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Discussion: métaphysique d'aristote

  1. #1
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    September 2008
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    Par défaut métaphysique d'aristote

    que pouvez vous dire a propos de cette métaphysique?

  2. #2
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    Wink

    Que c'est très difficile à comprendre sans avoir étudié le reste.

  3. #3
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    September 2008
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    Par défaut Aristote

    La métaphysique d'Aristote traite de deux problèmes. D'abord, il y a recherche "des premiers principes et des premières causes". Pour Aristote, le principe, ce dont tout découle, c'est l'intellect, "la pensée qui se pense elle-même". C'est une réalité, une substance, indépendante de nous, Aristote le nomme aussi le dieu. Mais ce dieu n'a pas créé le monde, il ne l'aime pas, il ne le connaît même pas puisque toute son activité revient à se contempler lui-même. Il est une pure activité de pensée. Et pourtant, c'est lui qui met en mouvement le cosmos et nous-mêmes. Comment? Par le désir qu'il nous inspire. Nous aimons et désirons cette perfection. Nous désirons, toutes choses désirent lui ressembler le plus possible. C'est ce qui met tout être en mouvement, en activité.
    Le deuxième problème, c'est de comprendre ce qu'est "l'être en tant qu'être". C'est ce qu'on appelle aujourd'hui l'ontologie, la science de l'être. Aristote distingue des genres de l'être, des catégories. La substance, c'est ce qui demeure inchangé dans un être, c'est ce qui fait qu'il est ce qu'il est. On parle en ce sens de l'essence d'un être. Par exemple, l'homme est un animal, bipède et doué de parole ou de raison. A côté de cette catégorie fondamentale, il y a des accidents, c'est ce qui est changeant. Par exemple, je suis debout ou couché, malade ou en bonne santé, petit ou grand, etc.

    Cette métaphysique est très importante parce qu'elle a dégagé des distinctions qui sont toujours à l'oeuvre, même dans les classes de terminales. Elle a donné la forme de toute la philosophie médiévale. On ne peut pas lire et comprendre les philosophes si on ne la connaît pas au moins un peu. Même Husserl, un philosophe très novateur du XXème reprend certains termes propres à Aristote. Mais cette oeuvre d'Aristote n'est pas facile à lire. Elle est inabordable en terminale. D'ailleurs (hélas!), la métaphysique n'est pas au programme.

    Ai-je contenté votre curiosité? Aristote est un philosophe merveilleux. Il s'intéressait à tout, aussi bien à la métaphysique, "la science première" qu'aux êtres vivants, à leur estomac et à leurs rêves. Vous pouvez lire "L'Ethique à Nicomaque" qui cherche ce que c'est que le bonheur. Et, comme le dit Gilles Deleuze, vous connaîtrez une "joie étrange". C'est une étrange joie que la celle de la philosophie.

  4. #4
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    April 2006
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    Dans ton fondement (je parle bien entendu du cogito)
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    Ca se mérite. Il faut avoir une mémoire d'éléphant et l'esprit semblable à celui d'une calculatrice pour retenir et d'utiliser toutes les catégories existantes. Après, le reste est un jeu d'enfant.

  5. #5
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    April 2005
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    Pariiiis
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    La synthèse de Pteros est remarquable, et appelle quelques questions.

    Citation Posté par pteros43 Voir le message
    La métaphysique d'Aristote traite de deux problèmes. D'abord, il y a recherche "des premiers principes et des premières causes". Pour Aristote, le principe, ce dont tout découle, c'est l'intellect, "la pensée qui se pense elle-même". C'est une réalité, une substance, indépendante de nous, Aristote le nomme aussi le dieu. Mais ce dieu n'a pas créé le monde, il ne l'aime pas, il ne le connaît même pas puisque toute son activité revient à se contempler lui-même. Il est une pure activité de pensée. Et pourtant, c'est lui qui met en mouvement le cosmos et nous-mêmes. Comment? Par le désir qu'il nous inspire. Nous aimons et désirons cette perfection. Nous désirons, toutes choses désirent lui ressembler le plus possible. C'est ce qui met tout être en mouvement, en activité.
    Tout cela me semble juste. J'aimerai pourtant quelques explications: le "désir" dont nous parlons, c'est la cause finale - et non seulement la passion affective qui ne s'appliquerait qu'aux êtres sensibles. C'est ainsi que le Premier Moteur Immobile meut l'ensemble du cosmos, comme Aristote le prouve dans les Physiques.
    Or toute cause finale est au plus haut point connue: quand le général ordonne son armée (dans tous les sens du terme), il connaît la finalité la plus haute (tactique et stratégique) et il la transmet à ses inférieurs qui eux-mêmes l'interprètent pour mouvoir ceux dont ils sont responsables. Combien plus celui qui donne la finalité à tout le cosmos connaîtra-t-il les tenants et les aboutissants! Qu'il ne trouve son accomplissement qu'en lui-même, c'est évident: une finalité inférieure ne saurait le combler. Pourtant il me semble logique qu'il puisse aimer ce qu'il ordonne (non pas selon la passion, puisqu'il n'est pas mobile mais selon sa volonté), en tant que c'est lui-même qui en est la cause finale.

    Citation Posté par Showdown
    Il faut avoir une mémoire d'éléphant et l'esprit semblable à celui d'une calculatrice pour retenir et d'utiliser toutes les catégories existantes.
    Dix catégories, ce n'est pas si difficile que ça à retenir? Je ne pense pas que la difficulté soit mémorielle. Il s'agit plus de comprendre ce que ça recoupe (et c'est plus l'utilisation dont tu parles, en effet).
    Il est intéressant de creuser la cause des catégories. La première distinction est celle de la substance et des accidents, comme il a déjà été dit.

    Parmi les accidents, on peut distinguer les accidents inhérents à la chose (quantité, qualité, relation) des autres qui sont extrinsèques.
    La quantité repose d'abord sur la matière de la chose (c'est l'ordre des éléments matériels, qu'on peut mesurer par exemple). La qualité repose plus sur la forme, et la relation est l'accident dans la chose qui dépend d'une autre chose.

    Parmi les extrinsèques, on peut reconnaître :
    ce qui est basé sur la quantité : l'espace (lieu et position) et le temps;
    ce qui est basé sur la cause efficiente: la passion et l'action;
    l'accident qui est propre à l'homme, en raison de sa raison: l'avoir.

    Mais tout cela risque fort de ne rester que des formes vides tant qu'on a pas étudié les Physiques...

  6. #6
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    Je dirais que le plus important chez Aristote, c'est la recherche des principes propres par l'induction. Je ne crois pas qu'on en ai trouvé d'autres par la suite. Certains comme Gilson disent que la philosophie thomiste est une nouvelle philosophie, à cause de la métaphysique de l'esse je ne crois pas que c'est vrai. L'esse, chez st Thomas, n'est rien d'autre que la première modalité de l'acte (actus essendi). Or, la métaphysique, c'est la métaphysique de la substance (livre zéta), et la métaphysique de l'acte (livre théta), et là dessus, Aristote a déjà tout dit et de façon jamais été égalée !

    Il faut fair très attention avec les simplifications qu'on trouve sur internet, notamment sur la notion de substance. Pour info, il parait qu'Avicenne avait lu 50 fois le chapitre zéta de la métaphysique, et ce n'est même pas sûr qu'il l'ait compris...de même Heidegger, qui a dit que l'entelecheia était le sommet de toute la philosophie grecque, est malheurement passé à côté de l'acte energeia comme tel...

    Après, le livre lambda sur Dieu est un peu différent : on n'y parle plus de l'être comme tel, mais de l'être Premier et acte pur. C'est de la théologie naturelle et pas vraiment de la métaphysique. De toute façon, avant ds'aborder la métaphysique, il vaut largement mieux avoir lu le reste : éthique, philosophie de la nature, du vivant, logique (au moins les catégories)...la métaphysique parle de ce qu'est le bien tout comme l'éthique (l'acte du côté de la volonté), elle parle aussi de ce qu'est le vrai (l'acte du côté de ce qui est connaissable) comme en philosophie du vivant, mais de façon plus abstraite et verticale que dans ces disciplines, qu'il vaut mieux bien maîtriser au préalable ! De même, comment comprendre ce qu'est la puissance sans maitriser la philosophie de la nature et la distinction matière/forme (vu que la puissance est en quelque sorte une matière #dématérialisée#) ?

    Pour ceux qui veulent approfondir la philosophie aristotélicienne et thomiste, je conseille les cours suivants : http://docteurangelique.free.fr/fich...tjeanaudio.php C'est de l'aristotélisme mis au goût du jour, avec la pensée moderne.

    Et toutes les oeuvres d'Aristote sont par ailleurs téléchargeables gratuitement ici : http://docteurangelique.free.fr/

  7. #7
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    Par défaut

    A Scoop : la substance d'Aristote en logique (celle des catégories) n'est pas tout à fait la même que celle qui est découverte en métaphysique. Dans les Catégories on parle de substance première (le sujet) et de substance seconde (ou nature, ou quiddité). Or la substance principe, n'est ni sujet comme telle, car elle est source des déterminations (et le sujet est en pussances à ces déterminations), ni quiddité. Mais elle est source des substances première et seconde.

    Il ne faut pas oublier qu'Aristote est un philosophe à l'esprit très analogique. Il est intelligent et capable de parler de la même chose, envisagé sous plusieurs angles très différents. Tout dépend de la raison formelle sous lequel on étudie l'objet : on ne dit pas la même chose de l'homme en éthique (l'homme capable d'aimer), en politique (l'homme en tant qu'il vit en société), en philo de l'art (l'hpmme en tant qu'il est capable de transformer le monde qui l'entoure), en physique (l'homme comme mû faisant partie de la nature), en philo du vivant (l'homme comme être capable de se mouvoir), en métaphysique (en tant qu'être), et en théologie naturelle (en tant qu'il dépend d'un être premier).

    Bref, l'analyse aristotélicienne est un exercice très différent de la méthode dialectique moderne...

  8. #8
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    Par défaut L'amour qui meut le soleil et les autres étoiles

    Merci Scop pour votre appréciation flatteuse. En effet, la question que vous posez est bien intéressante. L'amour du principe pour les étants? Mais cet intellect se pense lui-même, c'est-à-dire les idées. Il ne pense pas ce qui est de l'ordre du devenir. La question reste à creuser.
    Le vers que je cite clôt la "Divine comédie" de Dante. Mais le christianisme est passé par là. ce qui change tout.
    Si le désir met en mouvement, on ne voit pas bien comment le premier principe, qui est immobile, pourrait désirer quoi que ce soit. D'autant plus que ce désir est interprété en terme de mimesis, d'imitation. On voit mal alors le modèle s'imiter lui-même.
    Je relis "La recherche du principe chez Platon, Aristote et Plotin", excellent ouvrage de mon directeur de mémoire, Sylvain Roux (chez Vrin). Il développe un certain nombre d'apories dans la théorie d'Aristote. Mais ces lignes confirment la thèse d'un principe indifférent à ce qui est dépendant de lui.
    "Le dieu ignore l'existence du monde et n'en fait jamais la fin d'une pensée ou d'une action: il est principe mais sans le vouloir et sans le savoir, en quelque sorte malgré lui."
    Le rattachement au principe pose problème "d'un côté, la causalité finale préserve la transcendance du principe--puisque, par elle, il n'agit pas directement sur le monde mais par le désir qu'il suscite, et puisque, n'étant pas en contact avec lui, il lui reste extérieur--, d'un autre, cette causalité ne peut concerner qu'une faible partie de la réalité et laisse impensée et impensable la finalité naturelle selon laquelle les choses, en se portant vers leur fin imitent un terme divin." En effet, si la causalité retenue se réduit à la causalité finale, et que les êtres naturels ne peuvent se porter vers le principe que par un désir rationnel, on ne comprend pas que les vivants autres que les hommes et les astres se meuvent vers l'intelligible. Il faudrait alors que le principe soit aussi cause efficiente (d'une tendance chez tous les êtres à se porter vers lui). Il y aurait là un amour possible du principe pour le monde, mais cette thèse n'est pas soutenable dans la théorie aristotélicienne. Il y a là aporie, semble-t-il.
    Autre aporie, si ce désir cessait, le principe ne serait plus principe. Mais comment le principe peut-il avoir besoin de ce dont il est principe? dans ce cas, il n'est plus principe.
    Beaucoup de questions, difficiles à traiter sans un long travail sur les textes mêmes. On peut consulter aussi "La question de Dieu selon Aristote et Hegel" de Aubenque, P.U.F, pp.259-283.
    Et retenir que c'est au moment où un système fait problème qu'il devient passionnant. Bon courage aux explorateurs!

  9. #9
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    October 2008
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    4

    Par défaut texte d'Aristote

    Je merci tous les participants à cette dicussion!Aristote est un auteur très intéressant.Il est à la lettre le précurseur de la science et de la technique.Merci!

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