La décadence de notre société n'est plus à prouver. Comme l'ont dit Garrisondicks, Nielsen et d'autres, il y a effectivement de quoi s'arracher les cheveux quand on se rend compte de la désinculture dont font preuve les masses. Cruelle ironie du sort : nous sommes dans une société de surinformation, et pourtant... plus on nous submerge d'informations, moins nous sommes informés ou cultivés !
Histoire de ne pas répéter ce qui a déjà été dit, je serais synthétique sur ce point.
La décadence de la société occidentale se fait sur un plan culturel. C'est la désinculturation totale, la dissolution de la culture dans la consommation, la fameuse défaite de la pensée dont parlait Finkielkraut. Cette dissolution est lourde de conséquences :
- Les egos démesurés. Chaque jour, la publicité et les programmes télés viennent nous dire combien nous sommes beaux, intelligents, et combien nous méritons d'avoir une vie gentiment réglée comme celle des héros de sitcoms. L'individualisme est devenu un égoïsme sans fin, où chacun "court après mille choses superficielles" comme disait Tocqueville (je cite de mémoire).
- Pour se donner bonne conscience, les gens n'hésitent pas à adhérer à telles ou telles valeurs morales (ou du moins ce qu'ils considèrent comme telles). Comme ça, ils pourront se congratuler de leur défense du beau et du bien, et s'en retourneront regarder Star Academy. Ce n'est pas pour rien que la diabolisation ou les jugements à l'emporte-pièce marchent si bien ! La consommation a tout pourri, y compris les valeurs, qu'elles soient morales ou d'honneur. Aujourd'hui, les valeurs sont des consommables, comme le concentré de tomate. Et les consciences se soulagent comme des ventres.
- L'instantanéisme. De nos jours, tout le monde doit avoir accès à tout, tout de suite, et sait tout de suite ce qu'il veut. Si les désirs (superficiels et inutiles, évidemment) ne peuvent pas être satisfaits dans la seconde, gare aux crises de nerfs ! La multiplication des micro-trottoirs, des réactions en live et des commentaires-webcam en atteste. Ce genre de choses pousse les gens à tout décider à l'instant, y compris pour trancher sur des sujets importants comme la politique ou les valeurs. Du coup, on ne sait plus être patient, ni être suffisamment rigoureux pour passer un temps fou à construire quelque chose pour soi (et non par obligation). Les efforts librement consentis, marque des âmes fortes, disparaissent. Sauf quand il s'agit de gagner du pognon pour s'acheter un écran plasma. Travailler plus pour gagner plus, c'est cool. Ou alors, travailler plus pour gagner moins, c'est encore mieux, on a plus de temps pour consommer.

Il est intéressant de comparer la situation de la Rome antique, juste avant son écroulement, à l'Occident d'aujourd'hui. Les deux ont beaucoup d'éléments en commun. L'individualisme démesuré, l'économie qui contrôle le politique, l'absence de valeurs (à part la morale à deux sous qui donne des prétextes pour se plaindre), la submersion démographique, tout y est !

2500 ans d'Histoire pour en arriver là, ça donne un peu les boules, surtout quand on est en bout de chaîne et qu'on grandit dans une société en plein déclin.
Mais quand ça pètera, on n'est pas sûr que l'Europe s'en sorte. L'avenir nous le dira.