Arendt... pardonner et promettre
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"Si nous n'étions pardonnés, délivrés des conséquences de ce que nous avons fait, notre capacité d'agir serait comme enferméé dans un acte unique dont nous ne pourrions jamais nous relever; pareils à l'apprenti sorcier qui, faute de formule magique, ne pouvait briser le cahrme. Si nous n'étions liés par des promesses, nous serions incapable de conserver nos identités; nous serions condamnés à errer sans force et sans but, chacun dans les ténèbres de son coeur solitaire, pris dans les équivoques et les contradictions de ce coeur- répand sur le domaine public la présence des autres, qui confirment l'identité de l'homme qui promet et de l'homme qui accomplit. Les deux facultés dépendent donc de la pluralité, de la présence et de l'action d'autrui, car nul ne peut se pardonner à soi-même, nul ne se sent lié par une promesse qu'il n'a faite qu'a soi; pardon et promesse dans la solitude ou l'isolement demeurent irréels et ne peuvent avoir d'autre sens que celui d'un rôle que l'on joue pour soi.
Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir