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De Lucie 1:
"L’homme sauvage de Rousseau n’obéit qu’au principe inné de sa propre conservation et ne connaît ni le vice, ni la vertu. La société est par conséquent à l’origine de sa propre condamnation, en s’obligeant à des vertus que rien ne la prédispose à exercer. L’ignorance dans laquelle l’homme naturel se trouve par rapport à la morale réfute toute possibilité de fonder la société sur la nécessité, exprimée par Hobbes, d’échapper à une « guerre perpétuelle » entre les hommes qui rendrait l’état de nature insupportable. En effet, cette idée ne vaut qu’en ayant au préalable attribué à l’homme naturel un degré de développement des passions qu’il n’a pas atteint. L’homme naturel ne connaît que l’amour de soi, sentiment naturel qui le conduit à se préférer à son semblable dans la stricte mesure où cette préférence est utile à sa conservation, tandis que l’amour-propre, qui se développe avec la société, est une tendance qui pousse l’homme à se comparer aux autres, à se préférer à son semblable, dût-il en coûter la vie à ce dernier. L’homme sauvage se trouve donc dans un calme des passions tel qu’il ne peut pas éprouver de haine susceptible de déclencher une guerre perpétuelle avec ses semblables.
En outre, la guerre implique la robustesse de l’homme, mais aussi une situation de dépendance par rapport au semblable qu’il écrase. La seule dépendance possible étant la dépendance physique à l’état naturel, cette dépendance semble pour Rousseau absolument incompatible avec les idées de robustesse et d’amour de soi.
La bonté naturelle de l’homme, résultat de ce sentiment d’amour de soi modifié par la pitié, définie comme la répugnance innée à voir souffrir son semblable, exclut toute volonté de mal faire. Une telle volonté serait d’ailleurs impossible dans la mesure où la connaissance du bien et du mal implique la réflexion. La pitié subsiste encore chez l’homme social, humanisant une morale qui, sans elle, ne serait qu’une mécanique aveuglément destructrice de l’homme. C’est elle aussi qui se trouve à l’origine de ce que l’homme social a nommé la « vertu », car il y a peu du désir de suppression de la souffrance au désir de bonheur. La pitié subsiste nécessairement, car en tant que penchant naturel, nul ne peut être tenté de s’y soustraire, comme on désobéirait à une vertu en optant pour un vice. La pitié appartient à l’essence de l’homme. C’est parce qu’elle est combattue par des intérêts démesurés liés à l’amour-propre qu’elle est plus faible chez l’homme social. "
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