Mais est-ce que le terme d'"âme" est apparu pour apporter une réponse ? Un nom tout seul n'affirme rien, ne répond à rien.
Est-ce alors une certaine représentation de l'homme qui n'est plus acceptable aujourd'hui, celle qui le divise (le divisait) en une âme et un corps ?
Qu'est-ce qui fait problème avec cette image ? Car en même temps, cette façon de se penser à une (fâcheuse ?) tendance à revenir et les discussions sur l'âme ne tarissent guère dans les forums de philosophie. Comme s'il était difficile de s'en passer.
Bien évidemment, le fait que cette image d'une âme et d'un corps revienne irrésistiblement ne constitue pas un argument pour en prouver la validité : mais au moins doit-on reconnaître qu'elle nous est particulièrement parlante, qu'elle offre à notre réflexion un point d'appui qui semble à première vue fidèle à notre expérience intime, elle se présente avec les caractères, sinon d'une validité, mais du moins d'une légitimité universelle.
Qu'est-ce qui fait problème aujourd'hui avec cette représentation ? Pourquoi n'ose-t-on plus employer le mot "âme" ? Est-ce parce qu'il appartenait au vocabulaire religieux et que la philosophie ne veut plus avoir affaire avec la religion ? A-t-on gagné au change en parlant du cerveau, et si oui, qu'y a-t-on gagné ? Qu'y a-t-on perdu ? Connaissez-vous l'histoire de cette rupture ? Quelle nécessité épistémologique nous a conduits là ?
En arrière-plan de mes questions, il y a celle-ci : résorber la vie morale dans les neurosciences, ou plus généralement faire la chasse au champ lexical de la transcendance hypostasiée : âme, raison, dieu, esprit, relation... en quoi est-ce un progrès ? En quoi est-ce nécessaire ?