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Discussion: La notion de "pli" chez Derrida

  1. #1
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    September 2008
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    Par défaut La notion de "pli" chez Derrida

    Bonjour à tous,

    je suis en train de lire l'essai de Derrida "La loi du genre" sur La folie du jour de Maurice Blanchot et j'ai des difficultés à comprendre un paragraphe crucial que je me permet de citer ici:

    Considérons le concept le plus général de genre, dans le
    trait minimal qui le constitue en permanence à travers toute
    la variété de ses types et tous les régimes de son histoire : il
    se fend et se défend de toute son énergie contre une opposition
    simple et survenue de la nature et de l'histoire, comme de la
    nature et de tous ses autres (tekhnè, nomos, thesis, puis esprit,
    société, liberté, histoire, etc.). Entre la physis et ses autres, le
    genos situe certainement l'un des lieux privilégiés du procès et
    y concentre à n'en pas douter la plus grande obscurité. On
    n'a pas besoin de mobiliser l'étymologie pour cela et on peut
    aussi bien entendre genos comme naissance, et naissance autant
    comme puissance généreuse de l'engendrement ou de la génération
    - physis précisément - que comme race, appartenance
    familiale, selon la généalogie classificatoire ou la classe, la classe
    d'âge (génération) ou la classe sociale. Rien d'étonnant à ce
    que, dans la nature et dans l'art, le genre, concept par essence
    classificatoire et généalogico-taxinomique, engendre lui-même
    tant de vertiges classificatoires quand il s'agit de le classer luimême
    et de situer, dans un ensemble, le principe ou l'instrument
    classificatoire. Comme la classe elle-même, le principe
    du genre est inclassable, il sonne le glas du glas, autrement
    dit du classicum, de ce qui permet d'appeler (calare) les ordres
    et de ranger les multiplicités dans une nomenclature. Genos indique donc le lieu, le moment ou jamais de la méditation
    la plus nécessaire sur le « pli » - qui n'est pas plus historique
    que naturel au sens classique de ces deux termes - qui rapporte le
    phuein à lui-même. Le phuein se rapporte à lui-même à
    travers des autres qui ne lui reviennent peut-être plus selon la
    logique décidante, critique, oppositionnelle, voire dialectique
    qui aura fait époque mais selon le trait d'un tout autre contrat.
    En droit, cette méditation est un préalable absolu sans lequel
    une mise en perspective historique aura toujours du mal à se
    légitimer.
    (Derrida, Parages, p. 258-9)

    Je ne sais pas vraiment quelle question poser à ce sujet, j'ai vraiment du mal à comprendre ce qui est en jeu ici. Il me semble que Derrida essaie de penser ,par la notion de pli et de genre, quelque chose qui n'est ni génèse ni classification. Mais pourquoi parle-t-il du phuein qui "se rapporte à lui même", pourquoi "En droit, cette méditation est un préalable absolu sans lequel
    une mise en perspective historique aura toujours du mal à se
    légitimer"?

    Si vous pouvez comprendre ceci, ça serait super sympa de me donner ne serait-ce qu'un indice
    Merci!

  2. #2
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    Par défaut

    Bonjour
    Voici ce qui me semble être deux clés pour approcher ce texte: Nietzsche et Mallarmé
    1) Nietzsche: pour faire bref il procède à la destruction des concepts et ouvre donc la voie à une prolifération d'interprétations qu'aucun concept ne saurait arraisonner...
    2) Mallarmé: apparition fréquente du concept pli: le concept prend ensemble des thèmes (hymen... ) et s'insère dans une totalité de sens qui est vérité. Totalité fermée, clos qui permet d'enfermer, et qui autorise une dialectique ( de la totalité). Pour Mallarmé le pli est inséparable du lieu et du temps et donc du sujet situé dans l'ici et le maintenant, "situé". Les rapports forme et rythme (harmonie et musique): Le discours est facteur d'individuation et les rapports sont donc des rapports d'implication.
    Cela vous aide-t-il?
    A suivre: le projet de Derrida dans votre texte
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #3
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    Par défaut Le projet de Derrida

    Le projet de Derrida dans votre texte: déconstruire le pli
    Déconstruire le pli: mettre en question le concept de pli en montrant que qu'il disperse plus qu'il ne rassemble, ce n'est donc pas un concept . Il s'agit de récuser l'emploi du concept qui voudrait déplier la métaphore poétique, ( Mallarmé est un cérébral) tout en rendant justice au concept qui effectivement rassemble des thèmes ( le blanc, l'azur....) mais sur un fond de polysémie défiant l'entendement : se bousculant dans l'inclassable et le contradictoire que veut masquer le rationnel qui marque tout ce qui ne lui est pas conforme du terme de "fous". Quoi, ce sont des fous,( Descartes) il faut les enfermer .
    L'ambition de rassembler serait donc pour l'auteur fruit d'un aveuglement au point qu'il faudrait abandonner le projet de constituer une totalité qui serait vérité.Il y a toujours autre chose en dehors de ce qu'on croit être totalité, de ce qu'on croit être vérité.
    D'ou les ver tiges de ceux qui sentent vaciller le socle des concepts et pressentent les Abymes , les multiplicités irréductibles,de ce qui ne peut être classé.
    En conclusion: Il est impossible "de ranger les multiplicités dans une nomenclature" totalisante.
    Comment classer le concept "genre"?
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  4. #4
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    Par défaut

    Partons de la conclusion:

    Posons que le pli, prend ensemble( = cum capere ) ,tout ce qui revient sur soi-même , pensons au pli d'une peau, ou à l'hymen. Le pli peut recueillir et assimiler une altérité, ce qui interdit de l'assimiler à un pur concept qui aurait une règle opératoire, qui déciderait de ce qui est selon une rationalité conquérante, ce qui permettrait d'arraisonner. La multiplicité récuse l'unité.

    Si on scrute la dernière partie du texte, Derrida, pour faire clair, nous parle d'une " méditation nécessaire" avec pour objet le pli, comme préalable: c'est à dire sur la manière dont le "phuein", l'acte de la nature ( phusis) se rapporte à lui-même,: dans cette "méditation ( = réflexion qui approfondit longuement un sujet) sur la manière dont le pli "phuein" revient sur lui-même, il apparaît que , incontestablement , ce rapport instauré par ce retour n'a rien à voir avec une idée claire et distincte, ne relève donc pas de la logique, mais d'un élément caractéristique ( les multiplicités) , d'une relation constituante ( contrat) autre, par exemple que celle que Mallarmé conçoit, et que le concept prescrit. Celle méditation se développe donc (a pour lieu et moment) l'objet: le pli du phuein, qu n'est ni historique ni naturel, comme un acte humain n'est ni naturel ni culturel. On se trouve donc devant une réalité qui défie tous les effort de distinction de la logique conceptuelle = impossible d'enfermer chacun dans sa différence: l'homme qui pense et le fou. Je est autre. L'altérité est constitutive du moi. L'importance de cette méditation est qu'elle seule permet de ne pas être aveuglé par la logique triomphante et conceptuelle.

    On comprend pourquoi le début du texte part d'un examen du " genre" et des prétentions de ce concept à classifier ce qui est en dehors et rebelle à toute classification, ce qui est disséminé. Ce qui sera établi du plus général vaudra pour le reste.
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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