Le dévoleppement de Claude de Borto sur la métamatière est une parodie grossière de tout plein de thèses dualistes concernant deux substances qui définiraient le réel: la substance étendue et la substance pensante (chez Descartes), ou les attributs spinoziens de la Nature que sont la pensée et l'étendue, pour ne citer que ces deux auteurs.
Bien que je respecte et admire l'oeuvre de ces auteurs, j'ai du mal à imaginer comment on peut concevoir l'existence de la pensée comme substance, d'imaginer qu'il existe, hors de l'ispéité spatio-temporelle, un substrat spirituel de l'existence, qui serait le support d'étants spirituels avec leur singularité propre; et, plus louche encore, comment on peut concevoir que ces "êtres", qui ne sont absolument pas de la même nature, puisse co-exister et interragir. Ce serait faire un grand retour à la glande pinéale de Descartes et à la théorie des esprits animaux.
Descartes et Spinoza ont pour mérite de fonder leur thèse sur une véritable épistémologie de la connaissance, en commençant par interroger les conditions et les possibilités des procédés et des objets de la connaissance, et ainsi de fournir à l'exposé de leur ontologie une base logique, nécessaire pour rendre cette ontologie cohérente et légitime (si Spinoza avait dit simplement que Dieu était à la fois Nature naturante et naturée, sans chercher d'abord à décrire comment cela est concevable par l'entendement, il aurait eu autant de crédit que moi quand je dis que ma grand mère aime les claquettes).
Claude de Borto ne fait qu'affirmer un état de fait, apparement complètement intuitif, une découverte qui ne ferait pas partie du champ de l'expérience, une connaissance ni a priori, ni a posteriori, qu'il aurait spontanément, on ne sait comment, et de manière totalement incohérente.
Cet univers spirituel aurait une structure, la métamatière, qui existerait en symbiose parfaite avec l'univers matériel. Mais la métamatière aurait quand même une propriété transcendante, à travers l'existence des êtres humains.
L'absurdité logique, le paralogisme ou la contradiction ne font donc apparement pas partie de l'univers de la "recherche en croyance", puisqu'on en trouve à chaque coin de phrase sans que cela semble gêner la progression totale.
Parlons d'ailleurs de cette histoire de "croyance". Voici la définition qu'en fait Kant dans la critique de la raison pure. C'est, si je me souviens bien, dans la "logique transcendantale": "lorsque l'assentiment n'est suffisant qu'au point de vue subjectif, et qu'il est tenu pour insuffisant au point de vue objectif, on l'appelle croyance".
Un "chercheur en croyance", serait soit psychologue, soit un très bon rétheur (ou les deux), soit un disciple de la "physique expériementale de l'âme" introduite par Locke et qui a eu des retombées fondamentales sur l'anthropologie humienne et sa généalogie de la croyance et de la fiction.
Claude de Borto n'est aucun de ceux-là. Il n'est pas non plus Descartes ou Spinoza. Il ne sait pas conjuguer ses verbes, il emploie des mots qui sonnent bien mais qui ne correspondent pas au contexte de ce qu'il expose (la "métamatière" serait la structure de l'univers spirituel, un genre de substance, qui n'aurait pourtant aucune des propriétés de la substance), il impose dogmatiquement des vérités sans en expliquer le contexte logique. Il crée une espèce de description catégoriale du monde empunte de psychologisme et d'ontologie mystique sans aucun fondement.
Il ne s'agit pas de vouloir exposer les thèses de Claude de Borto aux critères d'une espèce de jury académique. Il s'agit d'essayer d'en trouver les fondements, les soubassements qui lui puissent lui conférer une légitimité et une consistance logique. Mais il n'y a rien de tout cela. Seulement une espèce de néo-néo-platonisme new age, teinté de christiannisme, avec, même, la mise en place dogmatique d'un système de récompense: la vie éternelle de l'humain spirituel et intelligent dépendrait de la conduite de son partenaire humain matériel et instinctif. Je vous en livre un extrait, c'est goûtu, mais creux, vide et fragile comme une meringue:
"Après la mort de son corps matériel, l'humain se voit vivre dans la vie de son esprit. C'est le début d'un avenir spirituel éternel. L'humain a tout intérêt à orienter, pendant sa vie matérielle, son comportement quotidient de façon à donner naissance à un esprit viable. Il peut facilement le faire. Il peut facilement influencer la qualité de la gestation et de la naissance de son esprit en adaptant son comportement. Après la mort du corps matériel, il n'est plus possible d'agir. Ce n'est plus sa vie, c'est la vie de l'esprit. C'est l'esprit qui maîtrise sa vie. L'humain en est seulement l'hôte pour l'éternité. Il n'a plus aucun pouvoir sur la vie de son hôte. Il subira ou jouira des états situés entre les angoisses infernales et les bonheurs métaphysiques, sans rien arbitrer."
Claude de Bortoli, J'ai découvert un nouveau monde: l'univers spirituel
, à ne pas lire chez vadeker . club . fr
ça ressemble aux délires d'Aakhor, moins la finesse.
C'est ma deuxième intervention snob cette semaine. Faudrait que j'aille consulter moi.