherche à cacher le trouble, mes yeux, eux, chantent l'emprise des tiens. Ton index sur ma bouche pour me faire taire est plutôt inefficace. À l'intérieur, c'est une arrivé en gare, chaotique. Sans collision, mais chaotique : quelques un, pressés, sont déjà debout, prêt à en découdre avec l'extérieur. Mais le combat est ici, maintenant. Nous sommes dehors, une ville inconnues, guettons les bruits. D'autres, préfèrent profiter de leur place assise, quelques secondes encore. Évidemment, il y a les indécis, qui se demandent, si oui ou non, débuter les hostilités est vraiment utile. Ils se mettent debout, mais ne prennent pas part au combat. Tu l'auras compris, ça bouillonne en moi, ça bouillonne chaud et froid. Pas tiède non, les températures sont extrêmes. Chaud et froid, alternativement. Tes mains gelées se glissent, s'égarent, froid sur froid, comme pour mieux m'épouser, froid sur chaud, comme pour mieux y laisser une marque. La mienne caresse ta joue, ton oreille, et suit ta danse, se perd dans tes cheveux. Les portes ne sont pas encore ouvertes, le train semble ne jamais s'arrêter. Je grelote, transpire. Tic Tac. Je sanglote… tu inspires. La foule hurle, râle. Encore quelques minutes. Nos hanches, qui se rencontrent, tes seins, fermes du froid que l'on partage, contre mon torse, nous n'avons pas encore déraillé, mais quelques secousses ont raison des mécontents. Nos lèvres, elles, sont à distance. Elles flottent, voltigent, numéro de cirque, plutôt acrobatique. Sans jamais se toucher, elles valsent. Rien qui ne calme la masse impatiente, déjà relevée. Mes yeux se taisent enfin, grignotés par les tiens, pétillants, gourmands. Ils s'assoupissent et n'aspirent qu'à s'allonger et faire corps avec tes envies.

Un souffle, qui s'approche. Tu as les yeux clos, et eux sont aveugles de ne pas savoir. Des sensations. Un souffle, tu frissonnes. J’ai envie que tu frissonnes. Est-ce de l’inquiétude ? L’attente. Le frisson de l’inconnu(e). Qui les aveugle et les rend muets. Tes yeux assoupis, les miens te dessinent à nouveau, te caressent tandis que mes doigts te frôlent. A peine un souffle. Une porte se serait-elle ouverte ? On entend au loin quelque chose qui s’agite. Aucune certitude encore, juste le bruit de l’agitation qui résonne. Tes lèvres que je dévorais tout à l’heure des yeux, m’inspirent. La foule s’est mise en mouvement, s’entrecroise, hésitante, elle se fait pressante. Des lèvres qui avancent et reculent, les tiennes, les miennes, se jouant les unes des autres, joueuses tour à tour. Les pressés et les inquiets soudain on disparu, on les entend encore. Remue-ménage, cris étouffés. Peut-être sont-ils sortis ? Qu’importe leur agitation assourdie à présent que mes yeux se sont fermés. Je savoure les quelques instants où nos souffles se cherchent. Le faire durer un peu. Attraper tes lèvres, enfin, attraper tes lèvres, te donner ce baiser qui me brûle. Partager l’ardeur, je ne sens plus le froid. Oui, non, tu as raison, cherchons-nous. Je te cherche. Des yeux, des mains, des lèvres, des mots aussi. Respirations. Je veux goûter encore tes lèvres, que tu me goûtes. Goûte-moi ! Me serrer contre toi, ta peau, en toucher le grain, la faire vibrer, m’imprégner de son odeur. Te parcourir, inventer nos pas, nos hésitations, mes idées et mes mains s’affolent. Sentir le poids de nos corps qui se rencontrent. M'abandonner enfin à tes lèvres, ta bouche, jouer avec la mienne, et mêler nos désirs.