C'est comme si tu t'acharnais à baiser un mort.
Tu as,
Le souffle pris dans l'odeur de sa peau,
Cette chair chérie pétrie contre ta bouche
Et tes mains cherchent encore.
Tu t'es férocement entortillée contre sa poitrine
Et les paupières tordues, tes doigts vaporeux le lacèrent en vain.
Vous vous tenez tous les deux étranglés et c'est exquis. N'est-ce pas ?
Sous l'épiderme, les os d'airain te comprime à chaud,
Et ses reins furieux sont douloureux.
Le crâne sous vide, un air champêtre et de musc dans tes tempes
Tes poumons élèvent un frémissement poisseux:
Tout ton corps se déchire de langoureuses convulsions
De tes stigmates aveugles sèchent des pleurs sucrées
Tu as la carcasse lourde épinglée à cet autre corps étranger
Tandis que ton regard se dilue dans la lumière.
Un poison acide inverse le cours de ton sang,
Il est tendre de corrosion et tu t'abandonnes: poupée de chiffon,
Il humecte sa langue sur tes lèvres pourpres,
Morsure à la jugulaire.
De raideurs cadavériques,
Tes membres reposent tranquilles et angluleux.
Pourtant les yeux tournés vers l'intérieur,
Tu le cherche encore et crois
Rêver nos deux âmes enlacés
Quand il pare ton cou, tout grelottant et rompu,
de son haleine rubis,
Exhalant presque un mot d'amour,
Ou revenant de sa décharge,
A court d'arguments:
Une liqueur de cerise fendue dans sa gorge,
Dégoulinant et suantant de la sève,
d'Eve.

09 mai 2009