Bonjour à tous,

je suis en train de lire l'essai de Derrida "La loi du genre" sur La folie du jour de Maurice Blanchot et j'ai des difficultés à comprendre un paragraphe crucial que je me permet de citer ici:

Considérons le concept le plus général de genre, dans le
trait minimal qui le constitue en permanence à travers toute
la variété de ses types et tous les régimes de son histoire : il
se fend et se défend de toute son énergie contre une opposition
simple et survenue de la nature et de l'histoire, comme de la
nature et de tous ses autres (tekhnè, nomos, thesis, puis esprit,
société, liberté, histoire, etc.). Entre la physis et ses autres, le
genos situe certainement l'un des lieux privilégiés du procès et
y concentre à n'en pas douter la plus grande obscurité. On
n'a pas besoin de mobiliser l'étymologie pour cela et on peut
aussi bien entendre genos comme naissance, et naissance autant
comme puissance généreuse de l'engendrement ou de la génération
- physis précisément - que comme race, appartenance
familiale, selon la généalogie classificatoire ou la classe, la classe
d'âge (génération) ou la classe sociale. Rien d'étonnant à ce
que, dans la nature et dans l'art, le genre, concept par essence
classificatoire et généalogico-taxinomique, engendre lui-même
tant de vertiges classificatoires quand il s'agit de le classer luimême
et de situer, dans un ensemble, le principe ou l'instrument
classificatoire. Comme la classe elle-même, le principe
du genre est inclassable, il sonne le glas du glas, autrement
dit du classicum, de ce qui permet d'appeler (calare) les ordres
et de ranger les multiplicités dans une nomenclature. Genos indique donc le lieu, le moment ou jamais de la méditation
la plus nécessaire sur le « pli » - qui n'est pas plus historique
que naturel au sens classique de ces deux termes - qui rapporte le
phuein à lui-même. Le phuein se rapporte à lui-même à
travers des autres qui ne lui reviennent peut-être plus selon la
logique décidante, critique, oppositionnelle, voire dialectique
qui aura fait époque mais selon le trait d'un tout autre contrat.
En droit, cette méditation est un préalable absolu sans lequel
une mise en perspective historique aura toujours du mal à se
légitimer.
(Derrida, Parages, p. 258-9)

Je ne sais pas vraiment quelle question poser à ce sujet, j'ai vraiment du mal à comprendre ce qui est en jeu ici. Il me semble que Derrida essaie de penser ,par la notion de pli et de genre, quelque chose qui n'est ni génèse ni classification. Mais pourquoi parle-t-il du phuein qui "se rapporte à lui même", pourquoi "En droit, cette méditation est un préalable absolu sans lequel
une mise en perspective historique aura toujours du mal à se
légitimer"?

Si vous pouvez comprendre ceci, ça serait super sympa de me donner ne serait-ce qu'un indice
Merci!